Désordres de grandeur

Les Français·es émettent encore dix tonnes de CO2 par an, cinq fois trop pour le climat

Alourdie par la voiture, la consommation de viande et le chauffage des logements, l'empreinte carbone annuelle des Français·es a atteint 9,9 tonnes de CO2 en 2019, selon une nouvelle estimation.
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Pub­liées fin 2021, les dernières don­nées du min­istère de la tran­si­tion écologique indiquent que l’empreinte car­bone par habitant·e – qui inclut les émis­sions liées aux impor­ta­tions con­traire­ment au « bilan car­bone » — s’est établie à 9 tonnes de CO2-équiv­a­lent en 2019.

Mais ce chiffre omet la « déforesta­tion importée » — les émis­sions liées à la destruc­tion de forêts — ain­si que cer­tains gaz à effet de serre (HFC, PFC et SF6) et les traînées de con­den­sa­tion des avions, selon le cab­i­net d’ingénieurs Car­bone 4. Mer­cre­di, par l’in­ter­mé­di­aire de sa plate­forme MyCO2, ce dernier a présen­té sa pro­pre esti­ma­tion, qui atteint 9,9 tonnes par per­son­ne et par an.

© MyCO2

Les auteur·rice·s ont dis­tin­gué les émis­sions par activ­ité : trans­ports, ali­men­ta­tion, loge­ment, achat de biens et ser­vices, et ser­vices publics. Il appa­raît que les trans­ports sont, de loin, le pre­mier poste d’émis­sions, avec la voiture à leur tête : en moyenne, un·e Français·e émet plus de deux tonnes de CO2 par an avec sa seule auto­mo­bile. Or, deux tonnes cor­re­spon­dent pré­cisé­ment à la total­ité de ce qu’un indi­vidu pour­ra émet­tre afin d’at­tein­dre la neu­tral­ité car­bone, soit l’équili­bre entre rejets et absorp­tion de CO2. C’est ce que rap­pelle la stratégie nationale bas-car­bone, la feuille de route cli­ma­tique de la France vers 2050. Les déplace­ments en avion génèrent plus de 400 kg de CO2.

Autre immense source d’émis­sions : la con­som­ma­tion de viande (920kg de CO2 par per­son­ne et par an), mais aus­si les bois­sons (410kg) et les autres pro­duits ani­maux, comme le lait et les œufs (390kg). Le pas­sage à une ali­men­ta­tion plus végé­tale est l’un des actes indi­vidu­els aux effets les plus béné­fiques pour le cli­mat.

Le chauffage au gaz et au fioul émet, quant à lui près de 1 200kg de CO2. L’oc­ca­sion de rap­pel­er l’im­por­tance de rénover large­ment les loge­ments français pour réduire la con­som­ma­tion – une mesure écologique et de jus­tice sociale. Les émis­sions liées à l’élec­tric­ité sont très réduites, en rai­son d’une pro­duc­tion nationale large­ment décar­bonée, du fait du nucléaire.

Portée par le recours mas­sif au béton, très pol­lu­ant, la con­struc­tion génère quelque 400kg par an. Enfin, les ser­vices publics (admin­is­tra­tion et défense, école, san­té et infra­struc­tures), ajoutent près d’une tonne et demi sur la bal­ance.

Mobil­ités, agri­cul­ture, habi­ta­tions, con­som­ma­tion ; cet impor­tant tra­vail de visu­al­i­sa­tion per­met de se fig­ur­er les prin­ci­paux leviers de réduc­tion de nos émis­sions, qui devront être divisées par cinq pour attein­dre l’ob­jec­tif de deux tonnes en 2050. Léger motif d’e­spoir : une précé­dente esti­ma­tion du Con­seil économique, social et envi­ron­nemen­tal chiffrait l’empreinte car­bone des Français·es à 11,2 tonnes en 2017, con­tre 11,8 en 2005.

Pour per­me­t­tre à cha­cun de pren­dre con­science de son empreinte car­bone, l’A­gence de la tran­si­tion écologique (Ademe) a mis au point ce sim­u­la­teur.