Roger, Greta et les autres

Roger Federer, Greta Thunberg, les activistes et le Crédit Suisse

Jeu, set et match. Lundi 13 janvier, les activistes qui avaient fait un tennis dans les locaux du Crédit suisse pour alerter sur le réchauffement climatique ont été acquittés dans un jugement « qui fera date »prédit le journal le Temps

Un jour de novembre 2018, 12 militants pour la cause climatique investissent les locaux du Crédit suisse à Lausanne pour y faire une partie de tennis. Ils veulent dénoncer le soutien de la banque aux énergies fossiles et attirer l'attention de Roger Federer, champion de tennis sponsorisé par la firme.

Les 7 et 8 janvier derniers, ils comparaissaient devant le tribunal de police de Lausanne pour cette occupation illégale. Au lendemain d'une première journée d'audience qui voit se succéder les témoignages sur la catastrophe climatique en cours, Greta Thunberg entre dans la danse et alpague Roger Federer sur Twitter. Elle retweete une publication qui s'adresse au tennisman :

« Depuis 2016, le Crédit Suisse a fourni 57 milliards de dollars aux entreprises à la recherche de nouveaux gisements de combustibles fossiles - ce qui est profondément incompatible avec l'action climatique. Roger Federer, est-ce que tu soutiens cela ? »

Fait rare, Roger Federer décide de prendre position. Alors en Australie (toujours ravagée par les incendies) pour préparer l'Open de tennis qui doit commencer la semaine suivante, il déclare être « reconnaissant envers les jeunes activistes du climat de nous avoir tous poussés à examiner nos comportements »comme l'a rapporté le Parisien. Dans son communiqué, il ajoute : « J'apprécie les rappels concernant ma responsabilité en tant que particulier, en tant qu'athlète et en tant qu'entrepreneur, et je m'engage à utiliser cette position privilégiée pour dialoguer sur des questions importantes avec mes sponsors ». 

De quoi donner des sueurs froides au Crédit suisse qui s'est empressé de publier un communiqué, lundi 13 janvier, pour défendre son bilan carbone, a rapporté le Temps. Le même jour, le tribunal de Lausanne prononçait l'acquittement des 12 prévenus, en invoquant l'état de « nécessité licite ». Autrement dit, l'impératif de la lutte contre le réchauffement climatique peut justifier de contourner la loi. 

Un jugement fort, qui donne entièrement raison aux militants et aux moyens employés, alors que plusieurs procès du même type doivent s'ouvrir au cours des prochains mois en Suisse. A lire dans le Temps.

Siemens continue de soutenir un mégaprojet minier en Australie 

Il est une autre firme qui ferait bien de s'inspirer de cette histoire. Hélas, dimanche 12 janvier, l'entreprise allemande Siemens a annoncé qu'elle continuait à soutenir le gigantesque projet de mine de charbon dans le Queensland, en Australie. 

Comme le raconte l'AFP, le conglomérat refuse de faire une croix sur le contrat à 18 millions de dollars qu'elle a passé avec Adani, la firme indienne qui doit exploiter la future plus grande mine du pays. L'Australie est déjà l'un des principaux exportateurs mondiaux de charbon. Siemens doit fournir la signalétique du chemin de fer qui acheminera le combustible. 

La direction de l'entreprise a décidé de faire la sourde oreille aux protestations des défenseurs de l'environnement à travers le monde qui contestent le projet depuis des années. Samedi 11 janvier, des activistes manifestaient encore devant le siège de Siemens à Munich, en Allemagne.

On dirait une plaisanterie : sur Twitter, Joe Kaeser, le patron de Siemens a annoncé la création future d'un conseil du développement durable « afin de mieux s'occuper de protection environnementale dans le futur ». Le charbon est responsable de près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dues à l'énergie.
 

Protéger la biodiversité pour éviter la sixième extinction de masse

Pour le dire simplement : la sixième extinction de masse des espèces animales pourrait entraîner celle de l'Homme. Afin d'éviter ce scénario apocalyptique, les pays du monde entier doivent se réunir à l'occasion de la COP15 sur la biodiversité, qui se tiendra en octobre à Kunming, en Chine. Lundi 13 janvier, les experts de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique ont présenté une ébauche de texte, sur lequel les Etats auront à se prononcer. 

Parmi la vingtaine de mesures proposées : la protection d'un tiers des océans et de la surface terrestre d'ici à 2030 afin de laisser la biodiversité s'y redévelopper. Comme l'explique le Monde, les zones protégées représentent aujourd'hui 17 % des surfaces terrestres et 10 % des zones maritimes.

Les rédacteurs du projet de texte suggèrent également de réduire de moitié la pollution aux pesticides et celle causée par le plastique, d'introduire le contrôle des espèces invasives ou encore, de faire participer les peuples autochtones et les communautés locales à la prise de décisions sur la biodiversité. A lire dans le Guardian.
 

De la mousse pas très festive sur les plages de Biarritz

Après la tempête Amélie, qui avait frappé la façade atlantique française tout début novembre 2019, de larges amas de mousse s'étaient notamment formés sur les plages de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Après analyses, l'association écologiste Sepanso a confirmé que cette mousse était issue de molécules de détergents, comme l'a rapporté l'AFP

On retrouve ces tensio-actifs dans les gels-douche, shampooings, dentifrices et pastilles pour lave-vaisselle. Une fois dans la mer, ces produits ont un impact délétère sur la faune et la flore locales. En août 2019, la Sepanso et France Nature Environnement avaient déjà réclamé, en vain, l'interdiction des détergents pétrochimiques aux dirigeants du G7, lequel se tenait à Biarritz.

Ce n'est de loin pas la première fois que cette forme de pollution se manifeste à Biarritz, ou même dans le Golfe de Gascogne, comme le Monde l'avait déjà raconté.

Le vélo explose dans les villes françaises, pas dans les campagnes

La petite reine fait florès dans les plus grandes villes de France. Et ce n'est pas uniquement grâce à la grève, comme le raconte le Monde dans son enquête. En septembre 2019, le nombre de déplacements effectués sur les grands axes de Paris avait déjà augmenté de moitié par rapport à l'année précédente.

Ces derniers mois, le vélo explose également à Lille, Lyon, ou Toulouse. Au 25ème rang européen, la France serait-elle en train de rattraper son retard, alors que la part modale du vélo ne représente que 4% des déplacements ?

Rien n'est moins sûr, explique le Monde, alors qu'en parallèle de sa popularité croissante dans les villes, le vélo recule dans les zones rurales et périurbaines. Et c'est en banlieue que la population française augmente le plus vite.

L'objectif, fixé dans le plan vélo du gouvernement (lancé en septembre 2018), d'atteindre 9% des déplacements d'ici 2024, paraît inatteignable faute d'investissement massif dans les infrastructures. Ce que se refuse à faire l'Etat pour l'heure. L'espoir vient plutôt des communes, encouragées par les associations comme la FUB (Fédération des usagers de la bicyclette), qui publiera opportunément son palmarès des villes les plus cyclables de France en février, à quelques semaines des prochaines élections municipales. A lire dans le Monde.

Faire figurer l'empreinte carbone sur les emballages des aliments

Après le nutri-score, qui attribue une note aux produits alimentaires en fonction de leurs effets sur la santé, voici, en quelque sorte, le « carbo-score ». Quorn, marque de substituts de viande à base de protéines de champignons a décidé de faire figurer l'empreinte carbone de ses produits sur leurs emballages

Comme le raconte le Guardian, le bilan « de la ferme au magasin » sera certifié par le Carbon trust, organisation spécialisée dans la réduction de l'empreinte carbone. Une innovation qui décidera peut-être les consommateurs à modifier leurs pratiques alimentaires lorsque ceux-ci se rendront compte des écarts colossaux d'un produit à l'autre : selon les calculs de Quorn, sa « viande de champignon » génère dix fois moins de CO2 que du bœuf.

Cinq bonnes nouvelles pour janvier

En Ouganda, les gorilles des montagnes se portent de mieux en mieux ; En Zambie, le parc national du Bas-Zambèze ne sera pas défiguré par un projet minier Australien (tiens, tiens) ; Dans les Galapagos, on a vu reparaître une tortue que l'on pensait éteinte. Brut nous gâte avec cinq bonnes nouvelles en ce mois de janvier peu propice à l'optimisme.

© Brut