Une autre tranche de pandémie ?


Vous avez aimé le Covid-19 ? Alors vous adorerez les épidémies qui naîtront ou re-naîtront grâce au dérèglement climatique.

Les particules fines, véhicules du Covid-19 ?

En France, la qualité de l'air s'est améliorée en même temps qu'a baissé le trafic routier à la suite des mesures de confinement prises pour endiguer la crise du Covid-19. L'Alsace et l'agglomération parisienne ont pourtant connu un pic de pollution aux particules fines ce week-end, événement qui pourrait aggraver localement l'épidémie

Les niveaux d'oxydes d'azote, notamment produits par la circulation automobile, ont connu une forte baisse depuis le début du confinement. Ils ont chuté de 60% en région parisienne en quelques jours à peine. En revanche, les quantités de particules fines en suspension dans l'air sont restées stables. 

En raison de la chaleur et de l'absence de vent, celles-ci ont même augmenté au fil de la semaine dernière. Samedi 28 mars, les niveaux de particules fines ont dépassé les seuils recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans l'agglomération parisienne et dans les départements alsaciens, comme le raconte le Monde. Deux des zones les plus touchées par l'épidémie. 

Cette pollution est due au chauffage au bois ainsi qu'à l'épandage de fertilisants par l'agriculture. Dans ce deuxième cas, des particules se forment à partir d’ammoniac et d’oxydes d’azote. Elles peuvent voyager sur plusieurs kilomètres jusqu'à atteindre les agglomérations.

Or, s'il est documenté que la pollution de l'air aggrave notamment les problèmes respiratoires liés aux maladies comme le Covid-19 et en accroît la mortalité, celle-ci pourrait également servir de véhicule aérien au virus. C'est la thèse que soutiennent des scientifiques italien•ne•s dans une étude parue le 17 mars. 

Le lien de causalité reste encore largement à prouver, tempère le Monde. Pour autant, plusieurs équipes de l'OMS, du service européen Copernicus ainsi que des épidémiologistes de la London School of Hygiene & Tropical Medicine se sont mis au travail pour tenter de vérifier cette hypothèse. A lire dans le Monde.

Le Japon présente un plan d'action climatique zéro ambition

Premier grand pays à le faire, le Japon vient de présenter, lundi, ses nouveaux objectifs de réduction de ses émissions de CO2 à l'approche de la COP26. Les observateurs sont unanimes pour dénoncer un plan sans ambition.

Manifestation contre la politique japonaise en faveur du charbon lors de la COP25 à Madrid © 350.org

En 2015, dans le cadre de l'Accord de Paris, les Etats se sont engagés à présenter leurs nouvelles contributions nationalement déterminées (NDC) cinq ans plus tard, à l'occasion de la COP26. Autrement dit, chaque pays est censé annoncer en 2020 les efforts supplémentaires qu'il est prêt à mettre en œuvre pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Ce, afin de lutter contre le réchauffement climatique. 

Le Japon s'est fixé pour but de réduire de 26% ses émissions de CO2 d'ici à 2030 par rapport à leur niveau de 2013. Un objectif quasi-inchangé en comparaison de celui fixé en 2015 et qualifié de « largement insuffisant » par le site Climate action tracker : si tous les Etats faisaient preuve d'aussi peu d'ambition, le monde serait sur la trajectoire d'un réchauffement de 3 à 4°C d'ici 2100. 

Les émissions japonaises de CO2 ont déjà décru de 12% depuis 2013 ; Le pays, qui a pour projet la construction de 22 nouvelles centrales au charbon, a choisi de ne rien changer, ou presque. 

Certains se sont offusqués de ce que le Japon dévoile ses piètres objectifs en pleine pandémie alors que l'attention générale est portée ailleurs. Signe, peut-être, que des Etats sont prêts à profiter de la crise sanitaire pour mettre de côté l'engagement climatique que les citoyens attendent d'eux. A lire dans Strait Times (en anglais).

Les maladies du réchauffement

Vous reprendrez bien une tranche de pandémie ? Les épidémies virales et infectieuses sont vouées à prospérer sous l'effet du dérèglement climatique

Première chose à craindre, selon Reporterre, qui a mené l'enquête : les territoires des insectes vecteurs de maladies infectieuses vont s'agrandir à mesure que le climat va se modifier. La portée de maladies telles que Zika ou le chikungunya devrait s'en trouver élargie. 

C'est ainsi que la France métropolitaine pourrait bien connaître un jour une épidémie de dengue, comme celle qui frappe actuellement Mayotte et la Réunion. Celle-ci est véhiculée par le moustique-tigre, qui a désormais élu domicile sous les latitudes de l'hexagone. Par ailleurs, les périodes d’activité et de reproduction des moustiques et autres tiques s'allongent à mesure qu'augmentent les températures hivernales, note également Reporterre.

Autre menace : la fonte programmée des sols gelés en permanence (ou permafrost), qui pourraient perdre 70% de leur surface d'ici 2100, risque de libérer des virus et des bactéries qui avaient disparu de la circulation. En 2016, la réapparition d'un bacille à la suite d'un dégel du permafrost sibérien avait provoqué la mort d'un enfant et de 2 000 rennes. A lire dans Reporterre.

Le Cambodge met en pause les nouveaux barrages sur le Mekong 

Mercredi 25 mars, le Cambodge a annoncé la fin des nouveaux projets de barrages hydroélectriques sur le fleuve Mékong pendant au moins dix ans

Ces dernières années, les barrages construits pour produire de l'électricité se sont multipliés sur ce gigantesque fleuve. Le Mékong, qui traverse six pays et abreuve 60 millions d'habitants, en compte plus de 100 aujourd'hui.

Des dauphins de l'Irrawady sur le fleuve Mékong © WWF

Selon le Guardian, le gouvernement cambodgien a annoncé avoir pris cette décision pour tenter de freiner la destruction de la biodiversité dans ces eaux qui abritent de nombreuses espèces en danger, comme les dauphins de l'Irrawady. La multiplication des constructions fait également peser un risque sur les communautés qui ne vivent que des ressources du Mékong. Celui-ci constitue la plus grande zone de pêche intérieure du monde. 

Sans pouvoir présenter de plan précis, le ministre cambodgien de l'énergie a annoncé que le pays devrait désormais développer le recours au charbon, au gaz naturel, à l'énergie solaire ou aux importations. A lire dans le Guardian (en anglais).

Le bruit nuit à nos oreilles, ainsi qu'à tout le reste

C'est souvent lorsqu'il disparaît qu'on se rend compte qu'il était là. En Île-de-France, le bruit a décru de 80% à la suite des mesures de confinement, comme l'a relevé l'association Bruitparif

Voilà une bonne nouvelle, et pas seulement pour nos oreilles : comme l'expose le Monde dans le dernier épisode de sa série Plan B, le bruit généré par le trafic n'est pas qu'agaçant : il nuit aussi gravement à notre santé ainsi qu'à nos écosystèmes.

© le Monde