Pour un premier ‘mais’


Pour lutter contre les inégalités et la crise climatique, rien de tel que de cultiver son jardin et faire fleurir les banderoles aux fenêtres. 

Les 25 millions de personnes déplacé•e•s à cause de catastrophes naturelles

La crise climatique, ce n'est définitivement plus pour demain. En 2019, 24,9 millions de personnes ont été déplacées à travers le monde à cause de catastrophes naturelles

Ouragans, inondations, crues... Dans son dernier rapport, l'Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) indique que ces départs ont été causés par près de 1 900 catastrophes survenues dans 140 pays. Les plus touchés : l'Inde (5 millions de déplacé•e•s), les Philippines, le Bangladesh et la Chine (4 millions chacun). Dans de très nombreux cas, les déplacements se font à l'intérieur du pays d'origine. 

Parmi les 33,4 millions de nouveaux déplacés en 2019, 24,9 millions de personnes ont dû quitter leur foyer à cause de catastrophes naturelles, dont 23,9 pour des événements liés à la météo et au climat. © IDMC 

Parmi les exemples cités par le rapport : les cyclones Idai et Kenneth ont causé le déplacement de centaines de milliers de personnes au Mozambique, au Malawi, à Madagascar, au Zimbabwe et dans l'archipel des Comores. 

Les catastrophes naturelles ont entraîné trois fois plus de départs que les conflits et violences (8,5 millions de personnes). Les phénomènes climatiques extrêmes sont voués à se multiplier et à s'accentuer sous l'effet du dérèglement climatique.

Si un grand nombre des personnes déplacées en 2019 ont pu rentrer chez elles, le total de personnes durablement éloignées de chez elles à travers la planète s'élève à 51 millions. La vaste majorité (46 millions), le sont en raison de guerres et de violences, comme en Syrie, en Colombie, au Congo ou au Yemen. Le rapport (en anglais) est à lire sur le site de l'IDMC

L'appel à une relance verte de pays parmi les plus gros pollueurs

A l'occasion du 11ème Dialogue de Petersberg, qui s'est tenu les 27 et 28 avril en visioconférence, des ministres d'une trentaine de pays ont appelé à poursuivre la transition écologique malgré la crise du Covid-19

Depuis des semaines, le débat fait rage quant au type de plan de relance à mettre en œuvre pour endiguer les dégâts économiques liés à la pandémie. Si de très nombreuses associations ou partis politiques à travers l'Europe veulent que les Etats saisissent cette occasion de verdir leurs économies, d'autres (lobbies patronaux et professionnels) militent pour assouplir les réglementations environnementales

Cette réunion internationale sur le climat organisée par l'Allemagne a, entre autres, rassemblé certains des plus gros émetteurs mondiaux de CO2 (Russie, Chine, Japon), et européens (France, Italie, Pologne). Les Etats y ont annoncé de concert leur intention de continuer les efforts promis lors de l'accord de Paris de 2015.

« La pandémie a causé de graves dommages aux économies du monde entier, mais nous devons nous encourager les uns les autres à ne pas réduire la protection du climat pour économiser de l’argent ; il faut au contraire la renforcer » a enjoint Angela Merkel, chancelière allemande, comme le rapporte le Monde. Elle a plaidé pour que les plus de 190 membres de l'accord de Paris réhaussent leurs engagements individuels cette année, comme ils ont promis de le faire à l'approche de la COP26, prévue pour novembre 2020 à Glasgow et annulée en raison de la pandémie. 

Certains pays, comme la France ou l'Italie, ont demandé que le Green deal, le pacte vert porté par la Commission européenne, serve de cadre aux plans de relance sur le vieux continent, note encore le Monde. « L’ensemble des Etats devraient adhérer à une trajectoire de développement verte et bas carbone tout en poursuivant la relance économique », a indiqué pour sa part le vice-ministre chinois de l'environnement. Plus d'informations dans le Monde (abonnés).

Le confinement réussi du jardinier gangsta de Los Angeles

Avec son mantra « plant some shit » (plantez des trucs), il a sa solution à toutes les crises. Ron Finley, « jardinier gangster » de Los Angeles, vit un confinement plus enrichissant que la plupart de ses concitoyens

Tout a commencé en 2010, à South Central, quartier à forte majorité hispanique et afro-américaine et « désert alimentaire » où rien ne pousse, hormis les épiceries de quartier. « Lassé de devoir conduire 45 minutes pour trouver une pomme sans pesticides », comme il le raconte au Guardian, Ron Finley décide d'investir une platebande en face de sa maison pour y planter fruits et légumes. 

Ron Finley raconte son histoire dans une conférence TED de 2013 à regarder absolument (les sous-titres sont disponibles en français en cliquant sur l'icône en forme de rouage sous la vidéo) © TED

Aujourd'hui, Ron Finley se terre dans sa jungle à domicile de 250m2, véritable garde-manger vivant. Depuis le début du confinement à Los Angeles, il n'est sorti qu'une fois de chez lui et il se nourrit exclusivement des fruits de son labeur. « Jardiner, c'est la chose la plus thérapeutique et le meilleur acte de rébellion que l'on puisse faire. Il y a tellement de métaphores […] : on se cultive, on apprend à s'occuper de choses, on apprend que rien n'est instantané », explique-t-il au Guardian. 

C'est pourquoi, depuis 10 ans, Ron Finley fait pulluler les jardins partagés dans les terrains vagues de sa ville - il estime que Los Angeles compte près de 70 kilomètres carrés de friches. « Un jardin peut changer la vie des gens, empêcher la destruction d'une communauté », disait-il en 2015, dans le documentaire Can you dig this.

Selon lui, en ces temps de pandémie, les gouvernements devraient encourager les citoyens à devenir auto-suffisants.Au début, « les gens regardaient mon jardin, genre : “ton petit hobby”. Maintenant ils réalisent que ce n'est pas un putain de hobby, il s'agit de vie et de mort. C'est notre révolution ». A lire dans le Guardian (en anglais).

Un 1er mai pour le jour d’après

Cette première journée internationale des travailleurs•euses en temps de confinement aura, à n'en pas douter, une saveur particulière. 25 organisations appellent à donner de la voix sur les réseaux sociaux, aux fenêtres et balcons pour « défendre un futur écologique, social, féministe et démocratique »

De nombreuses associations sociales et écologistes (Greenpeace, Alternatiba, Attac, Amis de la Terre) et syndicats (CGT, Solidaires, Confédération paysanne) se sont réuni•e•s pour signer cette tribune avec un mot d'ordre : « Plus jamais ça »

« La pandémie qui se répand dans le monde entier révèle de manière tragique les dérèglements du capitalisme néolibéral et productiviste ainsi que les dysfonctionnements de l’actuelle gouvernance mondiale, peut-on lire dans le texte commun. La situation nécessite d’affronter ensemble les urgences écologiques, sociales et démocratiques ».

Les organisations exigent notamment « que la santé de toutes et tous soit une priorité »« que toutes les mesures d’urgence soient prises pour lutter contre les inégalités sociales et pour préserver les droits de chacun•e »« que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité soient des priorités pour le plan de relance de l’économie ». L'appel est à retrouver, entre autres, sur le site de Greenpeace

Irrintzina, le cri de la génération climat

Certain•e•s d'entre vous auraient peut-être souhaité prendre la rue, en ce 1er mai, pour exiger des politiques plus justes et écologiques. Voici un documentaire dans lequel vous pourrez piocher quelques idées pour la contestation de l'après-confinement.

Disponible en libre accès sur la plateforme Imago, Irrintzina raconte la naissance du mouvement Alternatiba, son tour de France des alternatives de l'été 2015, et la mobilisation autour de la COP21 en novembre de la même année. Un film immersif et réjouissant, qui redonne de l'espoir. 

© fokus21