Viande gâchée


Un numéro appétissant où l'on dégustera des porcs tuberculeux à l'effet bœuf sur le climat.  

Les inspecteurs de la viande se rebiffent

Bon appétit. En allégeant les contrôles dans les abattoirs pour les poulets et les porcs, l'Europe expose les consommateurs à un « risque évitable » de maladies.

C'est ce qu'estime la Communauté de travail européenne pour le contrôle alimentaire et la protection des consommateurs (EWFC), interrogée par le Guardian. Cet organisme représente les inspecteurs des abattoirs de tous les pays de l'Union Européenne (UE). 

Jusqu'en 2014, lors de l'inspection des porcs destinés à l'abattage, ceux-ci faisaient l'objet d'un examen minutieux. Les inspecteurs pratiquaient une incision dans les ganglions présents sur la tête de certains cochons pour vérifier si ceux-ci étaient porteurs de tuberculose ou d'autres infections.

Désormais, les contrôleurs s'arrêtent à leur aspect visuel. « Sous le précédent système, la tête de ces cochons aurait été rejetée, mais maintenant, cette viande est hachée pour faire des saucisses […], ce qui répand le pus des abcès […] dans ces produits » a expliqué Ron Spellman, secrétaire général adjoint de l'EWFC, qui plaide pour un redurcissement de la réglementation. 

L'organisation demande également à la Commission européenne de revenir sur un adoucissement des contrôles dans les abattoirs de volaille. Alors qu'auparavant 100% des poulets étaient inspectés après leur mise à mort, depuis 2019, les abattoirs peuvent ne présenter qu'un échantillon aux contrôleurs s'ils « se sont dotés d'un système […] qui permet la détection et la séparation des volailles présentant des anomalies », et si « par le passé, l'abattoir a toujours respecté les exigences » sanitaires. 

« Ces changements ne sont pas motivés par la science ou par le souhait de protéger les consommateurs », mais par celui « de donner à l'industrie de la viande ce qu'elle veut : la réduction, jusqu'à la suppression des inspections indépendantes », s'est inquiété Ron Spellman. A lire dans le Guardian (en anglais). 

Donald Trump et l'obsession de la gestion forestière

Un président se trompe énormément. En visite dans une Californie ravagée par les incendies, lundi, Donald Trump s'en est (encore) pris à la gestion des forêts pour nier la crise climatique.

« Ça fait trois ans que je le dis. Il faut une vraie gestion forestière » ; quelques heures avant de se rendre à Sacramento, capitale d'un Etat en proie aux incendies les plus sévères de son histoire, le président des Etats-Unis a encore décrié des forêts californiennes prétendument mal débroussaillées, dont les bois morts nourriraient les flammes. Comme il l'avait fait en 2018, alors que 85 habitant•e•s de la ville de Paradise venaient de périr dans un incendie. Hélas, comme l'a expliqué le gouverneur Gavin Newsom, 57 % des forêts de Californie sont des propriétés fédérales et seules 3 % d'entre elles appartiennent au « golden state ». 

Donald Trump en 2018 © Gage Skidmore

À Sacramento, le président a également été interpellé par Wade Crowfoot, directeur des ressources naturelles de l'Etat de Californie, au sujet de sa négation systématique du rôle du climat dans ces vagues de plus en plus violentes. Un échange lunaire :

« Si nous ignorons la science et mettons notre tête dans le sable en disant qu'il ne s'agit que de gestion de la végétation, nous n'arriverons pas à protéger les Californiens ensemble.

- Ça va commencer à se rafraîchir, répond Trump. Vous allez voir. 

- J'aimerais que la science soit d'accord avec vous.

- Je ne crois pas que la science sache ce qu'il en est », a clos le président. 

À lire dans le New York Times (en anglais) et dans le Monde (abonnés). 

« J'entends beaucoup de voix qui s'élèvent pour expliquer qu'il nous faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile. Je ne crois pas au modèle amish, et je ne crois pas que le modèle amish permette de régler les défis de l'écologie contemporaine »

Emmanuel Macron, au sujet de la 5G

Emmanuel Macron a une vision très à lui du débat sur la 5G, cette technologie qui doit permettre d'accélérer considérablement le débit de l'Internet mobile. Lundi soir, lors d'un discours devant des chefs d’entreprise de la French tech, le président a tranché en faveur de son déploiement sans discussion possible. Et sans égard pour les 150 membres de la Convention citoyenne, qui demandaient un moratoire sur le déploiement de cette nouvelle technologie en attendant qu’une évaluation sanitaire et environnementale soit menée. Requête aussi formulée depuis de longs mois par l’Agence de la transition écologique (Ademe).

L'effet (du) bœuf sur le climat

La viande et les produits laitiers ont un impact climatique sans commune mesure avec les aliments d'origine végétale, comme le montre le site Carbon Brief dans un copieux dossier

Changement d'utilisation des terres au profit de l'élevage, déforestation, machines, méthane relâché lors de la digestion : il est difficile de faire pire que l'industrie bovine. La viande de bœuf est de très (très) loin l'aliment le plus émetteur de gaz à effet de serre : près de 60kg d'équivalent CO2 pour un kilo de viande. Deux fois plus que le mouton ou l'agneau (24,5kg eqCO2). 

Seul au sommet du classement des aliments les plus émetteurs de CO2, le boeuf. Tout en bas de l'échelle, les agrumes, les pommes et les noix. Cliquez sur l'image pour accéder au dossier de Carbon brief. 

Désolé pour les écologistes français : le fromage clôt le trio de tête avec 21,2kg eqCO2 pour un kilo de produit. A elles seules, les industries de la viande et des produits laitiers génèrent 14,5% des gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. 

Moins évidents, le chocolat noir (18,7kg eqCO2) et le café (16,5) arrivent juste après dans le classement. Riches en protéines, les oeufs (4,5), le tofu (3) et les pois (0,8) constituent d'excellentes alternatives à la viande avec un bilan carbone bien moindre. De la même manière que la plupart des produits végétaux, comme le riz (4), l'avoine (1,6), ou les pommes (0,6). Le lait d’avoine, dont Vert vous a donné la recette, génère trois fois moins de CO2 que le lait de vache. 

Contrairement à un argument communément répandu, le fait que la viande soit produite à deux pas de chez soi ne change pas grand chose à son bilan carbone. Comme l'explique encore Carbon brief, le transport représente une part négligeable des émissions. 

En moyenne, les aliments végétaux émettent 10 à 50 fois moins de CO2 que les ingrédients carnés. Aussi, changer son alimentation pour un régime contenant moins voire, pas du tout de viande, constitue l'un des gestes individuels au plus fort impact sur le climat. Plus d'informations sur le site de Carbon brief (en anglais). 

Des menus végétaliens dans les Resto’U 

Après les écoles, les universités ! L'association Assiettes végétales tente de convertir les restaurants universitaires au régime sans animaux

Depuis 2018, ses membres militent pour que la restauration collective propose des menus végétaliens, sans aucun produit d'origine animale, mais riches en protéines. Manière de lutter à la fois contre le réchauffement climatique et la malbouffe.

Leur dernière bataille, raconte Libération : convaincre les Resto'U français, où il est parfois difficile d'échapper à l'assiette d'accompagnements type haricots verts – frites, de faire mieux. Si certains établissements s'y sont déjà mis, la situation est très variable d'un endroit à l'autre. 

Les militant•e•s d'Assiettes végétales ont obtenu le soutien de huit député•e•s (LREM, EDS, Agir ensemble) pour interpeller Frédérique Vidal sur ce sujet. Mais la ministre de l'enseignement supérieur n'a toujours pas répondu aux questions écrites qui lui ont été posées à l'assemblée nationale en juillet 2020. 

Un entretien avec le cofondateur de l’association, Cyril Ernst, est à lire dans Libération. Plus d'informations sur le site d'Assiettes végétales

Le péril vert dans les villes de France

Tout à la fois khmers, ayatollahs, idéologues et rabats-joie, les nouveaux maires écologistes de certaines des plus grandes villes françaises inspirent la terreur. Pour France inter, Guillaume Meurice est parti à la rencontre de la France qui pressent l’arrivée imminente des chars de l’armée verte

© France inter