La quotidienne

Retour à l’envoyeur

Chères toutes et chers tous, 

A partir de la semaine prochaine, votre lettre quotidienne passe à l'heure d'été.

Vous recevrez, chaque mercredi, un condensé de l'actualité des sept derniers jours. Nous espérons que ce format vous plaira.


A force d'envoyer des colis piégés au climat, ceux-ci risquent de nous revenir en pleine face.


Le sud-ouest des Etats-Unis est ravagé par une vague de chaleur

C'est pas cool. Avant même que l'été n'arrive, le Southwest des Etats-Unis est accablé par la chaleur et la sécheresse.

51°C à Palm springs (Californie), 42°C à Salt Lake City (Utah), ville située à 1288 mètres d'altitude, 53,2°C mesurés le 17 juin dans la vallée de la mort, à 1,2°C du record absolu datant... d'août 2020 ; depuis plusieurs semaines, le mercure s'affole dans les Etats du Sud-ouest américain.

Une vague de chaleur ravageuse et particulièrement précoce, qui survient avant même le début de l'été et génère déjà des pénuries d'eau. Depuis le mois de mars, la sécheresse se surajoute aux déficits des années précédentes et frappe de nombreuses régions agricoles, comme la Central valley californienne. Les vastes retenues artificielles destinées à l'irrigation et à l'alimentation des villes se vident petit à petit. Etabli sur le fleuve Colorado, le lac Mead - plus grand réservoir des Etats-Unis - est au plus bas depuis sa construction, dans les années 1930, indique le Los Angeles Times. Une situation qui laisse craindre des conflits croissants entre agriculteur·rice·s et municipalités, ainsi que des problèmes d'approvisionnement énergétique : la production électrique du barrage Hoover, qui ferme le lac Mead, a déjà diminué de 25% (Guardian).

Le lac Mead est au plus bas niveau jamais observé. © Northwalker

Autre sujet d'inquiétude : la saison des incendies a commencé très prématurément, après une année 2020 cauchemardesque, qui avait notamment vu San Francisco plongée dans un irréel brouillard orange de fumée (AFP). D'importants feux ont déjà consumé de nombreux hectares en Arizona, en Californie ou au Nouveau-Mexique (Knau).

Cette région, la plus sèche du pays, connaît une aridité croissante depuis le milieu du 20è siècle, qui s'aggrave encore depuis les années 2000, indique une nouvelle étude publiée dans Nature. Cet épisode, qui s'étale sur plusieurs décennies, est qualifié par les scientifiques de « méga-sécheresse ».

« La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas » : tel est le message brutal issu du résumé technique du futur rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), prévu pour février 2022, auquel l’AFP a eu accès. Signe de l'urgence, le ton tranche radicalement avec le style plus mesuré du précédent rapport, paru en 2014. Plus d'informations dans Libération (AFP).

Les violents orages qui ont éclaté ces derniers jours à travers la France ont causé « de sacrés dégâts, dans certains secteurs c’est catastrophique », a indiqué à l'AFP Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, principal syndicat d'agriculture « conventionnelle ». Seules quelques régions - Bretagne, PACA et Corse - ont été épargnées. Après les sécheresses, le gel tardif, puis la grêle : « la répétition des événements est très préoccupante, ça prouve que le changement climatique est à l’œuvre dans toutes ses dimensions », a encore indiqué Christiane Lambert. - Libération (AFP)

Dans son entrepôt de Dunfermline, en Ecosse, Amazon détruit des millions d'objets invendus chaque année, révèle une enquête d'ITV news publiée lundi. Smartphones, aspirateurs, masques contre le Covid encore emballés... « Notre objectif était généralement de détruire 130 000 objets par semaine », indique un employé sous couvert d'anonymat. Ces biens qui auraient pu être donnés sont envoyés dans des centres de tri et parfois même directement enfouis. - ITV News (anglais)

Climat : les 12 excuses pour ne rien faire

Une équipe de spécialistes du climat a décortiqué les grandes familles d'arguments employés pour ne pas lutter sérieusement contre le bouleversement du climat.

« C'est vrai que le climat se réchauffe, mais »... Ces dernières années, le bon vieux climatoscepticisme qui avait cours jusqu'aux années 2010 a laissé la place à un phénomène plus pernicieux. Désormais, décideurs politiques, industriels et citoyens ont adopté d'autres astuces pour ne rien changer sur le fond. Dans un article publié dans la revue Global Sustainability, une équipe pluridisciplinaire faite de climatologues, psychologues ou sociologues s'est attelée à décortiquer les discours de l'inaction climatique.

Il ressort de leur analyse 12 arguments, rassemblés au sein de 4 grandes familles : la redirection de la responsabilité vers d'autres ; le plaidoyer pour des solutions au rabais ; l'accent mis sur les mauvais côtés de la transition ; la reddition pure et simple. Voici le tableau qui illustre leur typologie, traduit par nos soins :

La typologie des arguments employés par les tenants de l'inaction, traduite par Vert. Cliquez sur l'image pour l'afficher en grand.

Pour aller plus loin, le site Bon pote a créé un jeu de carte comprenant une série de contre-arguments pour chacune de ces mauvaises excuses.

Des élèves de la haute fonction publique réclament d'être formés à la transition écologique

Une école buissonnière ? Dans une tribune publiée mardi dans le Monde, 138 élèves du futur Institut national du service public (INSP) réclament une refonte « en profondeur » de leur cursus pour que celui-ci intègre les enjeux climatiques.

« Les conséquences des changements climatiques et des pertes de biodiversité compromettent dès à présent, de manière irréversible, notre capacité à assumer demain les missions du service public ». Les mots des actuels élèves de l'Ecole nationale d'administration (ENA), qui sera remplacée par l'INSP en janvier 2022, sont cinglants.

Dans leur lettre ouverte, elles et ils s'estiment « insuffisamment compétents et trop peu armés pour conduire la transition écologique sur le terrain ». Ces futurs cadres de la fonction publique réclament d'être « très solidement formés aux questions techniques, sociales et éthiques de cette transition », alors que leur cursus actuel ne consacre qu'une vingtaine d'heures à ces sujets.

Les pétitionnaires formulent également un souhait qui touche au cœur du fonctionnement de l'actuelle ENA : « la haute fonction publique se doit de réaffirmer son rôle de conseiller et non de courtisan. Loin de l’application de solutions toutes faites, nos formations doivent cultiver notre capacité à la controverse et au doute ainsi que notre esprit critique, notamment grâce à un lien considérablement renforcé avec le monde de la recherche ».

Enfin, les étudiant·e·s demandent à leurs futurs employeurs que les propositions de poste en sortie d’école, puis tout au long de leur carrière, explicitent la manière dont leurs fonctions participeront à atteindre les engagements climatiques de la France.

Envoyé spécial : très chers colis

Bon sens : inconnu à cette adresse. Amazon et les mille entreprises qui pratiquent le e-commerce ont poussé les consommateurs à réexpédier de plus en plus souvent leurs colis pour un article dont la taille ou la couleur ne convient pas. Une nouvelle habitude qui a un impact écologique terrible, comme le raconte ce reportage d'Envoyé spécial.

© Envoyé spécial