Mal au Kirk. Venu tout droit de l’Atlantique, l’ex-ouragan, devenu la dépression Kirk, va déferler sur la France ce mercredi et jeudi, entraînant de fortes pluies et d’importantes rafales. Une situation rare, mais pas inédite.
La saison des ouragans fait rage : pour la première fois au mois d’octobre, trois ouragans tournent simultanément dans le bassin Atlantique Nord – l’ouragan Leslie, qui ne devrait pas menacer de terres, Milton, qui va balayer la Floride moins de deux semaines après le meurtrier ouragan Hélène, et Kirk, qui touchera la France dès ce mercredi.
Formé le 29 septembre au large du Cap-Vert, l’ouragan Kirk était classé en catégorie 2 sur l’échelle Saffir-Simpson (qui range les ouragans de 1 à 5 selon leur intensité, 5 étant la plus élevée) dimanche, quand il se trouvait à 3 000 kilomètres des côtes marocaines. Il a ensuite été rétrogradé en catégorie 1 dans la journée de lundi, alors qu’il remontait l’Atlantique.
Progressivement, il a perdu de la puissance au large et frappera les côtes européennes sous forme de «simple» tempête, avant de continuer sa course vers le bassin parisien, le nord du pays et la Belgique entre mercredi soir et jeudi. Météo-France anticipe des «vents violents et des fortes pluies», avec des rafales entre 80 et 100km/h sur la côte, puis entre 60 et 80km/h dans les terres. Des vents tempétueux sont également anticipés dans les Pyrénées – de 100 à 110 km/h dans les vallées et entre 120 et 150 km/h sur les crêtes.
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Des pluies intenses et durables sont attendues entre le nord-ouest du pays et la frontière belge. «Ce sont des quantités qui tombent habituellement en un mois», prévient Météo-France, qui souligne les risques d’inondations liés à des sols déjà très humides. Ces précipitations peuvent entraîner des ruissellements de pluie ou des débordements de cours d’eau, ainsi que des glissements de terrain, des coulées de boue et des laves torrentielles (soit des coulées de débris). Ce mercredi matin, 34 départements sont placés en «vigilance orange» par Météo-France.
Un phénomène rare, mais pas nouveau
«Il n’est pas inédit que des systèmes cycloniques tropicaux soient repris dans la circulation générale et arrivent en tant que perturbation concernant l’ouest de l’Europe», détaille Météo-France. Un phénomène qui reste rare, puisqu’«en général, ces systèmes perdent leur intensité et se transforment en tempêtes extratropicales en traversant l’Atlantique», indique Davide Faranda, directeur de recherches en sciences du climat au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), spécialisé sur la question des événements extrêmes. La tempête extratropicale est un phénomène météorologique de basse pression à cœur froid – soit nos dépressions habituelles en France -, là où les tempêtes tropicales se forment dans les régions du même nom et sont alimentées par des eaux chaudes. On peut noter plusieurs exemples d’ouragans ayant déjà frappé l’Europe, comme Vince en Espagne en 2005, ou Ophelia en Irlande en 2017.
L’intensité des ouragans pourrait être renforcée par le réchauffement climatique, qui «permet à ces tempêtes de se déplacer plus vers le nord, dans l’hémisphère nord, notamment en raison de températures de surface de l’océan plus chaudes», précise Davide Faranda. Lorsqu’elles remontent vers l’Europe, ces tempêtes rencontrent généralement le courant-jet (le «jet stream», sorte de «tube de vent», qui influence la trajectoire et la portée des dépressions), «qui a tendance à transformer les ouragans en cyclones post-tropicaux avant qu’ils ne touchent les côtes européennes», ajoute le chercheur.
C’est le cas de la tempête Kirk, qui pourrait toutefois faire des dégâts significatifs dans le pays. Météo-France appelle les citoyen·nes à une grande vigilance pour se protéger d’éventuelles inondations et des dangers des vents violents.
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