Les associations écolos, des repaires de séparatistes ?

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Lutte alar­mée. Votée mar­di par les député•e•s, la loi con­tre le « séparatisme » veut met­tre au pas les asso­ci­a­tions — dont celles qui défend­ent l’en­vi­ron­nement.

Adop­té avec une con­fort­able majorité à l’Assem­blée nationale, le pro­jet de loi pour « con­forter le respect des principes répub­li­cains » est désor­mais atten­du au Sénat, où il sera dis­cuté à par­tir du 30 mars. Présen­té comme une réponse de l’exé­cu­tif à « l’OPA islamiste » qui nous men­ace, le texte ratisse large, comme en témoigne son intriguant chapitre con­sacré au con­trôle des asso­ci­a­tions.

L’ar­ti­cle 6 prévoit notam­ment que celles-ci devront sign­er un « con­trat d’engagement répub­li­cain » avec l’État pour con­tin­uer de recevoir leur agré­ment ou des sub­ven­tions. Celles-ci devront par exem­ple s’en­gager à faire respecter l’é­gal­ité femme-homme ou la lutte con­tre le racisme mais aus­si à ne pas « causer de trou­ble à l’ordre pub­lic » et ne pas « revendi­quer [leur] pro­pre sous­trac­tion aux lois de la République ».

De nom­breuses actions menées par les asso­ci­a­tions écol­o­gistes causent des trou­bles à l’or­dre pub­lic et enfreignent la loi.  © Anne-Claire Poiri­er

Offi­cielle­ment, seules les asso­ci­a­tions à ten­dance « séparatiste » sont visées. Mais beau­coup d’autres se sen­tent men­acées, à l’in­star des organ­i­sa­tions d’aides aux migrant•e•s ou de défense des droits humains. Pour Reporterre, les asso­ci­a­tions envi­ron­nemen­tales qui organ­isent des actions de désobéis­sance civile ou sou­ti­en­nent des blocages de chantiers pour­raient elles aus­si être con­sid­érées comme « agis­sant con­tre la République ». La perte de leur agré­ment les priverait, par exem­ple, de leur droit d’ac­tion en jus­tice.

Ce mal­heureux effet col­latéral est bien con­nu du lég­is­la­teur puisque plusieurs asso­ci­a­tions écol­o­gistes ont été audi­tion­nées dans le cadre de l’ex­a­m­en du texte, a racon­té la jour­nal­iste Marie Asti­er au micro de France Inter. D’autre part, le gou­verne­ment a reçu plusieurs aver­tisse­ments, dont celui du Défenseur des droits et de la Com­mis­sion con­sul­ta­tive nationale des droits de l’homme, qui ont tous deux regret­té des atteintes aux lib­ertés asso­cia­tives. Vis­i­ble­ment, l’exé­cu­tif con­sid­ère que l’ac­tivisme est un séparatisme.