La quotidienne

Rage against the bassine

Chères toutes et chers tous,

📣 Le saviez-vous ? Jusqu'en 2023, pendant les deux mois d'été, Vert passait à une seule édition hebdomadaire. Cette année, grâce à nos membres du Club, nous avons désormais les moyens de continuer à assurer une production quasi-quotidienne en juillet et en août. Merci à elles et eux 🙏


Et si on continuait de se creuser la tête pour éviter de toucher le fond ?


Malgré les heurts et la répression, la lutte contre les mégabassines retrouve du souffle dans le Poitou

Rage against the bassines. Entre les Deux-Sèvres, la Vienne et la Charente-Maritime, des milliers de personnes se sont retrouvées ce weekend pour s’opposer à une agro-industrie toujours plus gourmande en eau, et lui opposer un contre-modèle. Vert y était.

«Cette année, nous voulions éviter à tout prix le traumatisme moral et physique de l’année dernière, confie à Vert Léna Lazare, porte-parole des Soulèvements de la Terre, un an après les violents affrontements de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Cette fois, nous nous sommes organisés pour former une stratégie et une communication claire afin d’éviter les débordements», alors que les deux manifestations du weekend, organisées avec le collectif Bassines non merci (BNM) et Extinction Rébellion, ont été interdites par les préfectures de la Charente-Maritime et de la Vienne. Vendredi, à Migné-Auxences, au nord de Poitiers (Vienne), et samedi dans les rues de La Rochelle (Charente-Maritime), des affrontements avec les forces de l’ordre auront fait quatre blessés légers du côté des gendarmes et cinq du côté des manifestant·es. Au total, sept personnes ont été placées en garde à vue.
 

C’est la réprime

Vendredi, devant la paille qui se consume à cause de l’incendie provoqué dans un champ de Migné-Auxances par les bombes lacrymogènes employées par les forces de l’ordre, Pierre, agriculteur retraité des Deux-Sèvres, déplore «une disproportion des moyens engagés par les policiers face à nous».

L’incendie provoqué par les forces de l’ordre a écourté la manifestation. © Alexandre Carré/Vert

Dans cette scène de désolation, le cortège de 6 000 personnes qui devait se rendre au siège social de Cérience, un semencier français membre du groupe agro-industriel Terrena, est contraint de rebrousser chemin pour éviter les barrages de police. L’objectif était d’occuper le terrain de l’industriel pour dénoncer le modèle productiviste qui pousse les agriculteur·ices à construire des mégabassines, ces gigantesques retenues qui pompent dans les nappes phréatiques et privatisent la ressource en eau (notre article pour tout comprendre à ce sujet).

Un peu plus tôt, des militant·es tentaient une nouvelle technique de «désarmement» sur l’une des mégabassines du groupe industriel Pampr’œuf à Pamproux (Deux-Sèvres) : le largage de lentilles d’eau sur la surface de la bassine par des cerfs-volants. L'objectif, c’est qu’elles se développent dans l'eau stagnante de la bassine et en bouchent les pompes et tuyaux, pour mettre l'ouvrage hors d'état de nuire, explique à Vert Gwendoline, membre d’Extinction Rébellion.

👉 Cliquez ici pour lire la suite de ce reportage d’Alexandre Carré.

· Dans la nuit de samedi à dimanche, de violents orages ont éclaté dans l’est de la France, notamment en Haute-Marne, dans les Vosges ou encore dans le Puy-de-Dôme. Ils ont causé d’importantes inondations en Haute-Marne, où huit personnes ont été légèrement blessées. - France info (AFP)

· Dimanche, le fondateur de l’ONG Sea Shepherd, Paul Watson, a été arrêté au Groenland par les autorités danoises. Il était notamment visé par une notice rouge d’Interpol, à la suite d’un mandat d’arrêt lancé en 2012 par le Japon (où il pourrait être extradé) pour s’être opposé à la chasse baleinière illégale en Antarctique. Selon Sea Shepherd France, cette notice n’était plus en ligne, laissant croire à Paul Watson qu’il pouvait naviguer librement. L’activiste s’était aussi mobilisé contre les massacres de dauphins sur les îles Féroé, autre territoire danois. - Le Parisien

· Au total, quelque 100 000 personnes devraient se rendre en avion au festival de musique Tomorrowland, qui s’est ouvert ce weekend à Boom, près d’Anvers en Belgique, selon la plateforme de stratégie climatique Tapio. De quoi en faire le festival le plus carboné du pays et faire émettre environ 370 kilogrammes de CO2-équivalent à chaque festivalier·e, soit 4% de l’empreinte carbone annuelle d’un·e Français·e. - Reporterre

Les plantes aux noms racistes seront rebaptisées

On s’était planté. Jeudi, le Congrès international de botanique a voté en faveur de la rebaptisation des plantes aux noms à connotation raciste, et ce, à partir de 2026. Par exemple, les noms de plus 300 plantes, algues ou champignons, contiennent caffra : un terme d’origine arabe utilisé comme insulte envers les personnes noires pendant l’apartheid en Afrique du Sud. Comme d’autres, Erythrina Caffra deviendra ainsi Erythrina Affra, une sonorité qui en soulignera l’origine africaine. Ce vote historique clôt un débat houleux dans la communauté scientifique : certain·es considèrent que renommer des espèces risque de créer une confusion dans la classification. D’autres assurent que cela ne représenterait qu’une minorité des changements déjà en cours.

27%

Poubelle la vie. Plus d’un·e Français·e sur quatre (27%) jette encore ses déchets par la fenêtre sur l’autoroute, a révélé un sondage Ipsos pour la fondation Vinci autoroutes, publié jeudi dernier. En réalité, les Français·es se débarrassent surtout des déchets organiques, comme des trognons de pommes et autres noyaux de fruits, sur la voie publique. Mais 12% continuent de se délester de leurs mégots de cigarettes (23% des moins de 35 ans), 11% à balancer mouchoirs ou emballages, 9% leurs bouteilles en plastique et canettes. À noter cette année : la perception des risques incendie ou d’atteinte à la biodiversité, liés au fait de jeter, a reculé. Bref, la poub’ est pleine.

Les Jeux olympiques de Paris seront-ils (vraiment) écolo ?

Affreux JOJO ? Le comité d’organisation l’a clamé haut et fort : les Jeux olympiques et paralympiques de Paris seront écolo ou ne seront pas. Réutilisation des infrastructures existantes, millions de visiteur·ses, repas végétariens (pour certain·es) : tour d’horizon des efforts et des impacts qui persistent malgré tout, dans cet épisode du Greenletter Club avec Martin Müller, chercheur spécialiste de la durabilité des grands événements sportifs.

© Greenletter Club

+ Margot Desmons, Loup Espargillière, Juliette Mullineaux et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.