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L’Assemblée nationale veut mettre sur pause l’exploitation minière des fonds marins

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Abysses non repeti­ta. Mar­di 17 jan­vi­er, l’Assemblée nationale a adop­té à la majorité absolue une réso­lu­tion enjoignant le gou­verne­ment à instau­r­er un mora­toire sur l’exploitation minière de nos fonds marins.

Dans un dis­cours remar­qué pronon­cé le 7 novem­bre dernier, lors de la 27ème con­férence de l’ONU (COP27) sur le cli­mat en Egypte, Emmanuel Macron avait déclaré son oppo­si­tion à l’exploitation des ressources issues des pro­fondeurs marines. Le prenant au mot, le député écol­o­giste Nico­las Thier­ry avait déposé le jour même sa propo­si­tion de réso­lu­tion.

Alors que l’exploitation des grands fonds est encore expéri­men­tale au niveau mon­di­al, l’Assemblée demande avec ce texte à ce que le principe de pré­cau­tion prime. Nos élus souhait­ent ain­si « l’interdiction de l’exploitation minière des fonds marins en haute mer tant qu’il n’aura pas été démon­tré par des groupes sci­en­tifiques indépen­dants et de manière cer­taine que cette activ­ité extrac­tive peut être entre­prise sans dégrad­er les écosys­tèmes marins et sans perte de la bio­di­ver­sité marine ».

La réso­lu­tion réclame égale­ment au gou­verne­ment de se posi­tion­ner con­tre la délivrance de nou­velles licences d’exploitation à des com­pag­nies privées par l’Autorité inter­na­tionale des fonds marins (AIFM). Cette dernière doit se dot­er d’un nou­veau code minier en juil­let prochain, lequel pour­rait — ou pas — ouvrir la voie au minage des fonds marins à la recherche de cuiv­re, de cobalt ou de nick­el, notam­ment pour fab­ri­quer des bat­ter­ies de voitures élec­triques. Au sein de l’AIFM, seule une douzaine d’États sur les 168 mem­bres se sont pour le moment pronon­cés en faveur d’un mora­toire.

En octo­bre dernier, pour la pre­mière fois de l’Histoire, une entre­prise — The met­als com­pa­ny — a été autorisée par l’AIFM à explor­er les fonds marins (notre arti­cle). L’ouverture d’une autori­sa­tion à grande échelle pour­rait se révéler cat­a­strophique, alors que la bio­di­ver­sité des fonds marins est encore très large­ment mécon­nue, et que le planch­er océanique recèle de grandes quan­tités de CO2 qui pour­raient être libérés par les activ­ités humaines.

En France, 215 député·es issu·es de neufs groupes poli­tiques dif­férents ont voté en faveur de ce texte. Seuls six élus du par­ti les Répub­li­cains et le groupe Rassem­ble­ment nation­al se sont pronon­cés con­tre, esti­mant que cela allait à l’encontre des intérêts du pays. Le secré­taire d’État chargé à la Mer Hervé Berville a salué la réso­lu­tion.