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Pour le climat, les dirigeants se réunissent au sommet, mais les solutions ne tomberont pas du ciel.

COP26 : les cases à cocher pour pouvoir parler de «succès»
La 26è conférence de l’ONU (COP26) sur le climat, qui débute dimanche à Glasgow (Royaume-Uni), doit donner chair à l'Accord de Paris de 2015. Tour d’horizon de ce qui permettrait d’en faire un succès.
Cinq ans (plus une année blanche en raison du Covid) après la COP21 de Paris, les leaders devront avant tout montrer qu'ils tiennent leur promesse de maintenir le réchauffement climatique « nettement en-dessous de 2°C » par rapport à l'ère pré-industrielle, objectif de l’Accord de Paris. L'outil principal pour s'en assurer porte le nom de Contributions déterminées au niveau national (ou NDCs), sorte de feuilles de route climatiques que les pays doivent réactualiser au moins tous les cinq ans. Or celles-ci constituent, en l'état, « un aller simple vers le désastre » selon le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Dans un bilan paru mardi, l'organisation constate que seuls 121 des 191 signataires ont mis à jour leur NDC, plaçant la planète sur une trajectoire de +2,7°C d’ici la fin du siècle.
Les nouvelles NDCs qui seront présentées, notamment par les plus gros émetteurs, seront scrutées de près, alors que le suspens est toujours total du côté de la Chine, l'Inde, la Turquie ou l'Arabie Saoudite. Dès ce week-end, les regards seront tournés vers Milan (Italie) où se tient le sommet du G20. Les 20 pays les plus riches totalisent à eux seuls 80% des émissions de gaz à effet de serre. Les annonces de mesures ambitieuses mettraient la COP sur de bons rails. Mais l'agenda est pollué par les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, ainsi que les crises conjuguées du Covid et de l'énergie (Vert).

Autre sujet crucial : la mobilisation de financements publics et privés pour aider les pays du sud à s'adapter au changement climatique. Ces derniers arrivent à la COP écœurés par le manque de solidarité internationale, alors que de nombreuses délégations ont eu toutes les peines du monde à présenter un schéma vaccinal complet. Dans ce contexte, le transfert de 100 milliards de dollars annuels entre 2020 et 2025 promis il y a plus de dix ans est « une promesse totémique, un enjeu de confiance », a averti le président de la COP26 Alok Sharma lors de son allocution à l'Unesco le 12 octobre. Les dernières évaluations montrent que l'objectif ne sera atteint qu'en 2023.
Enfin, les négociateur·rice·s auront pour mandat de discuter des points techniques mais cruciaux de l'Accord de Paris comme la création d'un marché mondial du carbone, qui permettrait aux pays de s'échanger des quotas d'émissions de CO2, ou l'application d'un cadre de transparence renforcé pour mieux vérifier la réalité des engagements nationaux.

· Mercredi, dix activistes des Amis de la Terre et d’Alternatiba ont été libéré·e·s à l'issue de 24 heures de garde à vue dans un commissariat parisien. La veille, elles et ils avaient perturbé le Climate Finance Day - raout de la finance durable où Vert s’est rendu, et s’étaient notamment aspergé·e·s de faux mazout pour dénoncer les investissements des entreprises dans les hydrocarbures. Les militant·e·s ont écopé d'un rappel à la loi pour avoir dégradé la moquette de la salle où le ministre de l’économie Bruno Le Maire tenait un discours.
· A Madagascar, la crise climatique met un million de personnes au bord de la famine, selon un rapport d'Amnesty International. Une sécheresse historique a réduit les récoltes à néant et la déforestation massive, qui a déjà détruit 90 % de la forêt originelle, favorise la formation des tempêtes de sable qui dessèchent les champs et polluent les sources d’eau. La pandémie de Covid a étouffé le reste d'activité économique et aujourd’hui, plus de neuf habitants sur dix se trouvent en dessous du seuil de pauvreté, raconte Libération.


0,5%
On touche les fonds. La finance privée est centrale dans le financement de la transition écologique et énergétique. Mais la recherche de profits n'est pas compatible avec les impératifs climatiques, comme le révèle une récente étude du Carbon disclosure project (CDP). Cette association internationale spécialisée dans la collecte de données sur les émissions de gaz à effet de serre des entreprises a scanné le portefeuille d'investissement de 16 500 fonds, représentant 27 000 milliards de dollars. Or, seuls 158 d'entre eux – soit 0,5% des actifs investis – sont engagés auprès d'entreprises qui répondent aux objectifs de l'Accord de Paris sur le climat. A l'inverse, plus de 8 000 fonds totalisant 62% des actifs dérapent, avec des investissements qui correspondent à une hausse des températures supérieure à 2,75 degrés d'ici la fin du siècle.

Supprimer les liaisons aériennes facilement remplaçables par le train en Europe
Pour que le train décolle. Une large part des liaisons aériennes les plus fréquentées en Europe pourraient aisément être remplacées par des trajets en train, selon une étude commandée par Greenpeace.
Perturbé par la pandémie, le trafic aérien mondial devrait retrouver son niveau d'avant-crise à partir de 2024, selon les prévisions de l'IATA, qui représente la plupart des grandes compagnies aériennes. La croissance du trafic pourrait ensuite atteindre 3,6% par an, estime encore l'IATA. Moyen de transport réservé à une poignée de personnes (1% de la population mondiale est responsable de 50% des émissions de l'aviation commerciale), l'avion est une cause importante du réchauffement planétaire.
Pour tenter de réduire l'impact de ce secteur en Europe, Greenpeace a mandaté le think tank OBC Transeuropa. Celui-ci a passé au crible les 150 liaisons aériennes les plus empruntées dans l'Union ; des vols court-courrier de moins de 1 500 kilomètres. Il apparaît qu'un tiers de ces trajets pourraient être réalisés en moins de six heures de train. Comme le Paris-Amsterdam qui émet dix plus en avion (119 kg d'équivalent CO2 par passager contre 11,5 kg en train), pour un trajet de 3h23 en train.
L'ONG appelle les gouvernements et l'Europe à supprimer de telles lignes lorsque le même trajet est faisable en moins de six heures de train. Ce qui permettrait d'économiser 3,5 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an, selon Greenpeace. En France, la Convention citoyenne pour le climat avait proposé d'abaisser cette marque à quatre heures. Le gouvernement a finalement choisi de s'en tenir à 2h30, en excluant les correspondances, ce qui ne devrait concerner qu'un à trois vols intérieurs.
Pour accélérer le passage au train, Greenpeace suggère également de mettre en place de meilleures liaisons ferroviaires, notamment de nuit, et de construire un système ferroviaire à l'échelle européenne.

Extinction n'est pas raison
Climatosaure. Alors que s'ouvrent ce week-end deux sommets cruciaux pour le climat - le G20 et la COP26 - qui d'autre qu'un tyrannosaure pour ramener les diplomates à la raison ? « J'en connais un rayon à propos d'extinction », explique la créature dans un court métrage diffusé hier par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). « Mais alors causer sa propre extinction, en 70 millions d'années c'est la chose la plus absurde que j'ai jamais entendue ! » Drôle et glaçant en même temps, le spot est baptisé « Ne choisissez pas l'extinction ». Tout y est.

+ Loup Espargilière a contribué à ce numéro