Un numéro où l'on verra qu'élevage industriel et pandémie ne font pas bon ménage.

15 à 17 millions de visons abattus au Danemark
Visons d'horreur. Le Danemark va abattre 15 à 17 millions de visons, potentiels vecteurs d'une version mutée du coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19.
Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue mercredi 4 novembre, la première ministre danoise Mette Frederiksen a affirmé que 12 personnes avaient déjà été infectées par le virus muté. Une mutation qui se serait opérée chez les visons, dont le Danemark est le premier producteur européen.

Si cette nouvelle version du virus ne semble pas aggraver la maladie, « elle fait peser le risque d'une moindre efficacité d'un futur vaccin », a ajouté la première ministre. Elle a donc ordonné la mise à mort de l'ensemble des visons élevés pour leur fourrure à travers le pays, qui en compterait 15 à 17 millions, d'après le chef de la police (TV2). Police et armée seront mobilisées pour participer à cet abattage éclair et massif au sein des 1 139 fermes concernées.
D'après le ministre danois de la santé, environ la moitié des 783 personnes infectées par le Covid-19 dans le nord du pays auraient été en lien avec un élevage de visons, rapporte l'agence Reuters. Plus de 200 élevages ont recensé des contaminations au coronavirus (TV2).
À long terme, c'est peut-être l'industrie entière qui serait menacée. « Ce que nous devons vraiment faire, c'est mettre fin à l'élevage de visons et former les éleveurs » à un autre type d'élevage, a déclaré au Guardian Birgitte Damm, de l'ONG Animal protection Denmark.

• Le Parlement a définitivement adopté le projet de loi réautorisant le recours aux néonicotinoïdes, après un ultime vote au Sénat, mercredi. Jusqu’en 2023, les producteurs de betteraves sucrières pourront planter des semences enrobées de ces pesticides, interdits depuis 2018 en raison de leur dangerosité pour la biodiversité. - France Info (AFP)
• Mardi, un groupe de député•e•s a saisi le Conseil constitutionnel au sujet du projet de loi Asap (pour loi d'accélération et de simplification de l'action publique). Elles et ils réclament que les « sages » censurent l'intégralité du texte, accusé de porter de trop nombreuses atteintes à l'environnement. Comme Vert l'avait détaillé, la loi Asap prévoit de raccourcir les délais de nombreuses procédures, permettant, par exemple, de lancer les travaux d'un site industriel potentiellement dangereux avant même d'avoir reçu l'autorisation environnementale. - Actu-environnement (abonnés).

Que faire des déchets nucléaires ?
L'Europe n'a pas de solution de stockage de ses rebuts les plus radioactifs : c'est l'un des nombreux enseignements du Rapport mondial sur les déchets nucléaires.
Ce vaste état des lieux planétaire a été publié une première fois fin 2019, mais sa version française actualisée est parue ce mercredi. Rédigé par une dizaine d'expert•e•s internationaux•ales, en partenariat avec plusieurs organisations écologistes, dont la Fondation Heinrich-Böll ou le groupe des Verts au Parlement européen, le document propose un riche tour d'horizon de la question.
Premier constat : il n'existe nulle part en Europe de site de stockage dédié aux déchets dits de « haute activité ». Faibles en volume (3% du total mondial), ces derniers concentrent l'essentiel de la radioactivité (97%).
Seule la Finlande construit actuellement un site de stockage géologique profond, qui pourrait entrer en activité d'ici cinq ans. La France prévoit une installation similaire sur le site de Bure (Meuse) : c'est le projet Cigéo, auquel s'opposent des militant•e•s écologistes depuis de longues années.

Fin 2018, l'Europe comptait 142 réacteurs nucléaires en service (Russie et Slovaquie mises à part). Sur toute sa durée de vie, le parc européen pourrait produire 6,6 millions de mètres cube de déchets nucléaires, d'après le rapport qui précise : « Tous entassés au même endroit, ils rempliraient un terrain de foot de 919 mètres de hauteur, dépassant de 90 mètres l’immeuble le plus haut du monde, le Burj Khalifa à Dubaï ». Pays le plus nucléarisé, la France compte pour un tiers (30%) de ces déchets.
Autre enseignement, plus inquiétant : les Etats ne parviennent pas à établir d’estimations correctes des coûts de démantèlement, d’entreposage et de stockage des déchets nucléaires et « nombre d’entre eux basent leurs estimations de coûts sur des taux d’actualisation exagérément optimistes et des données obsolètes, ce qui entraîne d’importants déficits de financement des dépenses liées à la gestion des déchets ». En mars dernier, la Cour des comptes avait déjà alerté sur le calcul beaucoup trop optimiste du démantèlement du parc nucléaire français (Le Monde).
La boucle est bouclée : la loi Asap (voir plus haut) prévoit de supprimer la commission chargée d'évaluer les coûts du démantèlement du nucléaire.

Une taxe carbone sur la viande
Un large groupe de professionnels britanniques de la santé demande l'instauration d'une taxe sur les aliments les plus néfastes pour le climat.
Ce qui est mauvais pour le climat, l'est souvent aussi pour la santé. C'est du moins l'avis du UK Health Alliance on Climate Change (« alliance britannique pour la santé et le changement climatique »), qui rassemble dix collèges royaux de médecine, la British medical association et la revue The Lancet.
Dans un rapport publié mercredi, ces spécialistes jugent que la crise climatique ne sera pas résolue sans mesures visant à réduire la consommation d'aliments les plus émetteurs de CO2, tels que les produits laitiers ou la viande. Produits dont la surconsommation occasionne de nombreux problèmes de santé.
Parmi leurs recommandations : instaurer une taxe carbone sur la nourriture d'ici 2025 si des mesures ne sont pas rapidement prises par les industriels ; la fin des offres façon « un acheté, un offert » pour les aliments visés ; une campagne publique d'information sur l'alimentation qui inclurait des messages sur le climat ; un étiquetage révélant l'impact environnemental des produits ; la dépense de deux milliards de livres (2,2 Mds€) par an pour améliorer la qualité des menus proposés dans les cantines des écoles, hôpitaux, maisons de retraite et prisons.
Comme Vert l'avait détaillé, le bilan carbone de la viande et des produits laitiers est sans commune mesure avec celui des produits d'origine végétale. Plus d'informations dans le Guardian (en anglais).

Requiem pour un glaçon
Fin octobre, en Oregon, des funérailles ont été organisées pour commémorer la fonte d'un glacier, raconte Brut. Un happening déjà pratiqué en Suisse ou en Islande pour rendre hommage à ces premières victimes du réchauffement climatique.
