Vert #0.7 : un numéro qui manque d’air

Une fois n'est pas coutume, c'est une bonne nouvelle qui fait la Une de Vert : l'usage de la voiture recule en Île-de-France pour la première fois depuis des décenniesC'est ce qui ressort d'une enquête sur les habitudes de déplacement des Franciliens menée par Île-de-France mobilités, autorité organisatrice des transports dans la région. Entre 2018 et 2010, année de la précédente enquête, les trajets en voiture individuelle ont diminué de 4,7%. Depuis la première enquête de ce type, menée en 1976, l'usage de la voiture n'avait jamais vraiment diminué, note le Figaro

Cette étude recèle quelques surprises. On apprend que les trajets entre Paris et la banlieue ne représentent que 10% du total. L'essentiel des déplacements se font dans la zone de résidence des automobilistes. On dénombre 43 millions de déplacements quotidiens, dont 70% se font en dehors de Paris. L'utilisation des transports en commun est en hausse de 13% (9,4 millions de trajets). Il reste toutefois encore du travail dans cette région où seuls 840.000 déplacements quotidiens se font à vélo.

Pollution

De son côté, Marseille se prépare aussi à tenter de réduire l'emprise de la voiture sur la ville. Cette semaine, l'organisme de surveillance de la qualité de l'air Atmosud expérimente la mise en place d'un « radar anti-pollution » : celui-ci permet de mesurer la teneur en gaz et autres particules nocives émises par les voitures. 20 Minutes en explique le fonctionnement : « Un gros boîtier gris est installé sur la chaussée, raccordé à un ordinateur, duquel est projeté un laser directement sur la route ». Le radar affiche ensuite le niveau de pollution émis par les voitures qui passent : « acceptable », « médiocre » ou « mauvais ». 

L'objectif est de connaître le niveau de pollution réel des véhicules qui roulent à Marseille. Un préalable aux décisions qui guideront la mise en place future d'une Zone à faibles émissions (ZFE) : ce nouvel outil à destination des collectivités locales qui permettra bientôt d'exclure certaines catégories de véhicules des centres-villes. Mais qui reste très compliqué à faire accepter à la population. Dans la métropole de Strasbourg, qui mettra bientôt en place la sienne, la ZFE s'est révélée être un réel casse-tête politique, comme l'a raconté Reporterre.

Santé

Il y a pourtant urgence : les impacts sur la santé des polluants issus du trafic routier sont de mieux en mieux documentés. On savait les particules fines et ultra-fines responsables d'allergies, de maladies respiratoires, cardiovasculaires, neurodégénératives, d'obésité et de diabètes ; pour la première fois, comme le raconte le Guardianun lien vient d'être établi entre absorption de nanoparticules et cancer du cerveau. Ces particules sont issues de la combustion de carburant, du diesel surtout. Dans une étude, parue dans la revue Epidemiology, des chercheurs de l'Université McGill de Montréal ont analysé les dossiers médicaux et l'exposition à la pollution d'1,9 million de Canadiens entre 1991 et 2016. Ils ont observé une probabilité accrue, quoique très faible pour ce type rare de cancer, de déclencher la maladie.

Énergie

En France, on réfléchit à construire de nouveaux réacteurs nucléaires tout en ayant promis de baisser la part d'électricité d'origine atomique. En Allemagne, c'est avec un autre combustible que l'on trahit ses promesses. Une nouvelle centrale à charbon, Datteln 4, devrait être mise en service en 2020. En début d'année, le gouvernement Merkel avait pourtant annoncé que le pays sortirait définitivement du charbon d'ici 2038. Une annonce ambitieuse alors que l'Allemagne s'est largement servi de ce combustible fossile pour se défaire de l'atome. Si la centrale voyait le jour, il lui faudrait des décennies pour se montrer rentable, ce qui rend d'autant plus incompréhensible la décision des autorités d'en laisser s'achever la construction. Plus d'informations dans le Monde.

Gaz à effet de serre

De renoncement en renoncement, les pays du G20 sont dans les choux quant aux objectifs de réduction de gaz à effet de serre qu'ils se sont fixés dans l'accord de Paris. Dans un rapport paru ce lundi, le think tank Climate Transparency, créé notamment par le fondateur de Transparency international, montre que les émissions de CO2 augmentent dans tous les secteurs de l'économie des pays développésDans l'énergie (+1,8%), les transports (+1,2%), l'industrie (+3,1%), ou le logement (+4,1%). Comme le racontent les Echos, ces vingt pays sont responsables de 80% des émissions mondiales de CO2. Les auteurs rappellent cette vérité, sue mais toujours bonne à dire : les engagements pris par les Etats en 2015 ne permettront pas de rester sous cette barre symbolique de 1,5 degré de hausse de la température d'ici la fin du siècle. Pour ce faire, indiquent-ils, il faudrait sortir, dès 2035, de la « voiture fossile ».

Agriculture

Deux députés ont présenté, hier, un rapport à mi-parcours sur la sortie du glyphosate, le célèbre herbicide qui doit être interdit dans la majorité des usages d'ici 2021. Ce que montre ce bilan d'étape, c'est l'absence de données fiables sur l'utilisation de ce produit. Impossible de savoir combien de litres ont été vendus en 2018. En revanche, une enquête menée auprès de coopératives montre une augmentation des ventes de l'ordre de 20 à 30%, comme le raconte Actu Environnement. Ce qui laisse à penser que certains agriculteurs constitueraient des stocks avant l'interdiction. 

Les députés font également part de la grande impréparation qui règne par manque de formation, d'alternatives éprouvées au glyphosate, ou d'équipement pour désherber. Le surcoût provoqué par le changement de méthode n'est pas encore chiffré avec précision. Enfin, les rapporteurs pressent le gouvernement d'établir la liste des filières et situations qui pourront déroger, pour un temps, à l'interdiction.

Municipales 2020

Pour aider les communes à entamer leur transition écologique, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) édite un guide à destination des candidats aux futures élections municipales. Energie, déchets, vélo, agriculture, etc. en une vingtaine de fiches thématiques, l'Ademe compile de nombreuses mesures qui ont déjà fait leurs preuves dans plusieurs communes pour aider ceux qui ne sauraient pas par où commencer. Le but annoncé par Arnaud Leroy, président de l'Ademe cité par Actu Environnement : « aller chercher des collectivités jusque-là éloignées des préoccupations de transition énergétique ».

Si tôt le mouvement des gilets jaunes lancé, le gouvernement s'est empressé de mettre dos à dos justice sociale et fiscalité environnementale. Les associations écologistes, rassemblées au sein du Réseau action climat (RAC), prônent une taxation environnementale plus juste. Selon le RAC, les 10% de ménages les plus pauvres paient aujourd'hui, proportionnellement à leurs revenus, 2,6 fois plus que les 10% les plus aisés. Le RAC plaide pour une fiscalité carbone plus juste avec un système de redistribution aux foyers les plus indigents. Sur son site, on trouve désormais un calculateur, qui permet de simuler le montant de la taxe carbone payé chaque année par les ménages en fonction de leur situation, ainsi que d'imaginer combien ils pourraient se voir redistribuer si la réforme que le RAC appelle de ses vœux était mise en œuvre. A lire sur le site de la Croix.

Nous sommes deux jours après l'effondrement de nos sociétés, prédit depuis des années par les collapsologues. Les villes commencent à manquer de vivres, mais les citoyens n'ont pas encore pris la mesure de la catastrophe qui s'est enclenchée... C'est le scénario du premier épisode de L'effondrement, une série diffusée depuis lundi soir par Canal plus. Guillaume Desjardins, Jérémy Bernard et Bastien Ughetto, trois jeunes auteurs du collectif Les parasites, s'attèlent à imaginer les conséquences d'un tel effondrement deux jours ou six mois plus tard dans des épisodes haletants de 20 minutes tournés en un seul plan séquence. Le premier épisode est en accès libre sur Youtube :