La quotidienne

Sonnez Willy !

Chères toutes et chers tous,

🎙️ Cette semaine, notre journaliste Anne-Claire Poirier est à l’affiche du podcast The Big shift. Au micro de Xavier Seux, elle a tenté l'exercice périlleux de mettre tout le monde d'accord sur le nucléaire ! L’épisode intitulé « Pourquoi le nucléaire divise-t-il autant ? » est à écouter ici et sur toutes vos applications de podcast.

🗣️ Ce sont les derniers jours pour candidater à notre offre d'emploi pour un·e journaliste/chef·fe d'édition web en CDI ! Tous les détails sont à retrouver ici.

PS : Oui, nous savons que Willy est un orque et pas un dauphin, mais on aimerait vous y voir, à chercher chaque jour un nouveau jeu de mots pas piqué des vers !


Alors que meurent les dauphins à bas bruit, certains sonnent l’alarme du fond des mers aux palais de justice.


Échouages de dauphins : les associations réclament des mesures

Captures et cran. Plusieurs associations françaises se mobilisent dans la rue et en justice pour mettre fin aux échouages massifs de cétacés sur les côtes françaises. Elles réclament des suspensions temporaires et locales de certaines méthodes de pêche.

Cet hiver, 395 petits cétacés ont été retrouvés morts sur la façade Atlantique et près de 40 autres sur le littoral de la Manche. 90% de ces animaux étaient des dauphins communs, considérés comme protégés. Ces chiffres ne représentent qu’une partie des dauphins morts dont les corps ont plutôt tendance à être mangés, à couler ou à se détériorer en mer. La LPO considère que 8 000 à 10 000 dauphins pourraient ainsi être décimés au large des côtes françaises chaque année.

Si le phénomène a sans doute plusieurs raisons, il est clair pour les scientifiques de Pelagis, l’observatoire des mammifères et oiseaux marins du CNRS, que les captures accidentelles par les pêcheur·ses sont «la principale cause de mortalité observée». Pêche au chalut (un filet remorqué en forme d’entonnoir), filets maillants (panneaux verticaux disposés en ligne) et autres trémails (constitués de trois nappes de maille) ; ces méthodes de pêche trop peu sélectives ont un très lourd impact sur la biodiversité, estiment scientifiques et associations.

400 portraits de dauphins exposés par la Ligue de protection des oiseaux sur l’esplanade des Invalides, à Paris, le 22 février. © LPO

La défense des mammifères marins se joue désormais de plus en plus dans les prétoires. La France a déjà été condamnée à ce sujet par le tribunal administratif en 2020, puis mise en demeure par la Commission européenne après la plainte de 26 ONG en 2019. Ce vendredi 24 février 2023, le Conseil d’État tiendra une nouvelle audience faisant suite à un recours en justice déposé en 2021 par France Nature Environnement (FNE).

«Ce qui se joue, c'est une fermeture des pêcheries, pour l’hiver prochain, on l’espère. C’est donc la vie de milliers de dauphins qui est en jeu devant le conseil d'Etat, explique à Vert Jérôme Graefe, juriste de FNE. 

Ce mercredi, la LPO organise un rassemblement à Paris pour présenter deux nouvelles actions en justice : l’une auprès de la Commission européenne et un recours gracieux auprès du secrétaire d’Etat chargé de la Mer, Hervé Berville. «Il suffirait de suspendre les pratiques de pêche en cause pendant plusieurs semaines dans le Golfe de Gascogne pour épargner la grande majorité des dauphins», estime la LPO. 

La version longue de cet article est à retrouver ici

· Les producteurs d'hydrocarbures n'en font pas assez pour diminuer les fuites de méthane, alerte l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ce mardi. Alors que près de 75% des rejets de ce puissant gaz à effet de serre pourraient être évités avec les technologies existantes, le secteur de l’énergie rechigne à utiliser ses bénéfices records pour améliorer ses équipements. - Libération

· Mardi encore, la Tanzanie a donné son accord pour la construction de l’oléoduc Tilenga-EACOP qui vise à transporter le pétrole bientôt extrait de 400 puits en Ouganda jusqu’à l’océan Indien. Après la validation, en janvier, du gouvernement ougandais, le pétrolier TotalEnergies espère une mise en service pour 2025. Le projet fait l’objet d’une vive contestation de la part des populations expropriées et des associations de défense de l'environnement. - Connaissances des énergies (AFP)

· Mardi toujours, la Commission européenne a annoncé la fin de la pêche au chalut de fond dans les aires marines protégées d’ici 2030. Très émettrice en CO2 et néfaste pour la biodiversité, cette technique de pêche visant à racler les fonds marins devra être «éliminée progressivement» selon un calendrier fixé par les Etats membres. - Franceinfo

Cliquez sur l'image pour l'afficher en grand © Sanaga pour Vert

Des répulsifs sonores contre les prises accidentelles de dauphins : une solution qui fait du bruit

Cétacé fort ? Des programmes de recherche tentent de reproduire le son des dauphins pour les empêcher d’approcher les filets de pêche. Sous la pression de l’Union européenne, la France vient d’élargir l’expérimentation de cette technologie à la moitié des bateaux du Golfe de Gascogne.

Comme une alarme ressentie à plusieurs centaines de mètres à la ronde, le «pinger» - aujourd’hui le plus répandu - agit comme un répulsif pour les dauphins. D’abord installé sur les plus gros bateaux de pêches - les chalutiers - à partir de 2008, ce système sonore va désormais équiper la coque de près de 130 fileyeurs - des navires de moins de douze mètres.

Pour répondre aux rappels à l’ordre de la Commission européenne sur la conservation des espèces protégées, le gouvernement a annoncé l’expérimentation de trois technologies à grande échelle avant de les généraliser pour tous les pêcheur·ses de la zone.
 

Des systèmes efficaces, mais dont la généralisation interroge

«L’équipement des chalutiers a permis de réduire de 70% les prises accidentelles de dauphins», se félicite Yves Le Gall, chargé du programme à l’Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). L’examen des animaux échoués a pourtant montré que les chalutiers n’étaient pas à l’origine de la grande majorité des prises accidentelles. L’attention se concentre donc désormais sur les fileyeurs, beaucoup plus nombreux et difficiles à équiper.

Pour contourner le problème, les pingers sont accrochés sur les coques des bateaux et non sur les filets ; ils ne seront par ailleurs utilisés qu’au moment de la mise en eau des filets. Problème : «S’il n’y avait que quelques dizaines de bateaux de pêche, ça pourrait s’entendre, mais là, on va éloigner les dauphins sur des milliers de kilomètres carrés», s’inquiète Lamya Essemlali, porte-parole de l’association de défense des animaux marins Sea Shepherd. «On va les éloigner au maximum de 300 mètres ce qui ne les perturbe pas pour trouver de la nourriture», répond Yves Le Gall. Il précise que le système n’a pour l’instant jamais été expérimenté à si grande échelle.

Derrière cette technologie, les pêcheur·ses espèrent pourtant trouver un moyen de continuer leurs activités tout en respectant les traités internationaux de protection des mammifères marins. Du côté des associations de défense de l’environnement, on ne voit qu’un remède : le changement des pratiques de pêche et des habitudes de consommation de poisson.

Quelles énergies pour demain ?

Fossile à dire. Si la sortie des énergies fossiles est un impératif climatique, les moyens à mettre en place pour y parvenir relèvent de choix de société. En pleine relance du nucléaire français, le magazine Kaizen a réunit deux experts aux analyses antithétiques : le nucléophile Jean-Marc Jancovici et le défenseur des renouvelables Yves Marignac. Un débat de haut volt !

© Kaizen magazine

+ Loup Espargilière, Aurélie Delmas, Alban Leduc, Justine Prados et Sanaga ont contribué à ce numéro.