Le coût de la panne ? EDF sera bientôt coupée en trois pour ouvrir une partie du service public de l’électricité aux quatre vents de la concurrence.
Jeudi, plus du quart des employé•e•s d’Electricité de France (EDF) ont fait grève pour protester contre Hercule : un immense projet de démantèlement de l’énergéticien historique au nom de la libre concurrence.
Voilà plus de 20 ans que Bruxelles met la pression sur la France pour qu’elle mette fin au monopole d’EDF sur la production et la fourniture d’électricité. En 2010, le gouvernement Fillon avait déjà introduit un mécanisme obligeant EDF à revendre une partie de sa production nucléaire à bas prix – parfois en-dessous des prix du marché – aux fournisseurs alternatifs, afin de favoriser l’émergence de concurrents.
Désormais, le gouvernement négocie directement – et dans une totale opacité – avec la Commission européenne pour scinder EDF en trois : EDF « bleu » s’occuperait des activités nucléaires et resterait aux mains de l’Etat ; EDF « vert » gèrerait la distribution (Enedis), les services (Dalkia) et les énergies renouvelables et son capital serait en partie ouvert aux investisseurs. Enfin, indique Libération qui a révélé, mercredi, que la France aurait cédé aux positions les plus libérales de Bruxelles : l’hydraulique sera gérée par un EDF « Azur », dont les concessions pour les barrages devraient être ouvertes au marché.

Le démantèlement de ce service public apparaît d’autant plus inconcevable en temps de réchauffement climatique : une gestion centralisée semble cruciale alors que la production est menacée par la baisse du débit des cours d’eau qui alimentent les barrages hydroélectriques et les problèmes de refroidissement (hydraulique) des centrales nucléaires lors des pics de chaleur.
Selon plusieurs sources ministérielles, Emmanuel Macron souhaite accélérer et envisage l’option d’une restructuration d’EDF par ordonnance dans le cadre du la future loi climat, c’est-à-dire sans débat au Parlement. Une note complète sur l’histoire du projet Hercule est à lire sur le site de l’institut Rousseau.