Protection rapiécée. Face à l’effondrement de la biodiversité marine, l’État répond par l’instauration d’aires marines, qui n’ont de « protégées » que le nom.
Le 18 janvier dernier, le gouvernement publiait sa stratégie pour les aires protégées. Objectif : classer 30% du territoire, dont 10 % en protection renforcée. Avec déjà 23,5% des mers tricolores « protégées », le défi semble bien engagé. En apparence, seulement.
D’une part l’Observatoire national de la biodiversité estime que seulement 6% des habitats marins et côtiers sont dans un état de conservation favorable en France. D’autre part, le CNRS, qui diffusera en février une étude sur le sujet, pointe que seulement 1,6% de l’espace maritime français bénéficie d’un statut de protection intégrale ou haute « qui sont les deux niveaux permettant de réduire au mieux les impacts humains sur la biodiversité ». Et 80% de cette protection est concentrée dans un seul territoire : les terres australes et antarctiques françaises. « En métropole les niveaux de protection sont extrêmement faibles », constate le centre de recherche.

Lundi, l’association France Nature Environnement a diffusé les résultats d’une étude menée depuis 2015 sur les aires protégées du Golfe de Gascogne. Résultat : la pêche y est presque aussi intensive et destructrice qu’ailleurs. « En 2018, on évalue à plus de 174 000 le nombre d’heures de pêches destructrices dans ces aires protégées, contre 235 000 en dehors », pointe l’association. Alors que ces aires ont été spécifiquement créées pour préserver plusieurs espèces et habitats des méthodes de pêche non sélectives, telles que le chalut pélagique ou les filets maillants, l’association pointe leur persistance au sein des zones protégées, ainsi que la présence de chaluts de fond et de pêche à la drague qui raclent les fonds marins.
Pour être autorisée au sein d’une aire marine protégée, une activité doit d’abord avoir fait l’objet d’une évaluation mais la plupart n’ont pas été réalisées. Interpellée par les associations environnementales, la France s’engage dans sa stratégie pour les aires marines protégées à lancer ces évaluations mais selon France Nature Environnement la tâche a été confiée… aux comités de pêche.