Qui l’eut crue ?


Plutôt que de prendre le problème du climat à la source, certains préfèrent ériger des murets dérisoires contre l'océan qui monte.  

Le retour des insecticides tueurs d’abeilles

Bad bzzz. Le projet de loi réintroduisant l’usage des néonicotinoïdes, ces pesticides qui déciment les populations d’abeilles, arrive ce lundi dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale

Cet été, de nombreux champs de betterave sucrière ont été frappés par le virus de la jaunisse, apporté par le puceron vert. 35% des surfaces auraient été atteintes comme l'indiquait, fin août, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), association membre de la FNSEA, puissant syndicat de l'agriculture dite « conventionnelle ». 

Pour répondre à ce problème, le gouvernement a sa solution : le retour des néonicotinoïdes. Une famille d'insecticides interdite en France depuis 2018 en raison des lourds dégâts qu'elle occasionne sur le vivant, et dont les cultivateurs de l'industrie du sucre enrobaient leurs semences avant de les mettre en terre. 

Alors secrétaire d'Etat à la biodiversité, Barbara Pompili avait porté, en 2016, l'interdiction de l'usage des néonicotinoïdes ©Pmau

En théorie, cette technique doit permettre d'éviter de pulvériser des pesticides à tout-va. En réalité, seule une petite partie du produit va dans la plante, tandis que le reste demeure dans les sols pendant plusieurs années et risque de contaminer les cultures qui suivront, comme l'a expliqué à Mediapart l’écologue Vincent Bretagnolle, directeur de recherche au CNRS. Ces produits ont aussi des effets neurologiques délétères chez les vertébrés, dont les oiseaux.

Le projet de loi, présenté lundi au Palais Bourbon, réautorise leur usage pour les trois prochaines années. Pour Delphine Batho, députée du groupe Écologie, démocratie, solidarité (EDS), ce texte est un « cheval de Troie », qui permettra d'autres exceptions prises par décret ministériel, comme elle l'a confié à Ouest-France

Pour elle, comme pour d'autres, les difficultés que connaît la filière sucrière française - avancées pour justifier ce recul - n'ont que peu à voir avec la jaunisse. Fin 2017, l'Union européenne a mis fin aux quotas d'exportation de sucre, mettant directement en concurrence les producteurs français et, par exemple, brésiliens. Quatre sucreries ont déjà fermé, depuis.

Toujours selon Delphine Batho, ce texte est contraire au code de l’environnement et à son principe de non-régression. Certain•e•s élu•e•s de la majorité ont déjà annoncé leur intention de s'y opposer. Le vote aura lieu mardi. 

• Une quarantaine de militant•e•s écologistes ont été arrêté•e•s, samedi 3 octobre, après s’est introduit•e•s sur le tarmac de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulleselon l'AFP. Une action menée dans le cadre de la journée nationale pour la décrue du transport aérien lancée par Alternatiba et ANV COP-21. A Bordeaux, sept personnes sont convoquées au tribunal correctionnel en février pour avoir gagné la piste principale de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Par ailleurs, cinq journalistes ont été placé•e•s en garde à vue dans le cadre de leur travail, d'après le collectif Reporters en colère  - Le Monde (AFP)

• Dans la Vallée de la Roya (Alpes-Maritimes) et dans la Vésubie (Italie), au moins sept personnes sont mortes et de nombreuses autres sont portées disparues, après le passage de la tempête Alex, ce week-end. Dans l'arrière-pays niçois, il est tombé localement jusqu'à cinq mètres d'eau par mètre carré, générant de puissantes crues. Celles-ci sont aggravées par l'artificialisation des sols, qui n’absorbent plus l’eau de pluie et créent des torrents – Paris Match

• Situé à Saint-Martin Vésubie (Alpes-Maritimes), sur le trajet de la tempête Alex, le parc animalier Alpha a été « détruit » et trois loups s'en sont échappésd'après France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur

Des barrages contre la montée des eaux

Barrage contre la crise climatique. « Moïse », le gigantesque barrage qui doit protéger la lagune de Venise (Italie) de la montée des eaux, a été activé pour la première fois.

Samedi à dix heures du matin, les 78 portes de cet édifice pharaonique se sont levées pour empêcher une importante marée haute d'inonder Venise. Une première réussie, après un test grandeur nature effectué en juillet dernier. « Même pas une mare sur la place St-Marc », a applaudi Alvise Papa, spécialiste de la montée des eaux de la municipalité, interrogé par le New York Times. Sans le barrage, la moitié de la ville aurait dû se retrouver sous l'eau, ajoute-t-il.

Les images du barrage, en 2014 © AFP

Lancé dans les années 1980, le projet Moïse a été retardé maintes et maintes fois, notamment en raison d'affaires de corruption, dont celle qui a conduit, en 2014, à l'arrestation du maire d'alors. Son coût initial a triplé pour s'établir à quelque 6 milliards d'euros. 

Les digues qui ferment les trois entrées de la lagune doivent s'élever lorsque la mer monte de 1m10. Une marque déjà dépassée 69 fois au cours des seules années 2010, raconte le Figaro, cartes et graphiques à l'appui. 

Venise s'enfonce progressivement sous l'effet de la surconstruction et de l'artificialisation des sols. Le niveau de la mer a déjà augmenté de 26 centimètres depuis 1870, racontent deux océanographes à The Conversation« Si le niveau de la mer augmente de 50 cm, les digues flottantes de Moïse devront fermer presque quotidiennement pour protéger la ville des inondations », indiquent-ils encore. 

Une protection qui paraît dérisoire alors que selon le rapport spécial du Giec consacré à l'eau, paru en septembre 2019, le monde est sur la trajectoire d'une hausse des océans de 80 centimètres d'ici 2100. Egalement menacée par la montée des eaux, la ville de New York s'est lancée dans un projet similaire. Plus d'informations dans le New York Times (en anglais). 

Pousser l’Europe à sortir de ses cages

Sous la pression d'une vaste pétition lancée par des dizaines d'associations écologistes, l'Europe est contrainte de clarifier sa position sur l'élevage en cage.

Vendredi 2 octobre, l’association Compassion in World Farming (CIWF) a remis à la Commission européenne 1,4 million de signatures recueillies entre 2018 et 2019 dans le cadre d'une initiative citoyenne européenne (ICE). Une procédure qui permet, moyennant un million de signatures, de forcer l'exécutif européen à trancher une question.

Les 170 organisations à l'origine de cette ICE demandent à l'Union européenne de mettre fin à l'élevage en cage. D'après CIWF, plus de 300 millions d'animaux sont enfermés ainsi en Europe, dont 85 millions en France. 

La Commission devrait rencontrer l'association en octobre, puis elle aura six mois pour répondre, d'une manière ou d'une autre, à sa demande. Pour la plateforme Eurogroup for Animals, qui rassemble des dizaines d'ONG à Bruxelles, cette procédure pourrait conduire à « l’une des principales avancées politiques dans l’histoire du bien-être des animaux d’élevage », comme le raconte le Monde. Hélas, les quatre ICE présentées précédemment ont toutes été rejetées. Plus d'informations dans le Monde (abonnés). 

Être une femme à vélo

« Quand je prenais le métro, j’avais peur d’attraper le Covid, ou de me faire agresser. Maintenant, j’ai juste peur de mourir »Pas évident de se mettre au vélo, a fortiori lorsqu’on est une femme, comme l’explique si bien le dernier épisode de la série pastiche Broute. 

© Broute - Canal +