«Les enfants, est-ce que vous savez ce que c’est le CO2 ?», s’enquiert Alban Lhotte, doctorant en sciences du climat, devant un parterre d’élèves de CM2 qui acquiescent d’une seule voix. Ce lundi matin, plusieurs classes sont venues découvrir l’exposition inaugurée à quelques pas de l’Hôtel de ville de Saint-Denis dans le cadre de la Tournée du climat et de la biodiversité.
L’événement est porté par l’association Météo et climat, qui avait organisé les «Trains du climat» en 2015 et 2018 – une exposition alors présentée à bord d’un train qui faisait le tour de France à la rencontre du public. Cette fois-ci, la Tournée s’installe dans une ville pendant deux à trois jours pour proposer un vaste parcours éducatif sur le changement climatique et l’érosion de la biodiversité, avant de faire étape dans un autre coin de France.
L’exposition, réalisée sur des grands panneaux en bois aux couleurs bigarrées, se veut particulièrement ludique : ici ou là, des quiz ou des jeux permettent à chacun de tester ses connaissances. Ce qui plaît aux enfants, qui s’emploient à révéler des images cachées ou à superposer les cartes de France de la fin du siècle sous les regards amusés de leurs profs. «L’interactivité était super importante pour nous, parce qu’elle permet aux gens de s’emparer davantage des sujets traités», explique Isabelle Bluche, directrice de la Tournée.
Permettre la discussion entre le public et les scientifiques
Divisé en trois parties, le parcours retrace à la fois les phénomènes à l’œuvre, leurs impacts sur les humains, et les solutions à mettre en œuvre pour préserver une planète vivable. La Tournée vise en particulier un public scolaire, du CM1 à la terminale (400 élèves peuvent visiter l’exposition dans chaque ville), mais se veut ouverte à toutes et à tous. En partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle, la Tournée est en partie financée par des mécènes tels que l’Office français de la biodiversité, les fondations SNCF et EDF ou l’assurancier Axa.
Des scientifiques, présenté·es comme des «messager·es du climat et de la biodiversité», guident bénévolement le public à travers l’exposition et vulgarisent son contenu. À Saint-Denis, une dizaine ont répondu présent·es. «On passe quand même beaucoup de notre temps à faire de la recherche dans les labos, et comme le changement climatique n’est pas uniquement une question scientifique, mais qu’il touche toute la société, je trouve que c’est important de dédier une partie de mon activité à la discussion avec les citoyens», raconte Aglaé Jézéquel, chercheuse en climatologie.
«Cela permet aussi de montrer au public à quoi ressemble le métier de chercheur, et qu’il y a aussi des chercheuses», abonde Céline Guivarch, économiste du changement climatique et co-autrice du dernier rapport du Giec. Déjà impliquée dans les précédentes éditions du train du climat, elle se réjouit de voir le sujet de la biodiversité abordé dans cette nouvelle exposition. «C’est essentiel de montrer que ces deux sujets sont complètement liés, et de transmettre cette vision systémique : il faut réfléchir à des solutions qui ne vont pas résoudre un problème tout en aggravant un autre», estime la chercheuse.
Inciter à se mobiliser
À la fin du parcours, un «arbre des solutions» permet de laisser des suggestions pour lutter contre le changement climatique et l’érosion de la biodiversité. «En finir avec les énergies fossiles», «arrêter la viande», «prendre les transports en commun» : des propositions se balancent au gré des branches et incitent à se mettre en mouvement, chacun·e à son échelle.
Le passage à l’action est au cœur de la programmation «hors les murs» qui a été pensée autour de l’exposition. Chaque ville-hôte organise des événements à l’initiative d’acteurs locaux, en lien avec les enjeux propres à son territoire. À Saint-Denis, cela a pris la forme d’ateliers de cuisine coopérative, de visites d’une ferme urbaine, d’ateliers de maroquinerie ou encore de ciné-débats ayant lieu partout dans la ville. «On a eu la volonté de montrer que les enjeux traités dans l’exposition s’inscrivent aussi partout dans les lieux du quotidien», détaille Isabelle Bluche.
Après la région parisienne, la tournée fera escale à Nantes les 23 et 24 novembre, puis à Brest du 26 au 28 novembre. Elle continuera ensuite sa route dans une petite dizaine de villes dont Lille, Bordeaux, Nice, Strasbourg et Lyon courant 2024.