La quotidienne

Que justice soit fête

Chères toutes et chers tous,

🥂Un Vert avec nous, ça vous dit ? Ce mercredi 11 avril, Vert pose ses bagages à Lyon pour un nouvel apéro du club, en compagnie de l’infatigable autrice et militante Léa Falco. Une soirée animée par Loup Espargilière et Juliette Quef.


C’est l’histoire d’un Français, de six Portugais et de beaucoup de Suisses qui s’en vont à Strasbourg pour obtenir justice…


La Cour européenne des droits de l’homme s’apprête à juger trois affaires décisives pour la justice climatique

Procès dur. Le jugement qui sera rendu mardi pourrait faire jurisprudence et contraindre de nombreux États européens à renforcer leurs politiques climatiques.

«C’est un moment décisif dans la lutte mondiale pour un avenir vivable», juge Gerry Liston, avocat pour le Global legal action network (GLAN), réseau qui accompagne l’une des affaires jugées ce mardi.

La Grande chambre de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) - la plus haute formation - va rendre des décisions dans trois affaires dont les requérant·es ont chacun·e attaqué un ou plusieurs gouvernements européens en raison de leur inaction climatique. 

La première affaire concerne six jeunes Portugais·es, âgé·es de 11 à 24 ans, qui ont assigné en justice 32 pays européens à l’issue de graves feux de forêt ayant ravagé leur pays en 2017 (notre article). 

Le deuxième cas est porté par les Aînées pour la protection du climat, une association regroupant des femmes âgées suisses : ces dernières considèrent que leur gouvernement n’en fait pas assez pour enrayer le dérèglement climatique, qui porte atteinte à leur santé.

En septembre 2023, des représentantes des Aînées suisses pour le climat sont venues soutenir les six jeunes Portugais·es lors de leur audience devant la Grande chambre de la CEDH à Strasbourg. © GLAN. 

La dernière affaire fait suite à une requête de l’ancien maire de Grande-Synthe (Nord), Damien Carême. En 2019, il avait poursuivi l’État français en tant que citoyen et en tant qu’édile, pour son inaction dans la lutte contre le changement climatique, contribuant ainsi à la montée des eaux qui menacent sa commune (notre article).

«Un arrêt de la Cour serait juridiquement contraignant pour toutes les parties concernées», détaille Gerry Liston, avocat au GLAN. «Mais l’impact le plus important d’une décision positive serait au niveau national, puisqu’un arrêt de Strasbourg sur la justice climatique accélérerait et renforcerait les affaires portées dans les différents pays».

«Ces cas ont été portés par des gens allant de 12 ans à plus de 80 ans, ce qui montre que nous sommes tous concernés par la crise climatique», considère Catarina Mota, 23 ans, l’une des six jeunes Portugais·es. Elle ajoute : «Une victoire pour n’importe laquelle des trois affaires serait une victoire pour tout le monde».

Justine Prados

· Samedi a été la journée la plus chaude jamais observée en France avant la mi-avril, selon l’association Infoclimat. La moyenne nationale s’est établie à 17,5°C, soit 10°C environ de plus que les normales saisonnières. Des pics dépassant les 30°C ont été enregistrés dans le Sud-Ouest de l’Hexagone, notamment à Pau ou Tarbes. Le premier trimestre 2024 a été le plus chaud jamais documenté sur le territoire depuis le début des relevés. - France Info

· Samedi encore, le Monde a révélé que Blablacar aurait bénéficié depuis 2012 d’une rente opaque, cautionnée par l’État et se chiffrant en dizaines de millions d’euros chaque année. Au cœur de ce dispositif, les certificats d’économies d’énergie (CEE) - des économies que les fournisseurs d’énergie doivent réaliser en soutenant des acteurs de la transition écologique. Pour le champion du covoiturage français, c’est TotalEnergies qui a investi ses CEE par millions, pour des économies à l’ampleur incertaine. Blablacar n’a jamais communiqué sur les revenus engrangés grâce à ce soutien. - Le Monde (abonné·es)

· Ce lundi, dans une lettre ouverte aux organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), l’association Surfrider a alerté sur la qualité des eaux «alarmante» de la Seine, où doivent se dérouler de premières épreuves dans une centaine de jours. Selon des prélèvements réguliers menés depuis septembre par l’ONG, le fleuve présente des taux de bactéries (Escherichia coli, entérocoques…) deux à trois fois supérieurs aux normes de la Fédération internationale de natation. - Sud Ouest

Vin du monde. Si le réchauffement climatique dépasse 2°C par rapport à l’ère préindustrielle (milieu du 19ème siècle), 90% des régions viticoles traditionnelles en Europe et en Californie pourraient ne plus être aptes à produire du vin, faute de rentabilité, selon une récente étude française parue dans la revue Nature. En Europe, la migration s’opère vers le nord : la Bretagne, le Royaume-Uni et le Danemark pourraient devenir de nouvelles régions viticoles. Produire du vin sera toujours possible partout, mais avec une perte de rentabilité liée à une perte de qualité ou de rendement. L’étude s’est penchée sur «les régions au niveau de la mer, car en altitude la situation est totalement différente, raconte à Vert Cornelis van Leeuwen, premier auteur et chercheur à Bordeaux Sciences Agro. On ne perd pas de potentiel sur les pentes de l’Etna, en Silice, où l’on produit d’excellents vins».

Des dizaines de milliers de saumons survivent à un accident de la route aux États-Unis

Queue de poisson. Un camion transportant plus de 100 000 saumons s’est retourné sur une route de l’Oregon, le 29 mars dernier. 77 000 d’entre eux ont survécu en rejoignant une rivière, non loin de l’accident.

En transit entre l’écloserie où ils sont nés et la rivière Imnaha située à 480 kilomètres de là, il a suffi d’un virage un peu trop serré pour que le camion du Département de la pêche et de la faune sauvage de l'Oregon s’effondre sur le côté et déverse sa cargaison. Des dizaines de milliers de poissons ont alors été projetés hors du camion, a raconté le Département de l’Oregon, le 2 avril dernier. La majorité d’entre eux ont miraculeusement pu se frayer un chemin jusqu’à la rivière Lookingglass juste à côté.

Plus de 25 000 saumons ont tout de même péri dans cet accident. © Oregon Department of Fish and Wildlife

Normalement, ces poissons migrateurs naissent en rivière et descendent dans l’océan une fois arrivés à maturité. Quelques années après, ils reviennent dans leur rivière natale à la force de leurs nageoires pour se reproduire. Mais avec l’installation de barrages et les sécheresses à répétition, les eaux de l’Oregon sont devenues trop basses ou trop chaudes pour que les saumons puissent remonter le courant. Cette rupture dans leur cycle de reproduction a provoqué un net déclin des populations.

C’est pourquoi, depuis quelques années, ils sont transportés par camion. «C'est un peu comme un taxi pour poissons», a déclaré au New York Times Andrew Gibbs, coordinateur de l'écloserie pour le département des poissons et de la faune de l'Oregon. Selon les autorités, ces saumons n’auront pas de mal à s’épanouir dans ce nouveau domicile.

Alexandre Carré

Les meilleures nouvelles de la semaine

Polluants éternels, pass rail et sortie du charbon : Gaëtan Gabriele nous régale de quelques bonnes nouvelles et pas de danse pour commencer la semaine du bon pied.

© Vert

+ Alexandre Carré, Loup Espargilière, Gaëtan Gabriele, Jennifer Gallé et Juliette Mullineaux ont contribué à ce numéro.