Chères toutes et chers tous,
Avez-vous entendu parler de The bureau, la nouvelle série à succès sur l'univers des bullshit jobs produite par Vert productions ? Ne ratez surtout pas le teaser, à voir ici.
Pour une fois qu’une pub est pleine de bon sens, certains sortent les allumettes et les bidons d’essence.

La polémique enfle autour de la campagne de pubs de l’Ademe sur la déconsommation
Depuis quelques jours, une campagne publicitaire portée par l’Agence de la transition écologique (Ademe) autour de la sobriété provoque l’ire des acteurs du commerce, entraînant des désaccords jusqu’au sein du gouvernement.
Le 14 novembre, l’Ademe a lancé une vaste campagne de communication autour de la sobriété. Cette dernière est accompagnée d’une série de courts spots publicitaires mettant en scène un «dévendeur», chargé de décourager l’achat de produits neufs comme des smartphones, lave-linges ou encore des habits.
C’est justement le spot sur les vêtements qui a mis le feu aux poudres : alors que dans les autres publicités, le dévendeur propose aux client·es des alternatives (la réparation, la location d’outils), il ne fait que décourager son client à la recherche d’un polo d’acheter quoi que ce soit. De quoi déclencher la colère des fédérations de commerce, qui dénoncent de concert «un préjudice grave et injustifié au commerce et à la mode dans une période essentielle», alors que le Black friday signe le début de la saison la plus rentable pour le secteur.
«Nous demandons à l’Ademe son retrait immédiat, faute de quoi nous envisagerons une action en justice pour dénigrement commercial», ont prévenu jeudi l’Alliance du commerce, l’Union des industries textiles et l’Union française des industries mode et habillement.
Une campagne jugée «maladroite» et «regrettable» par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, lors d’une interview sur France info. Le locataire de Bercy explique «croi[re] profondément à la sobriété, mais pas à la culpabilisation du consommateur». La polémique serait remontée jusqu’à Matignon, où l’on réfléchirait à retirer la publicité la plus «problématique», avance le Parisien.
Mais le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, qui a validé la campagne avant sa diffusion, ne veut rien savoir. S’il a reconnu «une maladresse», soulignant qu’il aurait plutôt fallu cibler les plateformes de vente en ligne que les commerces physiques, il a réaffirmé son soutien à la campagne. «Elle ne sera pas retirée», a-t-il assuré sur France inter jeudi. Il persiste et signe : «Que 0,2 % du temps d’antenne publicitaire soit consacré à se demander si tous les achats sont utiles, franchement, vu les enjeux de transition écologique, ça ne semble pas déraisonnable».

· Les pickups, ces véhicules lourds et polluants soumis, en principe, à un malus écologique, esquivent massivement la fiscalité verte, révèle une enquête publiée par Libération, jeudi. Au cœur de cette «combine» pour s’affranchir de la règlementation, la comptabilité du nombre de sièges : seuls les pickups d’au moins cinq places assises sont concernés par ce malus écologique. - Libération
· Mercredi, Greenpeace a revendiqué la nullité de la «procédure-bâillon» intentée par TotalEnergies à son encontre. Poursuivie par la compagnie pétrolière pour «diffusion d’informations fausses et trompeuses» au sujet de son bilan carbone, l’ONG a réclamé au tribunal judiciaire de Paris la condamnation de l’entreprise pour procédure abusive et dénoncé la volonté de censure de la multinationale. - Le Monde
· Aujourd’hui, 41% de la flore de l’île de la Réunion est menacée de disparition, contre 30% en 2010, a alerté le comité français de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), en mettant à jour sa liste rouge des espèces en danger. Le bilan fait état d’«une situation très préoccupante, marquée par une forte aggravation», notamment due à la présence d’espèces exotiques envahissantes ainsi qu’à la destruction des habitats naturels. - Libération


416 euros
Claque friday. 416 euros, c’est le montant que devrait dépenser, en moyenne, chaque Français·es durant le Black friday, selon une étude d’OpinionWay. Dans un contexte d’inflation, les acheteur·ses en profitent d’abord pour faire le plein de cadeaux pour Noël. Avec des paniers moyens variables : 607 euros pour les hommes, qui se ruent plus volontiers sur les produits tech, contre 288 euros pour les femmes. Selon un récent travail du Centre de recherche pour l’Étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), 85% de la population française relie Black friday et surconsommation. L’étude souligne aussi que, même si la représentation du bonheur a évolué depuis trente ans et met davantage en avant les relations sociales, le bien-être ou l’amour, plutôt que la possession matérielle, deux tiers des Français·es continuent d’associer consommation et plaisir. 59% des personnes interrogées par OpinionWay comptent réaliser leurs achats sur la plateforme de e-commerce Amazon.

«Pain et liberté» : le pain, cet aliment politique
À la baguette. Dans un ouvrage à l’iconographie remarquable, Coline Arnaud et Denis Saillard retracent l’histoire politique du pain, du Moyen Âge à nos jours.
Base de l’alimentation des communautés humaines depuis la fin du paléolithique, le pain est présent dans presque toutes les civilisations. D’abord sous forme de galettes, avant de se diversifier très largement. Il suffit de faire un tour dans une boulangerie pour trouver aujourd’hui toutes sortes de spécialités : du pain de campagne, aux graines, au levain, au petit épeautre, au maïs ou au quinoa…
Mais que le pain vienne à manquer et la révolte n’est jamais loin. Dans l’Europe médiévale, les épisodes de disette et de famine liés à des désastres climatiques, mais aussi aux spéculations financières, alimentent la «fureur» des «méchantes gens» décrite par les chroniqueurs de l’époque. C’est ce lien entre pain et politique qu’explore le récent ouvrage Pain et liberté.
«C’est surprenant de voir à quel point cet aliment est au cœur du contrat social entre les peuples et leurs dirigeants. Depuis le Moyen Âge jusqu’à aujourd’hui, la question est toujours brûlante, explique à Vert Coline Arnaud, co-autrice du livre avec Denis Saillard. Rappelez-vous, ce fut le cas avec le déclenchement de la guerre en Ukraine qui a tendu l’approvisionnement en farines de blé sur le continent africain».

Que les personnes intolérantes au gluten ne s’inquiètent pas : si l’ouvrage plonge dans le temps long pour nous raconter l’histoire du pain comme levier de mobilisations et d’évolutions, il le fait de manière très digeste grâce à un rubriquage d’une centaine de notices richement illustrées.
Un découpage et une iconographie qui permettent de grignoter ce gros et beau livre tranquillement, en voyageant dans le temps et l’espace à découverte de la police du pain sous Charles V, du pain d’amertume au 18ème ou encore de Madeleine Deniau, la petite boulangère érigée en héroïne.
«Pain et liberté, une histoire politique du pain», de Coline Arnaud et Denis Saillard, éditions Textuel, 304 pages, 45 euros

Il racontait l’histoire humaine du climat
Pionnier de l’histoire du climat en France, Emmanuel Leroy Ladurie s’est éteint, mardi, à l’âge de 94 ans. Dans cette interview accordée à France 3 en 2006, celui qui fut professeur au Collège de France et administrateur général de la Bibliothèque nationale présente Histoire humaine et comparée du climat, l’un de ses ouvrages-phares.

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.