La quotidienne

Printemps silencieux

Chères toutes et chers tous,

🤔 Quelles sont les questions sur l'écologie qui vous taraudent en ce moment ? Dites-nous tout en répondant simplement à ce mail ! Demain, nous vous proposerons de choisir entre deux des questions posées par nos lectrices et lecteurs, et nous répondrons la semaine prochaine à celle que vous aurez retenue.


Le syndicat des écolos voudrait peser dans les bureaux, mais il est peut-être encore trop tôt.


Après les élections professionnelles, quel bilan pour le syndicat des écolos ?

Lors de son lancement en 2020, le Printemps écologique se présentait comme le premier « écosyndicat ». Il ambitionnait d’intégrer les comités sociaux et économiques (CSE) pour que les problématiques environnementales soient autant considérées que les salaires ou le bien-être au travail. Quatre ans plus tard, le syndicat peine à s’imposer.

À son lancement, le Printemps écologique s’était fixé un objectif : être représentatif au niveau national en 2027. L’objectif pouvait paraître ambitieux, étant donné que l’Unsa ou Solidaires n’ont toujours pas franchi cette étape, après plusieurs décennies d’existence. À mi-parcours, le doute est plus que permis.

Selon les chiffres donnés par l’organisation syndicale, 300 salarié·es ont été élu·es sous sa bannière dans une soixantaine d’entreprises. Anne le Corre, co-fondatrice du Printemps écologique et membre de son bureau fédéral admet que l’objectif aurait été revu à la baisse. Fini les grandes ambitions nationales, les efforts sont maintenant déployés à un échelon plus local.

Une banderole tendue lors d’une des premières manifestations publiques du syndicat en 2020. © Coll Primavera/Wikimedia

Chez Orange, l’écosyndicat a réussi à obtenir des élu·es dans plusieurs branches de l’entreprise. «Là où on s’est présenté, les autres syndicats se sont mis à parler écologie», explique Dominique Poitevin. Élu au sein d’Orange Innovation, il a décidé de rejoindre le syndicat écologiste après quelques années passées à la CGT. Pour l’heure, les effectifs du Printemps écologique restent modestes chez Orange. Outre ses 3 élu·es, il compte une cinquantaine d’adhérent·es. «Ils n’ont pas beaucoup de militants. Or, pour gagner des voix, il faut aller à la rencontre des salariés», souligne Eric Lechat, élu à la CFDT.

Si certaines propositions écologistes infusent désormais dans le reste du champ syndical, Dominique Poitevin a peu d’espoir que son syndicat devienne représentatif dans la branche des télécommunications : «C’est une branche qui est déjà historiquement syndiquée». Cinq syndicats y ont gagné leur représentativité et la concurrence s’annonce rude pour atteindre le seuil des 8%.

👉 Cliquez ici pour découvrir la suite de ce décryptage de Victor Fernandez.  







· Lundi, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a assuré qu’il n’y aurait «aucun perdant» dans la distribution du chèque énergie, en réponse aux alertes lancées par les associations de consommateur·ices. Ces dernières craignaient qu’une partie des bénéficiaires ne le reçoivent pas à cause de la suppression de la taxe d’habitation qui rend difficile l’identification des personnes éligibles. - Le Parisien

· Lundi, une trentaine d’apiculteur·ices a recouvert de centaines de ruches la place Bellecour, dans le centre de Lyon (Rhône), pour protester contre la concurrence déloyale des miels étrangers et la suspension du plan Écophyto. Les manifestant·es répondaient à l’appel de la Confédération paysanne et de la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP). - Sud-Ouest

· Le nombre de vegans au Royaume-Uni a augmenté de 1,1 million en 2023, atteignant 2,5 millions en ce début d’année 2024, d’après une étude publiée par Finder. En comptabilisant les végétarien·nes et pescitarien·nes, 16% de la population du Royaume-Uni a adopté une régime sans viande. - Plant Based News

«On sait bien qu’ils ne fabriquent pas des biscuits et du chocolat» 

- Étienne Malachanne, maire de Salindres (Gard)

Pfas à terre. Ce mardi, dans le nouveau volet de son enquête sur les polluants chimiques éternels (appelés Pfas), le quotidien Le Monde révèle que la commune de Salindres, dans les Cévennes, présente des taux «spectaculaires» d’acide trifluoroacétique (TFA). Ce Pfas entre dans la fabrication de pesticides et de produits pharmaceutiques. À l’origine de la pollution massive, les rejets d’une usine du groupe belge Solvay, installée à proximité de Salindres et qui produit du TFA depuis 2011. Ce sont des prélèvements effectués à l’automne 2023 par l’association Générations futures dans les cours d’eau aux alentours du site industriel, mais aussi dans l’eau potable, qui ont permis d’établir l’ampleur de la contamination. À Salindres, plusieurs cas de glioblastomes, des tumeurs du cerveau rares et agressives, ont été repérés. Selon l’Anses, la toxicité des Pfas peut entraîner des cancers, avoir des effets sur la fertilité ou encore interférer avec le système endocrinien et immunitaire.

Le changement climatique pourrait avoir commencé plus tôt qu’on ne le pense

C’est chaud. Le réchauffement climatique pourrait déjà s’établir à +1,7 °C par rapport aux niveaux préindustriels. C’est 0,5 °C de plus que les estimations actuelles du Giec, révèle une étude, dont il faut toutefois prendre les résultats avec prudence.

Le changement climatique pourrait dépasser les +2 °C d’ici la fin de la décennie, soit vingt ans plus tôt que les prévisions actuelles, avance une étude publiée lundi dans la revue scientifique Nature climate change.

Les chercheur·ses se sont basé·es sur l’analyse de squelettes de sclérosponges, des organismes marins prélevés au large de Porto Rico, afin de reconstituer l’évolution des températures de l’océan des années 1700 à nos jours. Considérées comme des archives naturelles précieuses grâce à leurs données robustes, les sclérosponges constituent «le Saint-Graal de la reconstruction» des températures, d’après le docteur Amos Winter, co-auteur de l’étude.

Jusqu’à présent, l’étude du réchauffement climatique s’est largement basée sur la période de référence 1850-1900, notamment en raison de la disponibilité des données.

L’étude suggère que le dérèglement climatique a en réalité débuté dès 1860, et que le réchauffement non pris en compte par les scientifiques jusqu’à présent s’élève à un demi-degré, portant le réchauffement global à +1,7 °C au lieu de +1,2 °C établi à l’heure actuelle.

En violet, les températures observées jusqu’à présent pour estimer le réchauffement climatique à partir de 1900. En bleu, les résultats de cette nouvelle étude suggère que le réchauffement débuterait à partir des années 1850. © McCulloch et al.

L’origine des données récoltées soulève toutefois des doutes sur la solidité des conclusions de l’étude. «Un seul endroit ne peut pas remplacer des données mondiales», nuance auprès du média Carbon brief Gabi Hegerl, professeure de science du système climatique à l’Université d’Édimbourg (qui n’a pas participé à l’étude).

Si elles sont utiles pour comprendre le réchauffement passé, ces conclusions ne sont pas le reflet du réchauffement actuel. Les politiques climatiques mondiales se basent sur les objectifs de l’Accord de Paris - à savoir maintenir le réchauffement bien en-dessous de +2 °C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible à +1,5 °C, pour éviter les pires impacts du réchauffement.

Les conclusions de cette étude ne remettent pas en cause la pertinence de l’Accord de Paris, puisque ces objectifs sont relatifs à une période précise.

Si ces résultats étaient validés par le Giec, cela viendrait donc seulement «décaler» les conséquences associées aux différents niveaux de réchauffement : les impacts d’un réchauffement de +1,5 °C arriveraient finalement à +2 °C, et ainsi de suite.

Les perroquets se déplacent aussi avec leur bec

Prise de bec. Le perroquet maîtrise la marche, le vol et l’escalade, mais aussi la «becomotion», un mode de déplacement par le bec, montre une récente étude scientifique américaine. Dans la vidéo du site d’actualité scientifique New Scientist, on voit l’oiseau se mouvoir le long d’une branche, en l’attrapant avec le bec, puis en décalant ses pattes.

© New Scientist

+ Victor Fernandez, Jennifer Gallé, Juliette Mullineaux et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.