Record noir et vertes bicyclettes

Le record noir de Saudi Aramco

Tant que l'on n'aura pas soigné notre addiction au pétrole, Vert sera contraint de relater des informations aussi invraisemblables que celle-ci. Le record de la plus grosse introduction en bourse est sur le point d'être battu et cette fois ce n'est pas par une entreprise de la Silicon Valley. Le 12 décembre, Saudi Aramco, la compagnie pétrolière nationale d'Arabie Saoudite, réalisera son entrée en bourse avec une première émission d'actions de 25,6 milliards de dollars. Battant ainsi le précédent record, détenu par le chinois Ali Baba (25 milliards de dollars) depuis 2014. L'entreprise est valorisée à 1700 milliards de dollars, ce qui la place également en première position, loin devant Apple (1180 milliards). 

L'opération doit permettre d'alimenter un fonds visant à diversifier une économie saoudienne encore très dépendante au pétrole. Comme le raconte le Monde, l'opération a suscité bien moins d'enthousiasme que prévu parmi les investisseurs internationaux. Pour vendre les actions Saudi Aramco, le roi Mohammed Ben Salmane a dû se tourner vers sa population ainsi que les monarchies voisines du Koweit et d'Abou Dhabi 

La compagnie a un impact majeur sur les émissions globales de CO2 : elle produit aujourd'hui un baril sur 10 dans le monde et elle serait assise sur des réserves quatre fois plus importantes que celles des grandes majors du pétrole (ExxonMobil, Shell, BP, Chevron et Total) cumulées. Plus d'informations à lire dans le Monde (abonnés).

Extinction Rebellion et la trottinette électrique...

Il existe plusieurs solutions pour réduire notre consommation de pétrole, mais celle-ci ne convient pas à tout le monde. Chez Extinction Rebellion (XR), on dit « niet » aux trottinettes. En prévision de la journée de grève nationale du 5 décembre, des militants du mouvement climatique ont mis hors d'état de nuire des milliers de ces engins électriques qui fleurissent sur les trottoirs des grandes villes françaises. 

Au total, l'organisation revendique 2020 véhicules hors-service à Paris, 1500 à Lyon, 90 à Bordeaux. Que les adeptes de l'action non-violente se rassurent, les trottinettes n'ont pas été détruites : les militants ont simplement rendu illisibles les QR codes nécessaires à leur déblocage.

Compte Twitter d'Extinction Rebellion

Parmi les griefs adressés aux trottinettes, XR leur reproche de servir de briseuses de grève : elles amoindriraient l'impact de la grève menée dans les transports en commun. La RATP a noué des partenariats avec de nombreuses entreprises comme Lime, Dott, Circ et Voi pour proposer des tarifs réduits aux usagers. 

Enfin, « contrairement à leur image de mode de déplacement doux et vert, les trottinettes électriques sont une catastrophe écologique », pointe du doigt XR, dans un communiqué que cite le Parisien. Difficile de leur donner tort :
 

… un transport « doux » aussi polluant que la voiture

Le mastodonte international Arcadis, spécialisé dans l'ingénierie et le conseil, a publié, fin novembre, une étude qui montre l'impact réel des trottinettes électriques sur le climat. Et celles-ci produiraient des quantités de gaz à effet de serre (GES) comparables à celles émises par la voiture ! En tenant compte des matériaux utilisés ou de la faible durée de vie des engins, les auteurs de l'étude ont calculé qu'à Paris, la trottinette émet environ 100 grammes d'équivalent CO2 par kilomètre parcouru pour un conducteur. Soit à peine moins que le passager d'un covoiturage.

© Arcadis

Comme l'explique l'étude : « plus de la moitié de ce chiffre provient de la fabrication et du transport, et plus d’un tiers de l’exploitation (c’est-à-dire des moyens déployés pour aller récupérer les trottinettes sur l’espace public, les recharger et les réparer hors-site) ». Les trottinettes sont un moyen de locomotion « particulièrement carboné », dit encore le rapport. Elles ne constituent donc en rien une réponse aux émissions de CO2 des transports, qui comptent pour un tiers de la production de GES en France. 

Et ce n'est pas tout. En avril 2019, après une enquête menée auprès d'usagers de trottinettes électriques, le bureau d'études 6T a révélé que celles-ci se substituaient aux déplacements à pied et à vélo et non à la voiture. Aggravant donc encore le bilan carbone des déplacements. Voilà qui donne une raison supplémentaire à Extinction rebellion de « renouveler cette opération jusqu'à mettre ces jouets des capitalistes verts hors de nos villes »

Plus d'informations sur le site de Mobilités magazine
 

Vélo : la pluie n'est plus une excuse

« Oui mais s'il pleut ? » peut-on souvent entendre de la bouche de celles et ceux qui rechignent à se mettre au vélo pour aller au travail. Eh bien, la réponse est toute trouvée, elle prend la forme d'une étude, menée par un météorologiste de Météo France : les « vélotafeurs » ne sont presque jamais mouillés

Alexandre Trajan, qui travaille à la direction interrégionale Nord-Est de l'institut, a fait les calculs pour chaque ville et en prenant en compte différentes durées de trajet. Pour un déplacement quotidien de 30 minutes aller, puis retour, un cycliste sera mouillé moins de deux fois par mois en moyenne. Les données, ville par ville, de cette étude sont mises en graphiques sur le site de Libération
 

Vers une réouverture de Lubrizol

Voilà qui ressemble fort à une fumisterie. La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de Normandie, service déconcentré de l'Etat, valide le principe d'une réouverture partielle de Lubrizol, cette usine de produits chimiques partie en flamme, fin septembre 2019. 

Le conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) doit encore donner son accord, mardi 10 décembre. Il se basera sur cet arrêté de la Dreal pour confirmer ou refuser la reprise de l'activité. Le préfet a déjà annoncé qu'il suivrait cet avis.

Deux unités de mélange qui n’ont pas été touchées par l’incendie sont concernées par la demande de redémarrage. Pour justifier son arrêté, la Dreal invoque la nécessité économique. C'est l'argument déjà plaidé par le groupe américain qui possède l'usine. La Dreal balaie par ailleurs les critiques et les craintes énoncées par les associations environnementales et les élus locaux. 

Dans son enquête, le Monde rappelle les manquements de la Dreal, qui avait évalué les risques d'un incident chez Lubrizol à « au maximum une fois tous les 10 000 ans » et n'avait pas vu de problème à ce que l'entreprise stocke des produits dangereux chez son voisin, Normandie Logistique, non classé en site Seveso. 

L'arrêté est d'autant plus surprenant que ni l'enquête judiciaire, ni la commission d'enquête parlementaire n'ont donné leurs conclusions sur ce qu'il s'est passé le jour de l'incendie, le 26 septembre dernier. L'origine du feu n'est toujours pas déterminée. 
 

L'Afrique de l'Est sous l'eau

Le responsable s'appelle le dipôle de l'océan Indien. Et il met la tête de plusieurs pays d'Afrique de l'Est sous des trombes d'eau depuis plusieurs jours. Comme le raconte le Monde, il est par exemple tombé l'équivalent de deux années de pluie en une seule journée à Djibouti le 27 novembre. La Somalie, le Kenya, l'Ouganda, la République démocratique du Congo ou encore le Soudan du Sud subissent pluies torrentielles, inondations et coulées de boue à des degrés divers. Ces événements provoquent des destructions de champs cultivés et de troupeaux. 

Le phénomène est dû à une augmentation de la température des eaux de surface le long des côtes de l'Afrique de l'Est. Il ressemble à son cousin du Pacifique El Niño. Les fortes pluies devraient se poursuivre dans une moindre mesure durant tout le mois de décembre. A lire dans le Monde (accès libre).

 

Un « viernes por el futuro » à Madrid

Les jeunes de « Fridays for future » comptent bien maintenir la pression sur les décideurs politiques qui phosphorent à l'occasion de la COP25 à Madrid. Ils se rendent aujourd'hui dans la capitale espagnole pour une édition spéciale des vendredis chômés pour la planète. Parmi les manifestants, Greta Thunberg, revenue des Etats-Unis en voilier il y a quelques jours, devrait prendre la parole. 

Le mouvement 350.org, qui participe à l'organisation de la mobilisation de ce jour, prévoit la participation de 10 000 personnes à des manifestations parallèles à Santiago du Chili où devait se tenir initialement la COP, et à Madrid.

Le WWF, ONG de protection des animaux, a trouvé une autre manière d'interpeller les grands de ce monde au sujet de l'urgence climatique. L'association a détourné quelques-unes des plus célèbres œuvres du musée madrilène du Prado en y incluant les effets du réchauffement. C'est ainsi que les Enfants à la plage de Joaquín Sorolla se baignent au milieu de poissons morts ou que le cheval de Philippe IV, peint par Diego Velazquez se retrouve sous l'eau. Les plus fins faussaires n'y verraient que du feu. À lire dans le Huffington post.

© WWF / Musée du Prado

Soigner le coup de greens

A lire Vert et son lot de nouvelles pessimistes chaque jour, vous avez peut-être déjà ressenti comme un petit coup de mou. Voire une grosse déprime. Vous n'êtes évidemment pas seul•e•s à vivre ce que l'on qualifie désormais d'éco-anxiété, voire de solastalgieReporterre, dont les journalistes sont probablement tous déjà passés par là, a demandé à des psychologues et à des éco-thérapeutes comment ceux-ci se proposaient de soigner cette forme de déprime encore mal comprise par les professionnels de la santé mentale.

Âmes sensibles s'abstenir. Les âmes peu sensibles sont également prévenues : les images qui vont suivre sont brutales. Aussi brutales que les dizaines de milliers de sacrifices d'animaux réalisés à l'occasion de Gadhimai, une fête hindoue qui a lieu tous les cinq ans au Népal. Dans cette vidéo, Brut nous raconte la lutte qui oppose les associations environnementalistes, soutenues par le gouvernement, et les fidèles qui perpétuent ces abattages massifs au nom de la tradition.

Scènes de la vie sauvage

Cette fois-ci, toutes les âmes sont invitées à regarder. Le muséum d'histoire naturelle de Londres cherche le vainqueur de son concours de photos de la vie sauvage. Les internautes sont invités à élire leur cliché préféré parmi les 25 photos que publie le Guardian (accès libre). Attention, c'est très joli.