Interrogé récemment par des lecteur·ices du quotidien régional La Voix du Nord, inquiets de la prolifération de fausses informations sur les réseaux sociaux, Emmanuel Macron a évoqué l’idée d’un «label» pour «distinguer les réseaux et les sites qui font de l’argent avec la pub personnalisée» (et donc dont le but n’est pas de bien vous informer, comme X, Instagram, etc.), et «les réseaux, les sites d’information».

Il a fait une précision très importante : «Il faut faire attention, c’est pas le gouvernement ou l’État qui peut dire, “ceci est une information, ceci n’en est pas”. On n’a pas non plus envie de tomber là-dedans, parce que ce n’est pas ça, une démocratie. Ça devient assez rapidement, sinon, une autocratie.»
Ce sont les professionnel·les de l’info qui doivent créer ce label. Ce n’est même pas son idée : en 2021 déjà, Reporters sans frontières a lancé un label de ce type, la «Journalism trust initiative» (JTI). Cette idée a été reprise par de nombreux acteurs de l’info. Mais il n’en fallait pas plus pour lancer toute la machine à désinformer du milliardaire d’extrême droite Vincent Bolloré.
Orwell et Union soviétique
Le Journal du Dimanche, ce weekend, a parlé de «dérive totalitaire» d’un président qui «veut mettre au pas les médias qui ne pensent pas comme lui».
Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, sur CNews : «La tentation d’Emmanuel Macron de toucher à la liberté d’expression est une tentation autoritaire, qui correspond à la solitude d’un homme […] qui a perdu le pouvoir et cherche à le maintenir par le contrôle de l’information.» Ce n’est pas fini…
Pascal Praud, lundi sur Europe 1, parle de «dérive autoritaire» d’un président qui souhaite «imposer un récit unique». Il cite George Orwell et l’Union soviétique. C’est irréel.
Toute la machine Bolloré et le RN diffusent massivement cette fausse information, martelant les mêmes éléments de langage. Mais ce n’est toujours pas fini.
Bruno Retailleau (Les Républicains), ancien ministre de l’intérieur d’Emmanuel Macron, a carrément lancé une pétition contre le président, qu’il accuse de vouloir être le «censeur en chef».

Il se fait le défenseur de «la liberté d’expression» : le refrain bien connu de l’extrême droite, qui revendique le droit de tout dire au mépris des faits et de la vérité.
Droite et extrême droite unissent leurs forces
Pour rappel, Bruno Retailleau, c’est celui qui, mis face à une étude du CEPII (un service du premier ministre) qui avait établi qu’il n’y avait pas de lien entre immigration et délinquance, avait rétorqué : «La réalité dément cette étude.»
La droite et l’extrême droite unissent leurs forces pour propager de fausses informations sur une proposition qui vise à aider les citoyen·nes à distinguer les médias d’information des plateformes qui veulent surtout vous vendre de la pub. Vous commencez à comprendre que leur ennemi, c’est la vérité ? Celle qui ne va pas avec leurs récits dangereux ? Que ce camp est très à l’aise avec les milliardaires ultra-politisés et les intelligences artificielles (IA) qui déforment le réel ?

Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons nous engager pour contrer ce mouvement de destruction méthodique de l’information et des médias.
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