« On ne change pas » ? A la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), les syndicats et les associations écologistes s’allient contre le projet de reconversion « zéro-pétrole » de Total.
Une fois n’est pas coutume, les raffineurs et les ONG environnementales ont manifesté ensemble, mardi, devant les locaux parisiens de Total. Unanimes, ils dénoncent le projet « Galaxie » de reconversion de Grandpuits, dont l’impact est jugé « alarmant » tant au niveau environnemental que social.
Le prétendu tournant écologique de Total vise la production annuelle de 400 000 tonnes d’agrocarburants destinées au secteur routier et aérien ainsi que l’installation de deux usines dédiées à la production et au recyclage de bioplastiques. Une feuille de route qui terrifie les associations environnementales et pour cause : « Remplacer les énergies fossiles par des biocarburants est sans doute l’une des pires idées pour lutter contre le dérèglement climatique : l’effet est inverse à cause de la déforestation induite et du changement d’affectation des sols », détaillent par exemple les Amis de la terre et Greenpeace dans un décryptage du projet. Les ONG soulignent également que les végétaux utilisés pour produire les plastiques biosourcés – ici des plantes sucrières (canne à sucre, betteraves) – entraînent une pression sur les surfaces agricoles car ils entrent en concurrence avec les productions alimentaires.
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De son côté, la CGT estime que quelque 700 emplois (dont 200 emplois directs) sont menacés par le projet. Elle rappelle que l’interruption des activités de raffinage à Grandpuits est liée à des considérations économiques bien plus qu’écologiques. Total refuse d’investir les 600 millions d’euros nécessaires au remplacement du pipeline vétuste reliant le port du Havre à Grandpuits et préfère importer du carburant préalablement raffiné depuis d’autres régions du monde. Alors que les raffineurs entament leur quatrième semaine de grève, les associations écologistes se sont engagées à proposer un « plan de reconversion, juste et écologique, avec zéro suppression d’emploi ».