Terres brûlées contre terre battue

Les incendies australiens ont généré autant de CO2 que cent pays 

Le serpent climatique se mord la queue. Les incendies qui sévissent depuis plus de quatre mois en Australie ont émis autant de CO2 que les cent pays les plus pauvres en une année : 400 millions de tonnes. Soit presque autant que la France en douze mois. 

C'est l'un des effets pervers de ces catastrophes favorisées par le réchauffement : les incendies participeront à accentuer la crise climatique à leur tour. D'autant plus, explique le Parisien, que les forêts décimées mettront des décennies à s'en remettre, avant de recommencer à absorber autant de CO2 qu'auparavant.
 

La pluie revient, avec de nouveaux dangers

En Australie toujours, la météo devrait changer du tout au tout lors des prochains jours. Comme l'annonce le Washington Post, la pluie fait son retour et elle devrait donner un peu de répit aux pompiers à pied d'oeuvre depuis le mois de septembre. Une dépression devrait glisser de l'Etat de Victoria (plein sud) vers la Nouvelle-Galles-du-Sud, plus au nord-est.

Le sud de l'Australie © Google maps

Mais hélas, la pluie devrait également apporter des problèmes de son cru. Les précipitations risquent de provoquer de puissantes inondations, amplifiées par les sols devenus hermétiques après les incendies et la sécheresse. La végétation permet d'ordinaire une meilleure absorption de l'eau. D'importants glissements de terrain sont également à craindre. 

Les pluies attendues, prévient encore le Washington Post, ne suffiront pas à mettre fin à la sécheresse ou à éteindre tous les feux. On dénombre cent foyers encore actifs dans le seul Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud.
 

Une tenniswoman abandonne son match à cause de l'air suffocant

Pendant ce temps-là, on suffoque toujours dans les villes du sud-est australien. A tel point que, prise d'une violente quinte de toux, une joueuse de tennis a dû déclarer forfait lors d'un match de qualification pour l'Open d'Australie, tournoi majeur qui s'ouvre à Melbourne la semaine prochaine.

© NewZee PK

Sur le point de s'évanouir, la Slovène Dalila Jakupovic a abandonné son match alors qu'elle menait au score. « Ce n'est pas sain pour nous de jouer dans ces conditions », a-t-elle déclaré. « Pourquoi avons-nous besoin d'attendre qu'il se passe quelque chose de grave pour réagir ? » s'est inquiétée, quant à elle, la numéro 5 mondiale, Elina Svitolina, sur Twitter.

« Pourquoi avons-nous besoin d'attendre qu'il se passe quelque chose de grave pour réagir ? »

La contestation monte parmi les joueurs et joueuses professionnel•le•s à quelques jours de l'ouverture de l'Open d'Australie. Alors que les autorités jugent la qualité de l'air « dangereuse » pour la population à Melbourne et conseillent à leurs habitants de rester cloitrés chez eux, les matchs de qualifications ont été maintenus et le tournoi doit s'ouvrir normalement lundi prochain. A lire sur France 24.

Des « décrocheurs de portraits » condamnés en appel

Si, comme Vert s'en faisait l'écho hier, la justice suisse a reconnu à des activistes le droit d'enfreindre la loi pour alerter sur le réchauffement climatique, en France, le débat est plus incertain. Huit « décrocheurs de portraits » d'ANV (action non-violente)-COP21 ont été condamnés en appel, mardi 14 janvier, à Lyon (Rhône). 

En février dernier, deux des huit prévenus s'étaient rendus dans la mairie du 2ème arrondissement de Lyon pour subtiliser le portrait d'Emmanuel Macron. Les six autres avaient investi l'hôtel de ville de Bourg-en-Bresse (Ain). L'objectif de leurs actions, coordonnées au niveau national et répétées pendant plusieurs semaines dans 125 mairies au total, était d'alerter sur l'inaction du président en matière d'environnement.

En première instance, les militants lyonnais avaient été relaxés. Le tribunal avait alors invoqué « l'état de nécessité » face à la crise climatique pour justifier leur action. En appel, ils ont été condamnés à des peines de 250€ d'amende. Ils ont déjà annoncé leur intention de se pourvoir en cassation. Les six autres, déjà condamnés en première instance, ont écopé de 500€ d'amende avec sursis. A lire sur le site de France 3

 

Les larmes de crocodile du patron de Total

« Trop manichéen, trop faussé », le débat sur le réchauffement climatique : c'est ce qu'a déploré, mardi 14 janvier, Patrick Pouyanné, PDG de Total. Interrogé lors d'une conférence organisée à Paris par Euronext, la plus grande place boursière d'Europe, il a ajouté : « On pense qu'il y a un monde blanc et noir. Je comprends qu'il y a des jeunes qui ont envie qu'on agisse, mais c'est un sujet complexe ».

Et l'on comprend que Patrick Pouyanné n'ait pas envie qu'on agisse : Total est la quatrième plus grosse entreprise privée d'hydrocarbures du monde et elle génère plus de 40 millions de tonnes de CO2 par an (en hausse en 2018), comme l'ont noté les Echos. L'équivalent de 10% des émissions totales de la France

Le PDG de Total a jugé la « pression » mise sur les producteurs d'hydrocarbures « très occidentale, voire très européenne »a rapporté France Info« Les actionnaires... ce qu'ils veulent surtout s'assurer, c'est la durabilité de nos dividendes » a encore expliqué Patrick Pouyanné. Ok, boomer.
 

BlackRock prédit la transition écologique de la finance

Mais la mauvaise nouvelle (pour Total), c'est qu'au même moment, le PDG de BlackRock, numéro 1 mondial de la gestion d'actifs, annonçait que la crise climatique entraînerait une transformation des investissements vers des activités plus durables. Dans sa lettre annuelle aux chefs d'entreprise, Larry Fink prédit : « Dans un avenir proche, plus proche que la plupart des gens ne l’anticipent, nous assisterons à une réallocation significative des capitaux ». N'en déplaise à Total. A lire dans le Figaro
 

L'ambassadrice des pôles Ségolène Royal est licenciée

On ne trouvera personne pour la pleurer. Ambassadrice des pôles fantôme, Ségolène Royal a annoncé, mardi 14 janvier, son licenciement sur sa page Facebook. 

Retraites, politique environnementale, mort de Cédric Chouviat (ce livreur décédé à la suite d'un contrôle de police)... Officiellement, l'ancienne ministre est démise de ses fonctions pour avoir récemment multiplié les propos à l'encontre du gouvernement. En réalité, l'ambassadrice des pôles - une mission que lui a confiée le ministère des Affaires étrangères, n'a jamais pris son rôle très au sérieux.

Deux ans après son entrée en fonction, à la date de publication de cette enquête de Radio France, elle ne s'était jamais rendue au Conseil de l'Arctique, réunion des gouvernements de pays qui possèdent un bout de territoire dans la région. 

Entre la promotion de ses livres, ses interventions dans les médias et ses inaugurations de sites à travers le pays, Ségolène Royal avait bien peu de temps à consacrer à sa mission. A tel point que les moyens mis à sa disposition ont parfois servi son agenda personnel, comme l'avait révélé la cellule investigation de Radio France. A lire sur le site de France Inter.

Les travailleurs détachés, sous-prolétaires de l’agriculture

Elles et ils sont les âmes damnées de l'agriculture mondialisée. Reporterre se penche sur le sort des travailleurs et travailleuses détaché•e•s de l'agriculture.

Employées par une entreprise espagnole, Yasmine et K. ont longtemps travaillé auprès de multiples exploitations françaises. Payées bien moins que le SMIC, elles ont oeuvré pendant des années largement au-delà des 48 heures maximales par semaine. Humiliées, harcelées, privées de certains droits élémentaires, les deux femmes racontent à Reporterre leurs « années noires » en France. Issus de Pologne, d'Espagne ou de Roumanie, plus de 67 000 travailleurs détachés officieraient dans l'agriculture de l'hexagone. A lire dans Reporterre.

Remplacer les pavés par des fleurs

Afin de donner un coup de pousse au vivant dans les villes bétonnées, elles et ils ont inventé le « biodalisme » : contraction de vandalisme et de biodiversité.

© Compte instagram de Biodalisme

A la tombée de la nuit, ses adeptes parcourent les rues de Paris à la recherche de pavés à défaire. A la place, sont plantées des pousses de différents végétaux. 

L'objectif, c'est de rendre un peu de ville à la nature alors que les municipalités ont des politiques encore bien trop timides en la matière. Des actions ont déjà été menées à Paris, Orléans et Montpellier, raconte le site PositivR. Les images en sont à retrouver sur la page Instagram du mouvement.

Entretien de We Demain avec Fanny Ehl, designeuse parisienne à l'origine du mouvement.