Analyse

Des femmes, des jeunes et des diplômés : une étude décortique le mouvement climat

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Allumer la femme. En France, le mou­ve­ment pour le cli­mat est essen­tielle­ment féminin, jeune et diplômé, révèle une vaste enquête.

Pour faire cette décou­verte, le lab­o­ra­toire grenoblois de sci­ences sociales Pacte a mené une grande étude auprès de plus 10 000 répondant·e·s qui inter­agis­sent de près ou de loin avec le mou­ve­ment cli­mat. L’objectif : dress­er pour la pre­mière fois le pro­fil soci­ologique et poli­tique de ce mou­ve­ment émergé avec l’essor des march­es pour le cli­mat en 2018.

Par­mi les per­son­nes inter­rogées, on trou­ve des activistes de longue date, des participant·e·s occasionnel·le·s aux march­es cli­mat, ain­si que des sou­tiens « pas­sifs » mais intéressés par la cause envi­ron­nemen­tale. Comme l’ex­pliquent les auteur·rice·s de l’é­tude dans une tri­bune sur Reporterre, « par leur soci­olo­gie, les mil­i­tants et sym­pa­thisants du mou­ve­ment cli­mat ne ressem­blent pas à la pop­u­la­tion française dans son ensem­ble ».

Prin­ci­pal enseigne­ment : la sur­représen­ta­tion des femmes, qui comptent pour les deux tiers des proches du mou­ve­ment. « Un ratio d’autant plus impres­sion­nant que les mou­ve­ments soci­aux tra­di­tion­nels ont en général une forte dom­i­nante mas­cu­line », rap­por­tent les chercheur·se·s. On y retrou­ve aus­si une large pro­por­tion de jeunes voire de très jeunes avec plus de la moitié des répondant·e·s âgé·e·s de 15 à 34 ans. Un quart a moins de 24 ans. 

Les proches du mou­ve­ment cli­mat se démar­quent par leur haut niveau de diplôme. 80% d’entre elles et eux dis­posent d’un diplôme post-bac et 49% ont au moins un niveau mas­ter. Si l’on exclut les plus jeunes qui n’ont pas encore fini leurs études, ces chiffres grimpent respec­tive­ment à 85% et 54%. 

Les jeunes sont majori­taires dans le mou­ve­ment cli­mat, comme ici lors d’une marche pour le cli­mat à Paris en sep­tem­bre 2018. © 350.org

Enfin, les per­son­nes sondées, classées à par­tir des caté­gories socio­pro­fes­sion­nelles, sont glob­ale­ment plus favorisées que la moyenne nationale. La moitié sont des cadres con­tre 18% de la pop­u­la­tion française. À l’inverse, seuls un quart sont ouvri­ers ou employés alors qu’il s’agit de la moitié de la pop­u­la­tion glob­ale. 

Un pro­fil qui rejoint la soci­olo­gie du vote écol­o­giste, même si les sympathisant·e·s au mou­ve­ment cli­mat ne se réduisent pas aux proches d’Europe-Écologie-les-Verts. Elles et ils sont même plus nombreux·ses (35%) à ne déclar­er aucune prox­im­ité par­ti­sane qu’à citer EELV comme par­ti le plus con­forme à leurs idées (31%). Mis bout à bout, seuls 7% des proches du mou­ve­ment cli­mat déclar­ent soutenir La République en Marche ou un autre par­ti de droite et d’extrême-droite.