La quotidienne

On pète les plonges

Chères toutes et chers tous,

🎥 C'est le Vertival de Cannes ! Dites-nous quel est votre film préféré avec de l’écologie dedans, qu'elle soit au cœur du récit ou bien en toile de fond, en répondant simplement à ce mail. Une sélection sera soumise au vote dans l'édition de demain et nous décernerons la palme verte lundi prochain !

⏰ Ce vendredi à 10h45, Loup Espargilière, rédacteur en chef de Vert, sera au forum ChangeNow à Paris pour une table ronde sur le pouvoir des médias, aux côtés du Financial Times, du Time, de CNN, de France télévisions et du Parisien. Plus de détails ici.


La France est championne d'Europe des piscines et des bovins, à consommer sans modération jusqu'à notre fin.


Camille Etienne : «Notre force est d’être cette eau qui s’infiltre par tous les recoins»

Dans son premier ouvrage Pour un soulèvement écologique, publié au Seuil, l’activiste Camille Etienne dénonce une peur du changement façonnée par le monde économique. Dans un grand entretien à Vert, elle raconte son travail d’activiste pour le climat, dénonce les injonctions à devoir rendre son action «désirable» et appelle au soulèvement écologique par de multiples étincelles.
 

Ce livre, dont le titre est «Pour un soulèvement écologique», fait-il référence au mouvement des Soulèvements de la terre ?

Non, c’est une référence à la Boétie : «ils ne sont forts que parce que nous sommes à genou». Ce n’est pas un livre programmatique. Ce qui m’intéresse, c’est l’étincelle.

Camille Etienne © Manon Cha

Face à un monde qui a une stratégie unique, à un appareil d’Etat normé, hiérarchisé, qui a la puissance de l’argent et de la légalité, la pluralité des techniques est notre force. Notre force est d’être cette eau qui s’infiltre par tous les recoins, d’être partout et d’être complémentaires dans notre stratégie de lutte.

Mais cela ne vaut que si nous partageons une vision commune. Des banques qui veulent faire de la «transition verte» ou TotalEnergies qui se dit «écolo», ne sont pas des alliés. Il faut un bouleversement radical, total, du système économique et politique. On ne va pas y arriver seulement par la désobéissance civile, seulement par les pétitions, par le lobbying ou par l’éducation de la population à travers les médias. Il faut tout ça à la fois.

La suite de notre grand entretien avec Camille Etienne est à lire sur vert.eco

· Le festival de Cannes a décidé de rompre son partenariat avec South Pole, le cabinet suisse qui lui fournissait des crédits carbone «fantômes». Les fonds versés à South Pole devaient financer la lutte contre la déforestation dans la région du lac Kariba, au Zimbabwe, et compenser une partie des émissions de CO2 générées par le festival. La semaine dernière, Disclose avait révélé qu’en 2022, les émissions de gaz à effet de serre évitées avaient été trois fois moindres que promises. - Disclose

· Mardi, le média d’investigation normand Le Poulpe a lancé une campagne de soutien, alors qu'il fait l’objet de poursuites après une enquête sur une société de dépollution. Saisi par l’industriel Valgo, le tribunal de commerce de Rouen s’est mis en quête des sources des journalistes, dont le secret est pourtant protégé par la loi. «Notre survie est en jeu. Nous sommes attaqués en justice pour avoir osé parler d’un désastre écologique», expliquent les cofondateurs du site. Vert soutient ses confrères et consœurs du Poulpe. - Mediacités

· Mercredi, le Conseil d’Etat a abrogé définitivement d’anciens arrêtés (Vert) qui autorisaient des pratiques de chasse traditionnelles d’oiseaux sauvages interdites par l'Union européenne. «Ces arrêtés cadres constituent le socle juridique sur lequel se basait chaque année le ministère pour autoriser ces pratiques et fixer des plafonds de prélèvements annuels», explique la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Des arrêtés annuels avaient été pris pour autoriser la chasse à la glu jusqu’en 2020 et les tenderies (filets) jusqu’en 2022.

«Il faut cesser cette permanente chasse (sic) qu’on fait à l’élevage et aux éleveurs».

Le ministre de l’Agriculture est très remonté contre… la Cour des Comptes. Cette dernière a publié, lundi, un rapport au sujet des 91 000 élevages bovins français. À eux seul - la faute aux rots des ruminants - ils pèsent près de 12% des émissions de gaz à effet de serre du pays. Pour la Cour, impossible de respecter les objectifs climatiques de la France sans réduire la taille de son cheptel, qui compte 17 millions de bovins, record d’Europe. Il n’y a pas 36 solutions, il faudra manger moins de viande et accompagner les éleveurs, conseille le rapport. «On ne me fera pas croire qu’on a besoin d’en rabattre sur cette question de production», a ruminé le ministre de l’agriculture au Sénat. Pourtant, les faits sont têtus. Mais le sont-ils autant que le ministre ?

Face à la sécheresse, faut-il interdire de construire de nouvelles piscines individuelles ?

Piscines, out ? L’interdiction de vendre des piscines hors-sols dans des Pyrénées orientales asséchées a provoqué un petit tollé. Face aux sécheresses à répétition, le modèle de la piscine individuelle, gonflable ou creusée, est-il à enterrer ?
 

Combien de piscines et quelle consommation ?

La France est championne d’Europe des piscines. On en comptait 3,4 millions en 2022 - hors-sols ou creusées. Ces installations de confort n’utiliseraient que 0,15% de l’eau prélevée chaque année à l’échelle du pays, jure la Fédération des professionnels de la piscine et du spa (il n’existe pas d’autre estimation). Celle-ci assure qu’une piscine n’est (en principe) emplie qu’une fois, au moment de son achat, et que les bâches qui recouvrent les bassins permettent d’éviter l’évaporation de l’eau. 

Des gestes pas franchement généralisés, puisque les piscinistes lancent une vaste campagne de sensibilisation pour inciter les usagers à économiser l’eau de leur bassin. «Toute consommation est une consommation en plus», rappelle à Vert Nicolas Roche, spécialiste des problématiques de l’eau à l’Université Aix-Marseille.
 

Une mauvaise solution d'adaptation à la crise climatique ?

À la faveur du réchauffement climatique, on creuse désormais des piscines partout en France. Solution d’adaptation aux canicules, pour des personnes à la recherche de fraîcheur, les piscines - surtout enterrées - peuvent en retour avoir des conséquences néfastes sur l’eau et l’environnement. Elles contribuent à artificialiser les sols, les privant de leur capacité à stocker l’eau pour la rendre à la biodiversité, et à stocker du CO2.
 

Des piscines enterrées plutôt réservées aux privilégiés

Malgré leur démocratisation, les bassins creusés sont avant tout la propriété d’entrepreneurs et de cadres (à 47%). Les employés, ouvriers et agriculteurs sont, quant à eux, les premiers détenteurs de piscines hors-sols fixes. En interdisant la vente ou la pose de piscines par des particuliers dans les Pyrénées orientales, c'est cette deuxième catégorie, moins aisée, que les pouvoirs publics ont décidé de cibler.

«C’est significatif, pour économiser des volumes d’eau et rappeler à tout le monde qu’il va falloir faire des efforts. Par contre, sur une vision de plus long terme, ce n’est pas la solution», tranche Christophe Emblanch, hydrogéologue à l’université d’Avignon. Parmi les pistes étudiées par le gouvernement, la tarification progressive de l’eau - plus chère passée un certain volume. Pour protéger le climat et la biodiversité, les Français sont-ils prêts à reboucher leur bassin privatif pour faire piscine commune ?

Planète bleu s’engage avec Vert

Quand on veut, on bleu. Invitée de Planète bleu s’engage, l’excellente émission dominicale de Benoît Prospero sur France Bleu, Juliette Quef est revenue, entre autres réjouissances, sur les différentes formes du déni climatique, l’appétit toujours plus grand du gouvernement pour les autoroutes et sur les initiatives des associations Mollow et Hourrail qui veulent remettre le voyage sur de bons rails.

© France Bleu

+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.