Trouver la clef des champs

L'agriculture française toujours plus biberonnée aux pesticides

En France, le recours aux produits phytosanitaires dans l'agriculture a explosé en 2018. Selon les chiffres publiés, mardi 7 janvier par le ministère de l'agriculture, le nombre de doses unités (NODU) de pesticides utilisées cette année-là a augmenté de 24% par rapport à 2017, comme l'a rapporté le Monde

Plus précis que des valeurs exprimées en litres, le NODU ne tient pas compte du volume (qui peut dépendre de la concentration du produit) mais du nombre de doses administrées. Cet indicateur est utilisé depuis 2008 et la mise en place du plan Ecophyto, qui devait permettre de réduire de 50% l'usage des pesticides en une décennie. C'est totalement raté puisque sur dix ans, leur utilisation a augmenté d'environ 25%.

Parmi les explications avancées par les ministères de la santé, de l'agriculture, de l'écologie et de la recherche dans un communiqué : les agriculteurs auraient fait des provisions à la fin de 2018 « en prévision de l’augmentation de la redevance pour pollution diffuse » qui taxe les produits les plus nocifs depuis le 1er janvier 2019.

Les associations écologistes se sont étranglées à l'annonce de ces données. Dans un communiqué Générations futures a dénoncé « l'échec total de ce plan Ecophyto! Il est maintenant évident que ce plan restera un échec tant que l’État s'en remettra au bon vouloir de la profession agricole pour faire évoluer de manière volontaire ses pratiques! »

Sur Twitter, la ministre de la transition écologique Elisabeth Borne a elle-même constaté que « la politique menée depuis 10 ans ne produit pas les résultats attendus. Il nous faut lui donner un nouveau souffle, car nous n’avons pas d’autre choix que d’aller vers une société moins dépendante des produits phytosanitaires. » Plus d'informations à lire dans le Monde (abonnés).

Plus d'un milliard d'animaux morts dans les incendies en Australie

L'Australie commence seulement à prendre la mesure de l'hécatombe : plus d'un milliard d'animaux auraient péri dans les incendies qui sévissent depuis septembre

Le chiffre de 500 millions de victimes qui circulait jusqu'alors était bien en-deçà de la réalité. Il ne comptait que les mammifères, oiseaux et reptiles et se bornait aux frontières de l'Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud. Pour arriver à ce nouveau bilan, Christopher Dickman, chercheur à l'université de Sydney, et auteur de la première estimation, a élargi le périmètre à toute l'Australie. Il a également inclus grenouilles, chauves-souris et invertébrés, comme l'a rapporté Libération

Résultat : le nombre de victimes dépasse « sans aucun doute » le milliard, comme le chercheur l'a déclaré au Huffington post. Dans un communiqué, WWF Australie a annoncé avoir fait ses propres calculs : 1,25 milliard d'animaux auraient péri, selon l'ONG. 
 

10 000 dromadaires australiens vont être abattus par des snipers

C'est l'information irréelle du jour. En Australie-méridionale, les dromadaires sauvages assoiffés sont considérés par les autorités locales comme une menace pesant sur les réserves d'eau. Ceci n'est pas une plaisanterie : comme l'a confirmé l'AFP, au cours des prochains jours, des snipers doivent abattre 10 000 camélidés depuis des hélicoptères.

Avec la sécheresse qui frappe cette région du sud du pays, les animaux s'invitent de plus en plus dans les villages et exercent« une pression sur les localités aborigènes [et] les activités pastorales », selon le comité exécutif de l'Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara (APY), une zone gérée par des populations aborigènes. Les autorités craignent également que leurs carcasses ne contaminent des sources d'eau. Plus d'informations à lire dans Geo.

Le désastre de la Politique agricole commune

PAC ou pas PAC ? Avec ses 60 milliards d'euros par an distribués aux agriculteurs de l'Union européenne la Politique agricole commune (PAC) est peut-être le plus grand programme de subventions du monde. Pour le New York Times, elle constitue également « un système de subventions délibérément opaque, faussé par la corruption et le conflit d’intérêts, et qui sape complètement les objectifs environnementaux de l’Union »

Dans une vaste série dont le Monde se fait l'écho, les journalistes du quotidien new-yorkais ont enquêté pendant plusieurs mois à travers le continent. Ils ont constaté que la PAC, qui sponsorise de manière exponentielle les plus grandes exploitations, avait favorisé de violents mouvements d'accaparement des terres en Europe centrale. Des oligarchies, voire des mafias, prospèrent ainsi grâce aux subsides de l'UE en Hongrie ou en République Tchèque. 

L'impact environnemental de cette politique est également désastreux. En favorisant les plus grandes exploitations, la PAC encourage les systèmes les plus industriels, soit ceux qui emploient le moins de personnes et le plus de pesticides. Alors que les émissions européennes de gaz à effet de serre ont globalement décru de plus de 15% en une décennie, celles de l'agriculture ont augmenté dans le même temps.

"Les émissions de gaz à effet de serre en Europe" © Agence européenne pour l'environnement

Dans le dernier volet de la série, paru le 25 décembre, les journalistes du New York Times ont encore découvert que la carte des régions les plus subventionnées coïncidait avec celle de la pollution aux nitrates, responsables sur nos côtes bretonnes de la pollution aux algues vertes. 

 

12 jours au Royaume-Uni, 1 an en Afrique

Voilà une façon originale de présenter les inégalités environnementales. D'ici dimanche, soit le 12 janvier de cette nouvelle année, un citoyen britannique aura produit davantage de CO2 qu'un citoyen de l'un de ces sept pays africains en une année entière : Madagascar, Malawi, Ethiopie, Ouganda, Guinée et Burkina Faso. C'est la conclusion d'une étude de l'ONG Oxfam publiée le 5 janvier, que relaie le Guardian

Un Anglais produit en moyenne 8,3 tonnes de CO2 par an. Un chiffre d'un ordre de grandeur largement supérieur à celui d'un habitant du Rwanda (0,09 tonnes), du Malawi (0,19) ou du Burkina (0,25).

A l'échelle mondiale, la moyenne s'élève à 4,7 tonnes par an et par habitant. Manière de rappeler, s'il le fallait, que l'essentiel de l'effort pour combattre le réchauffement climatique doit être accompli par les pays riches.

Rendre les champs cultivés à la nature

Ancien conseiller scientifique en chef auprès du gouvernement britannique, le professeur Ian Boyd a sa petite idée pour contrer le réchauffement et restaurer la biodiversité : transformer la moitié des terres cultivées du Royaume-Uni pour les rendre à la nature. Rien de moins. 

Cet ex-ponte du Département de l'environnement, de l'alimentation et des affaires rurales britannique déplore un système de subvention qui favorise les exploitations les plus nocives pour l'environnement. Il propose d'utiliser massivement les subsides pour aider les agriculteurs à transformer leurs terres. Les espaces ainsi renaturés permettraient de stocker des quantités gigantesques de CO2. Parallèlement, la production de bétail pourrait chuter de 90%. A lire dans le Guardian.

Les émissions de CO2 ont baissé aux Etats-Unis

Elle est modeste, mais c'est une bonne nouvelle. Aux Etats-Unis, malgré tous les efforts de Donald Trump pour saccager l'environnement, les émissions de CO2 baissé de 2% entre 2018 et 2019. 

Cette décrue est principalement due aux nombreuses fermetures de centrales au charbon qui ont cours depuis plus de dix ans. L'électricité étasunienne est de plus en plus souvent produite à partir de gaz naturel. Selon les chiffres du groupe Rhodium, un cabinet de recherche américain cité par Grist, la baisse est de 166 millions de tonnes de CO2 en un an dans le secteur de l'énergie. Soit un tiers des émissions annuelles de la France. 

L'énergie est malheureusement le seul secteur dont les émissions de gaz à effet de serre ont baissé. A l'échelle du pays, tous secteurs confondus, elles ont décru de 2%.

L'effondrement en version brutale

Une part croissante des Français considère comme probable un effondrement ou des effondrements de notre système dans les années à venir. Mais à quoi cela peut-il ressembler ? S'agira-t-il d'une lente érosion ou d'une rupture brutale ? Auteurs de la série L'effondrement, les Parasites ont opté pour la seconde proposition. Rationnement, pillages, violences... Dans le deuxième épisode de cette production hypertendue, nous sommes plongés dans une station service cinq jours après le « collapse ».