Chères toutes et chers tous,
Un numéro où il sera question de terre, celle qui nous nourrit, celle que certains veulent soigner quand d'autres s'attachent à la salir.

Le lobby des pesticides se bat pour continuer à produire en France des substances interdites
C'est d'un cynisme absolu. Les fabricants de certains pesticides interdits en Europe font feu de tout bois pour pouvoir continuer à les produire sur le sol français, comme le révèle le Monde.
Le propisochlore et l'atrazine (pour ne citer qu'eux) ont respectivement été interdits en Europe il y a 10 et 15 ans en raison de leur toxicité établie. Pour autant, les firmes qui les produisent n'ont pas cessé de les commercialiser en-dehors de l'Union européenne, notamment en Afrique.
Or, un article de la loi alimentation votée en octobre 2018, prévoit que soient interdits en France dès 2022 « la production, le stockage et la circulation de produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives non approuvées [par la réglementation européenne - NLDR] pour des raisons liées à la protection de la santé humaine ou animale ou de l'environnement ».
Depuis, les lobbies ont multiplié les tentatives pour conserver leur filière française : amendements déposés par des députés, courriers au premier ministre... Parmi les arguments avancés : les centaines d'emplois potentiellement menacés. Le chantage à l'emploi, donc, mais aussi, plus surprenant, le chantage aux alternatives aux pesticides : « Cette interdiction aura pour conséquences des réductions inévitables des investissements en recherche et innovation, seuls capables d’apporter des réponses concrètes aux demandes sociétales », explique encore l'Union de l’industrie de la protection des plantes (UIPP) au Monde. Des arguments repris presque mot pour mot par le ministre de l'économie, Bruno Le Maire.
L'UIPP a par ailleurs déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) en novembre 2019, estimant que l'interdiction programmée représentait une « atteinte excessive à la liberté d’entreprendre ». Le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision ce vendredi. A lire dans le Monde.

La castration à vif des porcelets et le broyage des poussins bientôt interdits en France
Serait-ce la fin de certaines des pratiques les plus barbares dans les élevages français ? Mardi 28 janvier, le ministre de l'agriculture a annoncé l'interdiction de la castration à vif des porcelets et du broyage des poussins mâles, d'ici à la fin de l'année 2021. Didier Guillaume a promis que seraient publiés « des textes réglementaires dans les toutes prochaines semaines pour aller vers l'interdiction des pratiques douloureuses dans l'élevage ».
La castration des porcelets permet d'ôter certaines odeurs désagréables lors de la cuisson. Dans les élevages intensifs, les poussins mâles sont jugés inutiles parce qu'ils ne pondent pas. Ils sont alors éliminés de la manière la plus rapide : le broyage.
Si la nouvelle a de quoi soulager, certaines associations de défense des animaux trouvent ces annonces bien trop timorées. « On ne voit pas le plan d’action, ni d’inscription dans la loi », a déclaré à l'AFP Brigitte Gothière, cofondatrice de l'association L214, qui dénonce depuis plusieurs années les conditions de vie des animaux dans les élevages français. Didier Guillaume « ne s’attaque pas au problème de fond. Il n’y a rien sur les conditions d’abattage des animaux, ni sur le plan de sortie de l’élevage intensif », a-telle encore jugé, ajoutant que « 88% des Français demandent que l’on sorte de l’élevage intensif ». A lire dans le Huffington Post.

Des albatros espions contre la pêche illégale
Plutôt que d'utiliser de coûteux satellites pour repérer les pêcheurs illégaux, pourquoi ne pas faire des oiseaux les sentinelles des mers ? Avec l'aide d'albatros qu'ils ont équipés de balises, des chercheurs ont pu évaluer l'ampleur de la pêche clandestine dans l'océan Austral.
Pour ne pas être repérés dans ces étendues infinies d'eau situées autour de l'Antarctique, les pêcheurs clandestins coupent leur système d'identification automatique. En revanche, ils laissent leurs radars allumés afin d'éviter les collisions.
Comme ils l'ont raconté dans une étude, publiée lundi 27 janvier dans la revue PNAS, pendant six mois, des chercheurs français ont muni 169 albatros de balises permettant de repérer les échos des radars des bateaux de pêche. Objectif du programme baptisé Ocean Sentinel : quantifier le nombre de pêcheurs illégaux dans les 47 millions de kilomètres carrés survolés par les oiseaux.
Les scientifiques ont misé sur la propension des albatros à être attirés par les bateaux de pêche, dont ils essaient de manger les appâts. Ils ont pu déterminer que 36% des bateaux repérés par les oiseaux dans les eaux internationales avaient coupé leur système d'identification, s'adonnant probablement à des activités interdites. Contre 20% dans la zone française contrôlée par la marine nationale. Le détail de l'opération est à lire sur le site de France Inter.
La moitié des terres viticoles pourrait disparaître à cause du réchauffement
Les riches amateurs de grands crus seront bientôt, peut-être, les fers de lance de la lutte contre la crise climatique. Si la Terre venait à se réchauffer de 2°C, la moitié des terres utilisables pour la viticulture pourrait être perdue.
C'est le résultat d'une étude, parue lundi 27 janvier dans la revue PNAS. Avec deux degrés de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle, 56% des terres propices à la culture de la vigne dans les régions viticoles deviendraient incultivables. Les cépages les plus menacés sont l'ugni blanc (76% des terres affectées) et le riesling (66%).
A +4°C, c'est 85% des terres qui seraient affectées. Entre 2015 et 2019, la température moyenne était déjà supérieure de 1,1°C à celle de l'ère préindustrielle. A lire dans le Guardian.

Rendre les terres non-cultivées à des agriculteurs bio
Que faire des milliers d'hectares de terres laissées en friche par leurs propriétaires ? A Moëlan-sur-Mer (Finistère), le maire a trouvé le moyen de récupérer les parcelles laissées en friche pour permettre à des agriculteurs bio de les cultiver.
Multiplicité des propriétaires, volonté de spéculer en attendant que les terrains deviennent constructibles, coûts d'exploitation... Les raisons qui poussent à ne pas utiliser ces hectares de terres cultivables sont nombreuses.
Pour créer des emplois, lutter contre la spéculation foncière et limiter l'artificialisation des terres, la commune de Moëlan-sur-Mer a utilisé une disposition méconnue du code rural qui stipule « que les friches agricoles ne doivent pas exister ».« Quand un terrain agricole contient des friches depuis au moins trois ans, les autorités peuvent demander aux propriétaires de les mettre en culture eux-mêmes ou de les louer à des agriculteurs qui le feront », a expliqué le maire, Marcel Le Pennec, à Reporterre.
La commune de Moëlan-sur-Mer s'est alliée au département, à la région et à la préfecture pour remembrer certaines parcelles et en faire des lots cultivables. 400 propriétaires terriens ont été contraints de cultiver leur terrain ou de le louer à des agriculteurs. Les producteurs en bio ont été plébiscités.
Malgré les réticences de certains qui dénoncent une « spoliation », le maire se félicite de la trentaine d'emplois créés et de la naissance d'un futur marché bio à Moëlan. Un reportage à lire dans Reporterre.
Des vaccins pour les plantes
Deux bonnes idées pour le prix d'une, aujourd'hui dans Vert! L'agriculture française se cherche encore des alternatives au glyphosate, ce tristement célèbre herbicide produit par Monsanto interdit en Europe en 2022. En Charente-Maritime, une petite entreprise développe une sorte de vaccin à destination des plantes.
Ingénieur agronome autrefois dans l'homéopathie vétérinaire, Bernard Lachaise veut renforcer les végétaux plutôt que de les traiter une fois malades, raconte la Croix. L'objectif des produits vendus par sa société, Getade Environnement, c'est de favoriser les défenses immunitaires des plantes en leur inoculant une préparation qui contient des souches de maladies.
Pas de remède miracle, « il faut d’abord permettre au sol de reconstituer toute sa vie microbienne, cet équilibre dont le végétal tire sa force », explique-t-il à la Croix.
Les produits de Getade Environnement s'adressent essentiellement au maraîchage, à l'arboriculture fruitière, mais surtout à la viticulture. Une poudre contenant « une forme d’aspirine végétale tirée du saule blanc et de la reine-des-prés » a été élaborée initialement pour lutter contre le mildiou et l'oïdium. Elle s'est avérée efficace pour lutter contre le gel, faisant la renommée de la petite entreprise, qui bénéficie désormais du soutien de la Banque publique d'investissement. Une histoire à lire dans la Croix.

Un laboratoire de l'agroécologie pour concilier culture et nature
Enrichissement des sols, associations de cultures, « pâturage tournant dynamique »... Dans le Pays Basque, Félix Noblia a transformé ses terres en laboratoire de l'agroécologie. Zéro pesticides, zéro engrais de synthèse, pas ou peu de travail du sol ; le passionné se creuse les méninges pour concilier au mieux production de nourriture et respect de l'environnement. Un reportage de Brut.
