La quotidienne

Privés de jet

Chères toutes et chers tous,

🗳️ Les urnes ont parlé. À près de 62%, vous avez choisi que nous répondions à la question «L'hydrogène est-il une vraie solution pour le climat ?» dans le Vert du faux de la semaine prochaine. Rendez-vous dans l'édition de jeudi pour la réponse.

🔥 Numéro de la best. Aujourd’hui, c’est (déjà) la 666ème édition quotidienne de Vert ! Alors, on Satan à quoi ? Dans l'édition du jour, on passera de l'enfer des jets privés au paradis du rail.


Alors que le marché de l'aviation d'affaires prospère, les adeptes du train veulent nous faire garder les pieds sur terre.


Réguler les jets privés : «une question de justice sociale et de répartition des efforts» pour Aurélien Bigo

Jet set assez. Le débat sur la régulation des jets privés est relancé par une proposition de loi de député·es écologistes qui vise à les interdire, et par le documentaire «Complément d'enquête», diffusé jeudi (voir plus bas). Pour Vert, le chercheur sur la transition énergétique des transports, Aurélien Bigo, revient sur leur indispensable régulation.
 

Qu’est-il reproché aux jets privés ?

Les émissions des jets privés sont très importantes par trajet et par voyageur, pour un très faible nombre de personnes qui les utilise. Certains voyages en jet sont dédiés à des usages contestés et dispensables. C'est un symbole des émissions de carbone fortes, émises par des gens qui auraient les moyens de changer leurs habitudes.

La régulation des jets privés peut-elle avoir un impact sur la transition énergétique dans les transports ?

C'est une question de justice sociale et de répartition des efforts. Concrètement, cela ne changerait pas grand-chose au changement climatique, mais ne pas les réguler quand tout le monde est sommé de faire des efforts pour ses déplacements du quotidien peut être perçu comme problématique. Les symboles sont importants : cela peut permettre d'embarquer la population. Au contraire, ne rien faire est un signal tellement négatif qu’il peut freiner l'acceptabilité d’une transition, perçue comme injuste.
 

Quelles mesures pourraient être envisagées ?

On peut penser à une taxation des carburants, une taxation des trajets ou même des taxes progressives - une forme intermédiaire entre une taxe, qui peut être socialement contestée, et un quota carbone. Par exemple : les premiers trajets sont peu ponctionnés mais plus le nombre de trajets augmente ou plus l'empreinte carbone augmente, plus la taxe est dissuasive. Le risque avec la taxation simple pour des personnes qui ont beaucoup de moyens est que cela ne fasse pas changer les pratiques. Mais au moins, cela fait des recettes fiscales importantes.

Lire l’intégralité de cet entretien juste ici

· La France et le gouvernement sont «totalement, clairement et fermement» opposés à l’interdiction de la pêche au chalut dans les aires marines protégées, a martelé le secrétaire d’État à la mer, Hervé Berville, au Sénat mercredi. Il y a quelques semaines, la Commission européenne a présenté un plan pour verdir le secteur de la pêche dans lequel elle prévoit notamment d’interdire le chalutage de fond dans ces zones d’ici à 2030.

· En Europe, 9,6 millions d’hectares de terres, soit une superficie plus grande que l’île d’Irlande (8,4 millions d’ha) sont actuellement utilisées pour la production de biocarburants, un «gâchis pour la planète», dévoile une étude commandée par l’ONG Transport & environment et publiée jeudi. Une surface agricole qui pourrait nourrir 120 millions de personnes, ou qui absorberait deux fois plus de CO2 que ce qui est évité avec l’usage de biocarburants (à la place des énergies fossiles), si ces terres retournaient à l’état naturel. - Libération

· Les usines de Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône) et de Dunkerque (Nord) du leader européen de l’acier, ArcelorMittal, dépasseraient régulièrement les limites de pollution autorisées tandis que l’entreprise a reçu des centaines de millions d’euros d’aides publiques - notamment pour accompagner la dépollution -, révèle une enquête de Disclose et de Marsactu, parue ce vendredi. Malgré des rappels à la loi, des amendes et des condamnations en justice, la situation n’évolue pas.

2,3 millions

Eau secours ! C’est le nombre de tonnes de particules de plastique qui flottaient dans l’océan en 2019. Cette moyenne est estimée à partir de travaux de scientifiques portant sur la période 1979-2019, publiés ce mercredi dans la revue Plos One. Les observations, menées essentiellement dans les eaux de l’hémisphère nord, «suggèrent fortement que la pollution plastique dans les océans du monde au cours des 15 dernières années a atteint des niveaux sans précédent». Autre constat des chercheur·ses : la quantité de microplastiques augmente de manière «spectaculaire» depuis 2005, sans doute sous l’effet cumulé de la dégradation progressive des déchets et de l’augmentation de l’activité économique mondiale. La situation «exige des interventions politiques internationales urgentes», selon les auteur·ices, faute de quoi on pourrait retrouver 2,6 fois plus de plastique dans les environnements aquatiques en 2040. - Libération

Railcoop va ressusciter la ligne ferroviaire Lyon-Bordeaux à l’été 2024

Un train d’avance. Afin de répondre à l’urgence climatique et désenclaver des territoires, la coopérative ferroviaire veut réouvrir un axe jugé non rentable par la SNCF il y a dix ans.

C’est une victoire pour les amoureux·ses du rail. La ligne Lyon-Bordeaux, abandonnée par la SNCF il y a dix ans faute de rentabilité, devrait être remise en service par la coopérative ferroviaire Railcoop en juin 2024. Maintes fois reportée depuis plusieurs années, la décision a finalement été entérinée par un vote des sociétaires lors de l’assemblée générale du 22 février dernier. «C’est la réponse à une forte demande exprimée par les habitant·es et à l’unanimité des collectivités des territoires traversés», relate la coopérative. 

Le service de Railcoop sera d’abord restreint à un aller simple par jour, suivi du retour le lendemain. La ligne transversale desservira notamment Périgueux, Limoges, Guéret, Montluçon et Roanne, au cours d’un trajet de 7h30. La commercialisation des billets se fera à bord des trains et via des partenaires en ligne. «Nous avons décidé de ne pas faire appel à des distributeurs automatiques, car ce serait trop coûteux à installer dans toutes les gares», explique le président de la coopérative Philippe Bourguignon. Afin de rester abordable, le prix du billet sera indexé sur celui du covoiturage, soit environ 40 euros pour un Bordeaux-Lyon. À l’avenir, l’entreprise devrait proposer deux allers-retours par jour. 

À terme, la coopérative prévoit de développer de nombreuses lignes interrégionales © Railcoop.

Faute de soutien de la part des banques et des pouvoirs publics, les sociétaires ont décidé de financer ce premier service de voyageur·ses sur leurs fonds propres. Railcoop doit encore récolter 4,1 millions d’euros supplémentaires en 2023, notamment pour se doter d’une rame additionnelle. Deux levées de fonds sont en cours, l’une en parts sociales et l’autre en obligations. À ce jour, environ 14 000 sociétaires particuliers, entreprises et collectivités ont déjà investi dans la coopérative pour un montant total de plus 8 millions d'euros.

Complément d’enquête sur les jets privés

Hommes pressés. Des sportifs qui relient Lyon à Marseille en jet privé pendant que leur bus voyage à vide et que le président de leur club les suit dans un second jet ? Dans un numéro spécial, diffusé jeudi, Complément d'enquête a suivi les traces de l’Olympique lyonnais. Mais les footballeurs sont loin d'être les seuls à utiliser ce mode de transport. Depuis le Covid, le marché est même en pleine expansion. À ne pas manquer : l’interview de l’ancien ministre Jean-Baptiste Djebbari qui considère que «le temps pour certains, notamment des décideurs, est précieux», alors que «les apôtres de la lenteur méconnaissent absolument le fonctionnement du monde actuel».

© Complément d'enquête

+ Lou-Eve Popper, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.