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L214 lève le voile sur le chalutage industriel

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Coup de filet. L’as­so­ci­a­tion de pro­tec­tion ani­male L214 a filmé la souf­france des ani­maux marins à bord de cha­lu­tiers français et bri­tan­niques. Elle alerte égale­ment sur l’im­pact envi­ron­nemen­tal des méth­odes de pêche peu sélec­tives.

Âmes sen­si­bles… Les opiniâtres défenseurs de la con­di­tion ani­male ont décidé de frap­per fort toute la semaine avec la paru­tion de cinq enquêtes des­tinées à inter­peller les candidat·es à l’in­vesti­ture prési­den­tielle sur la con­di­tion ani­male dans les sys­tèmes d’élevage ou de pêche inten­sifs. De tous les volets mis en lumière (poulets d’élevage, canards à foie gras, etc), la pêche au cha­lut est sans doute le moins con­nu du grand pub­lic.

Et pour­tant. Sur les images filmées par l’association alle­mande Soko Tier­schutz, à bord de deux cha­lu­tiers pêchant dans la Manche, on peut voir des pois­sons suf­fo­quant dans d’immenses filets ou sur le pont des bateaux : « l’asphyxie peut dur­er de 25 min­utes à qua­tre heures », pré­cise l’as­so­ci­a­tion. Les pois­sons qui n’ont pas de valeur marchande sont rejetés à la mer, mori­bonds. Les autres sont découpés vivants et con­scients. On peut, par exem­ple, voir les employés arracher les pinces des araignées de mer sans étour­disse­ment préal­able.

« Mal­gré le con­sen­sus sci­en­tifique con­cer­nant la sen­si­bil­ité des pois­sons, la régle­men­ta­tion est min­i­male, et totale­ment ignorée », souligne L214. Pour la biol­o­giste sué­doise Lynne Sned­don, qui a notam­ment mis en évi­dence les récep­teurs de la douleur chez les pois­sons, « per­son­ne n’ac­cepterait ce genre de traite­ment pour les vach­es, les porcs, les mou­tons ou les poulets ».

Alors que le déclin de la ressource halieu­tique se pour­suit (Reporterre), L214 alerte aus­si sur les impacts envi­ron­nemen­taux de la pêche au cha­lut, très peu sélec­tive. Pour plus de 90 mil­lions de tonnes de pois­sons pêchées annuelle­ment dans le monde, 7 à 20 mil­lions de tonnes sont des pris­es dites « acces­soires » car non com­mer­cial­is­ables. D’autre part, le cha­lu­tage altère les fonds marins, la par­tie raclant le sol ayant pour effet d’ar­racher, d’écras­er ou d’en­fouir la faune et la flo­re.

L214 demande aux candidat·es à l’élection prési­den­tielle de s’engager à organ­is­er la fin de la pêche indus­trielle, de la pêche au cha­lut de fond et de la pis­ci­cul­ture inten­sive sous 10 ans. Selon sa pro­pre éval­u­a­tion, seuls Yan­nick Jadot et Jean-Luc Mélen­chon sem­blent dis­posés à faire du bien-être ani­mal une pri­or­ité. Du reste, les Français·es con­som­ment en majorité du pois­son importé (24 kilos sur 35 kilos con­som­més annuelle­ment) avec des normes par­fois moins-dis­antes, selon le WWF.