Chronique

« Le sens de la formule », ou l’histoire des hippies du bio

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C’est bio à voir. Dans Le sens de la for­mule, Willy Waller et Pierre Lecre­nier cro­quent les débuts arti­sanaux de Body nature — une entre­prise de pro­duits ménagers et de cos­mé­tiques bio — au cœur des années 70, lorsque le tout-chim­ique est roi. Réc­it en bande-dess­inée d’une aven­ture entre­pre­neuri­ale où l’amour de la nature se con­jugue avec un sens aigu des affaires.

1972. Dans la région d’Orléans, à une époque mar­quée par mai 68, les luttes anti­nu­cléaires et le retour à la terre, un jeune com­mer­cial dégour­di, Gilles Gar­naud, quitte son tra­vail dans la grande dis­tri­b­u­tion pour se lancer dans la vente de savon naturel. Inter­pel­lé par la lec­ture du Print­emps silen­cieux de Rachel Car­son – ouvrage dans lequel la biol­o­giste dénonce les effets dévas­ta­teurs du DDT sur les écosys­tèmes – l’entrepreneur développe une large gamme de pro­duits bio, aux côtés de sa femme Jeanne-Marie, chercheuse au CNRS.

Des pre­miers clients au lance­ment des cos­mé­tiques et à la fab­ri­ca­tion de ses pro­pres pro­duits, le suc­cès linéaire et ful­gu­rant de l’entreprise témoigne d’une cer­taine insou­ciance des Trente glo­rieuses autant que des prémices d’une prise de con­science écologique. Une bédé pour retrou­ver l’esprit des pionnier·ères de la bio, bien loin des modes « green » et de la récupéra­tion indus­trielle actuelles.   

Le sens de la for­mule, Willy Waller, Pierre Lecre­nier, Rue de l’échiquier BD, jan­vi­er 2022, 128p., 17,90€