Que tout change pour que rien ne change


Un numéro où l'on verra que le monde d'après risque de ressembler à s'y méprendre à celui d'avant.

Les 20 milliards sans conditions accordés aux entreprises polluantes

Le monde d'après la crise risque de ressembler à s'y méprendre à celui d'avant. La majorité de la République en marche à l'assemblée nationale s'apprête à accorder 20 milliards d'euros à des entreprises françaises polluantes sans aucune contrepartie climatique.

Ce vendredi matin, les député•e•s votaient plusieurs mesures de soutien à l'économie, frappée par la crise du Covid-19, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative. Parmi les 100 milliards d'euros prévus, 20 milliards doivent être débloqués afin de « contribuer au redressement économique et financier des entreprises stratégiques les plus affectées par la crise sanitaire ». Parmi les « entreprises stratégiques » qui devraient être concernées : Air France, Renault ou PSA. 

Accordée sous la forme d'une participation accrue de l'Etat au capital de ces sociétés, cette aide ne devrait pas être accompagnée de contreparties écologiques. Et ce, malgré la promesse inverse faite par la ministre de l'environnement, Elisabeth Borne, lors des débats en commission.

Le tweet de Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France

Greenpeace, les Amis de la Terre, Attac, Oxfam ; les associations ont unanimement dénoncé le projet de la majorité. « On voit que tous les lobbys industriels et polluants sont à l’œuvre, a déploré Mathieu Orphelin, député de sensibilité écologiste et ex-macroniste interrogé par le Monde. Le Medef a déjà écrit à […] Elisabeth Borne pour demander à renégocier les lois sur la mobilité ou sur l’économie circulaire. C’est comme si on n’apprenait rien d’une crise sur l’autre. » 

Au même moment, le gouvernement autrichien prévoit de soutenir la compagnie aérienne Austria Airlines en échange d'objectifs de lutte contre la crise climatique, indique Usine Nouvelle

A l'heure où ces lignes sont écrites, on ne sait pas encore ce qu'il est advenu de cette mesure, mais son issue ne fait guère de doutes. 

Total, sommé par ses actionnaires de respecter l'accord de Paris

Vers un virage à 180° ? Total est sommé par une partie de ses actionnaires de se mettre en conformité avec les objectifs de réduction de CO2 contenus dans l'accord de Paris.

Le siège de Total, à la Défense © Dany13

Un groupe d'actionnaires a envoyé une proposition de résolution qui prévoit d'obliger le pétrolier à modifier ses statuts « afin de renforcer la contribution de son modèle économique » à la lutte contre la crise climatique, comme l'a repéré le Monde. Une première. 

Les auteurs de ce texte, rendu public le 15 avril, demandent à Total de réduire l'impact climatique de ses activités. Et ce, en prenant en compte les émissions de CO2 liées à l'utilisation du pétrole vendu, ce que le groupe avait toujours refusé de faire jusqu'ici. Ce qui représente tout de même 85% de ses émissions, selon le Monde.

Les onze actionnaires à l'origine de la proposition de résolution demandent qu'un plan d'action soit établi « avec des étapes intermédiaires »ont noté les Echos. En outre, cette diminution devra être réalisée en valeur absolue : c'est-à-dire que les émissions ne pourront être compensées, par exemple, par la plantation d'arbres, dans le but de capter une partie du CO2 produit. 

Cette initiative est d'autant plus originale qu'elle n'est pas le fait de petits porteurs altermondialistes : Crédit Mutuel Asset Management ou La Banque Postale Asset Management figurent parmi les signataires. 

Si la résolution est acceptée par le conseil d'administration de Total, elle sera soumise au vote lors de la prochaine assemblée générale du groupe, le 29 mai 2020, indique Actu-Environnement. Il y a peu de chance que cela se produise, mais cette initiative traduit une pression croissante de la part d'investisseurs qui goûtent de moins en moins le risque climatique. A lire dans le Monde.

La première méga-sécheresse due aux humains

Le Sud-Ouest des États-Unis subit la première méga-sécheresse depuis le moyen-âgerévèle une étude, publiée vendredi 17 avril dans Science. Et cette fois-ci, nous en sommes les responsables. 

Une méga-sécheresse se caractérise par une aridité exceptionnellement longue qui dure deux décennies au moins. Ces phénomènes sont extrêmement rares : il s'agit du troisième événement de ce type dans la région (qui va de l'Oregon au Nouveau-Mexique en passant par la Californie) en 1200 ans. Une précédente méga-sécheresse aurait précipité la disparition des Maya autour de 800.

Jusqu'alors, les périodes prolongées de sécheresse étaient imputables au phénomène La Niña. Dans le cas présent, et pour la première fois, constatent les scientifiques, le réchauffement climatique dû aux activités humaines est responsable de 30 à 50% de la méga-sécheresse en cours. 

Les scientifiques ont comparé l'humidité actuelle des sols avec les données historiques issues de l'analyse des cernes des arbres. Les résultats montrent que la méga-sécheresse a commencé au tournant des années 2000, et qu'elle se révélait pire que celles qu'a connu la région depuis 1 200 ans.

Auparavant, le monde de la recherche estimait que cette région connaîtrait une méga-sécheresse aux environs des années 2050, comme le suggérait une précédente étude en 2016. À lire dans le Washington Post (en anglais). 

Vous aussi, vous connaissez une méga-sécheresse ? Pas de panique. En ce vendredi, synonyme de Do it yourself (« faites-le vous-même), nous vous proposons une recette de crème nourrissante pour le corps et le visage. Cette recette est issue du guide de la Famille (presque) zéro déchet (2016 – Thierry Souccar éditions). 

Cliquez sur la recette pour l'agrandir et la télécharger d'un coup de clic droit. © Vert

Pas de confinement qui tienne, tous les ingrédients sont, en principe, disponibles dans les épiceries et supermarchés bio. Précisons que les huiles essentielles sont en option et qu'elles sont déconseillées aux enfants et aux femmes enceintes.

Le monde d'après (Total)

Que ferions-nous, sans Total ? Bien avant la crise du Covid-19, en 2016, le professeur Feuillage et son assistante, Sophie, imaginaient déjà le monde d’après. Un monde joyeux et sans pétrole.

© Feuillage