La quotidienne

Pompes à décence

Chères toutes et tous,

🗳️ Les urnes ont parlé ! Pour la quatrième édition du « vert du faux », vous avez voulu, à 59 %, que l'on réponde à la question : « La voiture électrique est-elle un vrai remède à la crise climatique ? ». Vous aurez la réponse dans l'édition du jeudi prochain. Merci d'avoir participé et de nous avoir envoyé vos autres propositions par mail !


Les stations-essence risquent la pénurie car les pétroliers refusent de partager avec leurs employés leurs indécents superprofits.


À l’origine des pénuries d’essence, une grève des raffineries pour réclamer une meilleure répartition des profits des pétroliers

Ça leur pompe l’air. Les interminables files de voitures et les images de conducteur·rices excédé·es dans des stations services qui inondent les JT depuis plusieurs jours ont deux causes principales : les ristournes à la pompe et un mouvement social dans les raffineries des géants du pétrole.

D’après le gouvernement, environ 15 % des stations service françaises connaissent actuellement des difficultés d’approvisionnement en essence. La majorité d'entre elles appartiennent à TotalEnergies. Dans les Hauts-de-France, la région la plus touchée par ces tensions logistiques, 30 % des stations sont dans une situation délicate.

Un gréviste de la raffinerie d’Exxonmobil à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), mercredi. © Lou Benoist / AFP

Parmi les causes de cette situation : un mouvement social paralyse des raffineries TotalEnergies et ExxonMobil depuis fin septembre. Les syndicats réclament une revalorisation des salaires de 10%. « 7% liés à l’inflation, et 3% liés à une progression de pouvoir d’achat et au partage des richesses par rapport aux résultats mirobolants de Total », a détaillé Thierry Defresne, secrétaire (CGT) du comité d’entreprise européen du groupe, au micro de RMC ce vendredi matin. La semaine dernière, le pétrolier annonçait le versement d’un dividende exceptionnel de 2,62 milliards d’euros à ses actionnaires, au coeur d’une crise énergétique qui a fait bondir ses bénéfices nets.

Autre élément aggravant, les ristournes sur l’essence proposées par TotalEnergies qui stimulent l’affluence dans ces stations. Au 31 octobre, la remise de 20 centimes d’euros par litre d’essence (qui vient s’ajouter aux 30 centimes du gouvernement) diminuera de moitié.

« On n’est pas dans quelque chose qui relève de la pénurie. [...] On est dans des difficultés temporaires de distribution, liées à un mouvement social », a martelé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, invité par BFMTV vendredi matin. Des approvisionnements supplémentaires venant de Belgique sont prévus. Thierry Defresne, qui déplore un manque total de communication avec la direction de Total, considère de son côté que la grève est « vouée à s’ancrer dans le temps ».

· Endommagés à la suite de ce qui s’apparente à un sabotage, les gazoducs Nord Stream 1 et 2 ont relâché environ 70 000 tonnes de méthane, selon le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Réalisées à partir des relevés du réseau européen d’observation ICOS, ces estimations sont largement inférieures à celles produites dans les jours suivant les explosions, le 26 septembre. Certains experts avaient alors craint l’émission de 300 000 tonnes de méthane, ce puissant gaz à effet de serre qui compose le gaz « naturel ». - Le Monde
 

· Mercredi, une trentaine d’associations et de parlementaires ont réclamé du gouvernement et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’alimentation (Anses) une meilleure évaluation de la toxicité des pesticides avant d’autoriser leur mise sur le marché. Selon eux, la procédure actuelle est incomplète et non conforme au règlement européen, puisque seules les substances actives sont étudiées sans prendre en compte les coformulants utilisés pour fixer le produit et l’« effet cocktail » qui pourrait en résulter. Un recours sera engagé devant le Conseil d’État si le gouvernement n’y répond pas dans un délai de deux mois. - Reporterre
 

· 25 000 cadres de la fonction publique seront formés aux enjeux de la transition écologique dans les 18 prochains mois, selon un plan qui doit être annoncé mardi. Trois demi-journées sont prévues, avec un rappel des conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), la visite d’une ferme bio et des échanges pour agir au sein des administrations. - France info

20 fois plus

Sec un début ? La sécheresse de cet été a été rendue 20 fois plus probable par le réchauffement climatique causé par les activités humaines, selon une nouvelle étude des chercheur·ses du World weather attribution. Ce consortium scientifique international qui étudie les liens entre événements extrêmes et dérèglement du climat estime que la sécheresse qui a affecté l’Europe, la Chine et les États-Unis a désormais une chance de se produire tous les 20 ans dans l’hémisphère Nord, dans le climat actuel. Un tel événement n’aurait lieu qu’une fois tous les 400 ans en moyenne dans l’hémisphère Nord (et tous les 60 à 80 ans en Europe) en l’absence de réchauffement climatique. Fin septembre, près de la moitié de l’Europe était encore en situation de sécheresse, d’après les observations de la Commission européenne.

Des paillettes sur le compost, un manifeste écoféministe joyeux et profond

Et l’on se Derrida. Dans ce manifeste drôle, incarné et terriblement vivant, la chercheuse en philosophie et militante Myriam Bahaffou déploie toute la complexité des pensées écoféministes.

Quel est le point commun entre un rendez-vous chez l’esthéticienne à Saint-Denis, un « date » dans un grand bistrot parisien avec vue sur la tour Eiffel, et un séjour dans la cabane de Céleste, en « terres lesbiennes », quelque part dans le sud de la France ? Loin des grands discours théoriques, cet essai prend sa source dans les situations les plus banales pour donner à comprendre les réflexions plurielles, complexes, et queers des écoféministes. Des « ultrafems » à l’« éropolitique », Myriam Bahaffou politise le quotidien avec humour tout en rendant accessible la pensée du philosophe Jacques Derrida, de l’historienne Donna Haraway ou de la militante Bell Hooks.

« Les écoféminismes naissent de la pauvreté, écrit l’autrice, car ils existent dans des espaces de contestation du néolibéralisme, du colonialisme, du patriarcat, et de la violence qu’ils perpétuent sur les corps. Des corps qui ne peuvent pourvoir à leurs besoins, qui ne sont pas valides, productivistes, qui chourent, trafiquent, inventent mille manières de survivre, et qui créent donc des cultures alternatives issues de ces bricolages ». Un manifeste loin des caricatures, pour mettre des paillettes dans votre vie, et sur votre compost.

Des paillettes sur le compost, Myriam Bahaffou, Le passager clandestin, octobre 2022, 208p, 18€.

Faut-il rouler à vélo malgré la pollution à Paris (comme ailleurs) ?

La pollution de l'air due au trafic routier tue et la France est régulièrement condamnée par l’Europe pour les dépassements répétés des seuils autorisés. Les cyclistes urbain·es qui se faufilent entre les files de voitures savent bien combien les échappements sont une nuisance pour leurs bronches. Faut-il pour autant arrêter de faire de la bicyclette, de peur d'être trop exposé·e à cette pollution ? Spoiler : non, comme l'explique très bien la dernière vidéo de la série Biclou du Parisien.

© Le Parisien

+ Loup Espargilière, Juliette Quef et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.