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COP26: les cases à cocher pour pouvoir parler de « succès »

La 26è conférence de l’ONU (COP26) sur le climat, qui débute dimanche à Glasgow (Royaume-Uni), doit donner chair à l'Accord de Paris de 2015. Tour d’horizon de ce qui permettrait d’en faire un succès.
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Cinq ans (et une année blanche en rai­son du Covid) après la COP21 de Paris, les lead­ers devront avant tout mon­tr­er qu’ils tien­nent leur promesse de main­tenir le réchauf­fe­ment cli­ma­tique « net­te­ment en-dessous de 2°C » par rap­port à l’ère pré-indus­trielle, objec­tif de l’Accord de Paris. L’outil prin­ci­pal pour s’en assur­er porte le nom de Con­tri­bu­tions déter­minées au niveau nation­al (ou NDCs), sorte de feuilles de route cli­ma­tiques que les pays doivent réac­tu­alis­er au moins tous les cinq ans. Or celles-ci con­stituent, en l’é­tat, « un aller sim­ple vers le désas­tre » selon le secré­taire général de l’ONU, Anto­nio Guter­res. Dans un bilan paru mar­di, l’or­gan­i­sa­tion con­state que seuls 121 des 191 sig­nataires ont mis à jour leur NDC, plaçant la planète sur une tra­jec­toire à +2,7°C d’ici la fin du siè­cle. Les nou­velles promess­es devraient faire baiss­er les émis­sions mon­di­ales de 7,5 % d’ici 2030, alors que 30 % sont néces­saires pour main­tenir le réchauf­fe­ment cli­ma­tique en-dessous des 2°C et 55 % pour 1,5°C. 

Les nou­velles NDCs qui seront présen­tées, notam­ment par les plus gros émet­teurs, seront scrutées de près, alors que le sus­pens est tou­jours total du côté de la Chine, l’Inde, la Turquie ou l’Ara­bie Saou­dite. Dès ce week-end, les regards seront tournés vers Milan (Ital­ie) où se tient le som­met du G20. Les 20 pays les plus rich­es totalisent à eux seuls 80% des émis­sions de gaz à effet de serre. Les annonces de mesures ambitieuses met­traient la COP sur de bons rails. Mais l’a­gen­da est pol­lué par les ten­sions entre les Etats-Unis et la Chine, ain­si que les crises con­juguées du Covid et de l’én­ergie (Vert). Des déc­la­ra­tions encour­ageantes appel­lent toute­fois à un cer­tain opti­misme : la Turquie vient de rat­i­fi­er l’Ac­cord de Paris, la Russie, la Chine et l’Arabie Saou­dite ont promis la neu­tral­ité car­bone en 2060 et la Corée du Sud s’est engagée à réduire ses émis­sions de 40% entre 2018 et 2050. Les mau­vais élèves tels que le Brésil sont de plus en plus isolés.

Alok Shar­ma, prési­dent bri­tan­nique de la COP26 ©Flickr/Number 10

Autre sujet cru­cial : la mobil­i­sa­tion de finance­ments publics et privés pour aider les pays du sud à s’adapter au change­ment cli­ma­tique. Ces derniers arrivent à la COP écœurés par le manque de sol­i­dar­ité inter­na­tionale, alors que de nom­breuses délé­ga­tions ont eu toutes les peines du monde à présen­ter un sché­ma vac­ci­nal com­plet. Dans ce con­texte, le trans­fert de 100 mil­liards de dol­lars annuels entre 2020 et 2025 promis il y a plus de dix ans est « une promesse totémique, un enjeu de con­fi­ance », a aver­ti le prési­dent de la COP26 Alok Shar­ma lors de son allo­cu­tion à l’Unesco le 12 octo­bre. Les dernières éval­u­a­tions mon­trent que l’ob­jec­tif ne sera atteint qu’en 2023. A Glas­gow doivent aus­si débuter les négo­ci­a­tions sur les finance­ments post-2025 qui mérit­eraient de pass­er à « 600 mil­liards de dol­lars annuels », selon l’ex-négo­ci­atrice de la COP21 Chris­tiana Figueres.

Enfin, les négociateur·rice·s auront man­dat pour dis­cuter des points tech­niques mais cru­ci­aux de l’Ac­cord de Paris, comme la créa­tion d’un marché mon­di­al du car­bone, qui per­me­t­trait aux pays de s’échang­er des quo­tas d’émis­sions de CO2, ou l’ap­pli­ca­tion d’un cadre de trans­parence ren­for­cé pour mieux véri­fi­er la réal­ité des engage­ments nationaux.