Un vert pâle à la maison blanche


Les États-Unis ont eu la riche idée d'élire le moins pire des candidats pour le climat. 

Biden, un vert pâle à la maison blanche 

Un virage à 180 degrés Celsius ? Il devrait être investi président des Etats-Unis en janvier 2021 ; si Joe Biden promet une rupture avec Donald Trump sur le climat, il ne faut pas espérer de changement trop radical.

Parmi ses premières mesures, le futur président promet de ramener rapidement les Etats-Unis parmi les signataires de l'Accord de Paris, quitté le 4 novembre dernier. Au-delà du symbole, l'administration Biden aura la tâche de se fixer un objectif ambitieux de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, alors que le pays produit quelque 15% du CO2 mondial. 

Biden prévoit de faire atteindre la neutralité carbone aux Etats-Unis d'ici 2050 : l'ensemble du CO2 encore émis à cette date-là devra être intégralement compensé. Pour ce faire, un plan de 2 000 milliards de dollars sur quatre ans doit favoriser le développement des renouvelables, avec pour but de supprimer les émissions issues de la production d’électricité d’ici 2035. Présenté à l'été dernier, ce vaste programme de financement prévoit également la rénovation énergétique de quatre millions de bâtiments commerciaux et deux millions de logements.

Joe Biden en août 2019 © DR

Mais cette ambition risque de se heurter à deux obstacles : tout d'abord, Biden est resté très vague sur la façon dont il compte sortir son pays des énergies fossiles. Il ne devrait d'ailleurs pas mettre fin à la fracturation hydraulique, technique très sale employée pour extraire le gaz de schiste. 

Autre entrave : le poids électoral des Démocrates. Si le camp de Biden a conservé une courte majorité à la chambre des représentants, le sénat risque de rester aux mains des Républicains. Le résultat de deux élections, qui se tiendront en Georgie le 5 janvier, déterminera qui contrôlera la chambre haute. 

En cas de victoire Républicaine, le plan de Biden sera probablement retoqué par le sénat. Le président sera contraint pendant deux ans au moins d'user de son pouvoir exécutif, plus limité. De quoi, tout de même, revenir sur quelques-unes des dizaines de réglementations environnementales détricotées par Donald Trump au cours de ses quatre années de mandat, dont Vert proposait un florilège. Plus d'informations dans Grist (en anglais). 

• Face au risque d’une épidémie de grippe aviaire, les volailles d’élevage de 46 départements français sont confinées afin de réduire leur exposition aux oiseaux migrateurs, potentiels porteurs du virus. - Le Monde (abonnés)

• 76 ONG ont écrit une lettre ouverte à la Commission européenne pour réclamer la fin de l’exportation en-dehors de l'UE de pesticides interdits sur le sol européen. Greenpeace, le Réseau action pesticides européen ou Générations futures figurent parmi les signataires. Les organisations réclament également l'interdiction d'importer des aliments produits grâce à ces substances proscrites. - Actu-environnement 

Le vrai bilan environnemental du CAC40

CAC carotte. Malgré un discours qui se verdit, les sociétés cotées du CAC 40 présentent un bilan environnemental toujours aussi désastreux.

C'est ce qui ressort de la dernière édition du «Véritable bilan du CAC 40», publié le 5 novembre par l’Observatoire des multinationales, dont un chapitre est dédié au climat. L'ONG estime qu'en 2019, les 40 entreprises les plus importantes ont émis 1,6 milliard de tonnes de CO2, si l'on tient compte des émissions indirectes : celles, par exemple, liées à la production de pétrole de Total à l'étranger, en plus du CO2 émis lors de l'utilisation du carburant sur le sol français. En comparaison, les émissions annuelles comptabilisées pour l'ensemble de la France ne se sont montées qu'à 441 millions de tonnes de CO2 en 2019 (Citepa), soit près de quatre fois moins. 

Les chiffres indiquent les tonnes de CO2 (ou équivalent) déclarées par les principaux émetteurs © Observatoire des multinationales

Si les émissions du CAC40 ont diminué entre 2017 et 2019 (-3%), c'est uniquement car le producteur d'électricité Engie se désengage progressivement du charbon, note le rapport. Engie mis à part, les émissions de CO2 sont en hausse de 3%. Parmi plus gros émetteurs : Total (30 %), ArcelorMittal, Engie, Michelin et le Crédit agricole, seule banque qui tient « partiellement » compte des émissions liées aux projets et firmes qu’elle finance. 

Car contrairement aux bilans financiers très détaillés publiés chaque année, les société cotées n'ont presque aucune obligation de déclaration en matière environnementale. Carrefour est quasiment le seul à donner des chiffres sur sa production de déchets, qui est en hausse. Par ailleurs, hormis Danone et l'Oréal, aucune société ne mentionne les chiffres de sa consommation de matières premières comme le soja ou l'huile de palme, qui génèrent de graves destructions de forêts. Il semblerait que les emballages repeints en vert ne suffisent pas à lutter contre le dérèglement du climat. Plus d'informations dans Libération (abonnés). 

Faire avancer la compostologie 

La poubelle des initiatives. Des étudiant•e•s lancent une étude participative pour faire avancer la « compostologie », ou science du compostage. 

Mémé savait s'en occuper comme personne, mais ses savoirs sont tombés en désuétude. La pratique du compostage, qui consiste à transformer pelures de légumes et autres coquilles d'oeuf en engrais, connaît une seconde jeunesse.

Etudiant•e•s en master 2 Ecosystèmes et Anthropisation à l'Université Paul Sabatier de Toulouse, Clara, Charlotte, Meïssa et Thibault se sont mis•e en tête d'étudier la vitesse de décomposition de certains déchets organiques en fonction de divers facteurs environnementaux. Leur question : l'eau et le marc de café peuvent-ils accélérer le compostage ?

Pour y répondre, elles et il ont lancé une étude collaborative à laquelle tout le monde est invité à participer. De la terre, des épluchures, du marc de café, des bas en nylon... Le protocole est décrit sur le site créé pour l'occasion. Les personnes qui veulent s'inscrire doivent le faire avant le 15 novembre. L'expérience durera au moins un mois. 

A l'heure où le monde tente de réduire ses rebuts, le compostage devient un sujet majeur. En France, les « déchets putrescibles » constituent un tiers de ce que l'on met dans la poubelle d'ordures, d'après l'Agence de la transition écologique (Ademe). D'ici la fin 2023, toutes les villes européennes devront proposer une solution de tri des biodéchets – ou compostage - à leurs habitant•e•s. 

Biden, le président anti-fenêtres 

« Il veut imposer la fin des émissions de CO2 pour les maisons, les bureaux et les bâtiments d’ici 2030. Ça veut dire pas de fenêtres, ni rien ! ». Le programme environnemental de Joe Biden, c’est encore Donald Trump, son rival déchu, qui en parle le mieux. Bon vent. 

© Huffington Post