Vert #0.9 : l’indignation a du bon

L'indignation a payé : les députés ont fait machine arrière sur l'amendement controversé qui offrait un avantage fiscal au carburant à base d'huile de palme

Cet amendement au projet de loi de finances, voté jeudi en catimini, maintenait ce produit parmi la liste des biocarburants. Ceux-ci bénéficient d'une taxation plus légère que les hydrocarbures. L'Assemblée nationale en a finalement décidé autrement lors d'une seconde délibération, vendredi.

Le premier vote, qui s'était fait sans débattre de l'amendement déposé par un député de la République en marche, avait provoqué une vague d'indignation, des associations environnementales jusqu'à certains députés de la majorité. Niant allègrement le principe de séparation des pouvoirs, le premier ministre Edouard Philippe lui-même avait demandé la tenue d'un nouveau vote dans l'hémicycle.

Au 1er janvier 2020, l'huile de palme quittera donc la liste des biocarburants où elle figure toujours. L'avantage fiscal que permettait l'amendement finalement refusé représentait un cadeau, évalué par l'association des Amis de la Terre à 70 à 80 millions d'euros par an, fait à Total, qui produit du carburant à base d'huile de palme dans sa raffinerie de la Mède (Bouches-du-Rhône). A lire sur France Info.

Retour de karma

Ironie du sort à Venise. Les élus du conseil régional de Vénétie venaient à peine de finir de rejeter une série de propositions pour lutter contre le réchauffement climatique lorsqu'ils se sont retrouvés les pieds dans l'eau. C'est l'histoire, relatée par Usbek et Rica, qu'a racontée Andrea Zanoni, conseiller régional, sur Facebook. Le 12 novembre, le conseil débat de son projet de loi de finances alors que l'eau est en train de monter dans la ville pour bientôt atteindre 1,87 mètre. Des amendements sont déposés pour financer les énergies renouvelables, remplacer les bus au diesel et les vieilles chaudières, ou réduire la pollution due au plastique. Ils sont tous rejetés. Toujours selon Andrea Zanoni, la salle du conseil s'est retrouvée innondée (pour la première fois de son histoire), deux minutes à peine après la fin de la séance. Comme le maire de Venise, Luigi Brugnaro, le conseiller régional considère que les puissantes marées hautes que connaît la ville depuis plusieurs jours sont dues au réchauffement climatique.

Compte Facebook d'Andrea Zanoni.

Mélange des genres 

Ségolène Royal se servirait-elle de sa fonction d'ambassadrice chargée de la négociation internationale sur les pôles Arctique et Antarctique pour assurer sa propre promotion ? Selon une enquête de la cellule investigation de Radio France, l'ancienne ministre de l'environnement a profité des moyens mis à sa disposition par l'Etat à des fins personnelles

Depuis sa nomination à ce poste en juillet 2017, on l'a aperçue à plusieurs reprises inaugurer des aires de covoiturages ou des hôpitaux, visiter une usine... Le problème, soulevé par les journalistes de Radio France, c'est que lors de ces activités assez éloignées de celles prévues par sa fonction, Ségolène Royal a régulièrement été accompagnée par ses collaborateurs payés par le ministère des Affaires étrangères. Y compris lors de séances de dédicaces de son livre Ce que je peux enfin vous dire (Fayard, 2019). 

En septembre, on apprenait déjà que l'ambassadrice chargée des pôles ne s'était jamais rendue à aucune réunion du conseil de l'Arctique, comme l'avait expliqué France Info

Ségolène Royal a réagi sur Twitter à l'enquête de Radio France en dénonçant des « insinuations […] calomnieuses et diffamatoires »
 

Bien-être animal

Interrogé dimanche par le Grand Jury sur RTL, le ministre de l'agriculture, Didier Guillaume, a annoncé la fin de la castration à vif des porcelets d'ici 2021. Chaque jour en France, 27 000 porcelets âgés d'environ une semaine sont castrés sans anésthésie afin d'éviter des odeurs déplaisantes au moment de la cuisson. Soit 10 millions d'animaux par an ; 85% des porcs français, comme l'expliquait le Monde en septembre dernier. D'ici la « fin d’année 2021, on arrêtera la castration des porcelets à vif, il faudra faire autre chose, il faudra une anesthésie », a déclaré le ministre. Le mois dernier, il avait déjà déclaré qu'il en serait de même pour la pratique du broyage des poussins, comme l'avait noté 20 Minutes

Didier Guillaume a également annoncé le lancement prochain d'une mission parlementaire sur l'abandon des animaux de compagnie. Enfin, le gouvernement devrait prendre une décision « début décembre » quant à la distance minimale autorisée entre l'épandage de pesticides et les habitations.« Aujourd’hui, la base du gouvernement, c’est dix […] mètres pour les cultures hautes et cinq mètres pour les cultures basses », a-t-il rappelé. Des distances beaucoup trop faibles pour protéger les riverains des champs selon plusieurs associations comme l'a raconté la Croix.
 

Convention citoyenne pour le climat

Réforme de la politique agricole commune, régulation de la publicité, création d'une banque pour le climat, recyclage obligatoire des pièces en plastique... Les 150 Françaises et Français tirés au sort pour rejoindre la Convention citoyenne sur le climat viennent de formuler leurs premières propositions. La troisième session de travail (sur les six prévues) s'est tenue ce weekends à Paris. Elle a été l'occasion d'un nouveau sprint de trois jours, durant lequel les participants ont auditionné une soixantaine d'experts et ont élaboré 91 suggestions. 

Mediapart raconte à quel point la tâche paraît démesurée, alors que l'objectif est de trouver, d'ici la fin janvier, le moyen de réduire d'au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 par rapport à 1990. Certains se plaignent du rythme soutenu, alors qu'il faut ingérer des stocks de connaissances à la vitesse grand V. D'autres dénoncent le peu d'ambition des mesures proposées et un travail nécessairement bâclé. 

Toutes les propositions retenues devraient être soumises « sans filtre » au vote, à l'Assemblée ou sous forme de référendum ou encore, traduites de manière réglementaire.

Elle sait comme personne accommoder les restes, rapiécer les vêtements usés et économiser les bouts de chandelle : dans un article délicieux qui sent la compote de pommes maison, le Monde raconte la hype autour de la figure de mamie, cette nouvelle icône de la transition qui faisait de l'écologie sans le savoir.

Les tickets de caisse ne seront bientôt plus automatiquement imprimés en-dessous de dix euros d'achat. C'est ce que propose un amendement, rédigé par la députée LREM Patricia Mirallès, qui devrait être ajouté au futur projet de loi sur l'économie circulaire. 

Il s'agit autant d'un enjeu écologique que de santé publique : les tickets de caisse ont été maculés de bisphénol A, puis de Bisphénol S, avant que ces deux substances ne soient interdites, depuis que l'on sait qu'elles ont un rôle de perturbateurs endocriniens. Une étude, parue au début de l'année 2019, a révélé qu'une large majorité des reçus imprimés en France contenait toujours du bisphénol A. 

Si l'amendement est voté lors de l'examen, à partir du 25 novembre, du projet de loi sur l'économie circulaire, la mesure sera ensuite étendue aux achats inférieurs à 20 euros dès 2021, puis de 30 euros l'année suivante, comme l'explique RMC. Les tickets pourront toutefois toujours être demandés par les clients. Les grandes surfaces joueront-elles le jeu ?

Surconsommation, nombre record de colis expédiés, frénésie mercantile... Le Black friday, cet événement commercial au bilan carbone impossible à chiffrer revient à la fin de cette semaine. Un collectif rassemblant une centaine de personnalités, parmi lesquelles l'écrivain Alain Damasio, le réalisateur Ken Loach ou le comédien Yvan le Bolloc'h, appelle à un « vendredi noir pour Amazon ». L'entreprise de Jeff Bezos, dont l'impact environnemental et social est largement documenté, réalise une part importante de son chiffre d'affaire à l'occasion de cet événement. « Le 29 novembre, nous mènerons des actions citoyennes partout en France pour perturber l’activité d’Amazon et promouvoir des alternatives afin de libérer toujours plus de monde de son emprise néfaste », peut-on lire sur le site de Stop Amazon. Les citoyens sont invités à rejoindre les actions prévues en s'inscrivant en ligne.

Dans le dernière épisode de la série hebdomadaire du Monde baptisée « Plan B », le quotidien nous emmène sur les sommets des Alpes : le réchauffement climatique s'y fait bien plus sentir qu'ailleurs et la fonte des glaces entraîne des éboulements et des risques d'effondrement des installations locales.