Les poissons se gondolent à Venise


Un numéro où l'on verra que le confinement des uns fait l'émancipation des autres.

La moitié du monde aura soif d'ici trente ans

Plus de la moitié de la population mondiale - 52% - pourrait vivre en situation de stress hydrique d'ici 2050. C'est ce qu'ont rappelé les Nations Unies dans un vaste rapport, publié à l'occasion de la journée mondiale de l'eau, dimanche 22 mars. 

Double conséquence de la crise climatique et de la hausse colossale de la demande, près de 1,6 milliard de personnes vivent d'ores et déjà en situation de pénurie d’eau. En raison de la croissance démographique, du développement économique et de l’évolution des habitudes de consommation, l’utilisation mondiale d’eau a été multipliée par six au cours des 100 dernières années, indique le rapport. L'agriculture consomme à elle seule près de 70% des ressources.

Entre 1995 et 2015, les sécheresses ont déjà touché 1,1 milliard de personnes, causant 22 000 décès. Ces événements météorologiques sont voués à se multiplier sous l'effet de la crise climatique, générant incendies, pénuries et exodes.

Le nombre de catastrophes naturelles liées au climat (dont les sécheresses ou les inondations) a doublé en 15 ans. © ONU

Les habitants des villes et des pays en développement sont particulièrement menacés. D’ici 2050, 685 millions de personnes, résidentes de plus de 570 villes connaîtront une baisse de la disponibilité d’eau douce, note encore le rapport. Comme d'autres, Amman, Melbourne ou Cape Town subiront une diminution de 30 % à 49 % de la disponibilité d’eau douce. Cette baisse dépassera les 50% dans la capitale chilienne de Santiago.

La qualité de la ressource en eau est également un sujet préoccupant. Les auteurs du rapport prédisent que celle-ci se détériorera sous l'effet de plusieurs facteurs : augmentation de sa température et perte de sa capacité à s'autoépurer, contamination par des pathogènes, concentration accrue de polluants lors des sécheresses, etc. Plus d'informations dans le Monde (abonnés).

Des animaux sauvages réapparaissent dans plusieurs villes confinées

Ils applaudissent des deux nageoires. Ou des deux ailes, c'est selon. Ces derniers jours, des animaux sauvages ont fait des incursions dans plusieurs villes du mondedésertées par les humains depuis que des mesures de confinement ont été prises en réponse à la pandémie de Covid-19.

Les images diffusées par Fuji TV de cerfs sika observés à Nara, au Japon.

Des cerfs sika (les vrais Bambi) ont été observés en train de se promener dans les rues et autres stations de métro de Nara, dans le sud du Japon, comme l'a rapporté le Guardian. Des ratons-laveurs ont squatté une plage vide de San Felipe, au Panama ; Des dindes sauvages ont été aperçues dans la ville d'Oakland, en Californie. 

Moins drôles, les images d'une bagarre générale de singes à Lopburi (Thaïlande) ont largement circulé ce weekend : habitués à être nourris par des touristes qui ont déserté la ville, les primates – à cran, se cherchent de nouvelles sources de nourriture.

© The Guardian

En Italie, pionnière du confinement en Europe, on a notamment assisté au retour de dauphins dans le port de Cagliari (Sardaigne). Verrons-nous en France de telles images d'animaux enhardis par la claustration des humains ? « Alors que la population italienne est totalement confinée depuis le 8 mars, les villes françaises ne le sont que depuis le 16. Notre faune urbaine devrait donc, elle aussi, connaître de profonds changements dans les prochaines semaines », a prédit Xavier Japiot, naturaliste et chargé d’études biodiversité à la mairie de Paris, interrogé par 30 millions d'amis

La baisse des activités humaines fait, en tout cas, le plus grand bien aux animaux sauvages français, selon le spécialiste : en pleine période de reproduction, les poissons jouiront du calme occasionné par la diminution du trafic fluvial ; certains oiseaux pourraient, quant à eux, être tentés de revenir dans des villes où la pollution sonore a brutalement chuté en quelques jours à peine. 

Le Cochet de l'apocalypse 

Il en est un qui regarde le chaos actuel avec plus de sérénité que les autres. Ancien ministre de l'environnement, Yves Cochet se prépare depuis des années à une crise telle que celle de la pandémie de Covid-19.

Certains le traitent de parano depuis qu'il professe un prochain effondrement : l'idée selon laquelle nos sociétés sont vouées à s'autodétruire, plus ou moins rapidement et à plus ou moins brève échéance. « Je ne leur dirai pas "J'avais bien raison", ce serait stupide », dit-il dans un entretien à We Demain. Mais ce n'est pas l'envie qui manque. L'ancien cadre des Verts voit dans la crise sanitaire la confirmation de ce qu'il claironne de longue date.

Yves Cochet fait visiter sa demeure à Brut.

Relocalisation de l'économie, écovillages et biorégions ; Depuis son « biotope de guérison sociale », havre presque auto-suffisant qu'il a bâti avec sa fille, Yves Cochet détaille certains de ses remèdes aux maux de nos sociétés. A lire dans We Demain.

La naissance d’un bébé tapir au Brésil

La nouvelle est plus importante qu'il n'y paraît. Un bébé tapir sauvage vient de naître en pleine forêt atlantique brésilienne, dans l'Etat de Rio de Janeiro. Et c'est une très bonne nouvelle pour toute la biodiversité. 

Immortalisée par un piège vidéo posé dans la réserve naturelle de Guapiaçu, cette naissance est le fruit d'un projet de réintroduction vieux de huit ans. Quatre mâles et trois femelles nés en captivités avaient été relâchés en 2017. Une autre femelle serait prête à mettre bas, comme le raconte le Guardian.

Un tapir du Brésil © Bernard Dupont

L'enjeu dépasse celui de la simple curiosité zoologique. Le plus grand mammifère terrestre du Brésil pourrait jouer un rôle central dans le reboisement de cette immense forêt, ruinée par des décennies d'activités humaines. Il ne subsiste que 7 à 15% de la surface initiale de la forêt atlantique, dont le territoire s'étend de la côte est brésilienne à celle de l'Argentine. 

Le tapir contribue à la dissémination des graines : il a tendance à paître dans des zones dégradées où il dépose des excréments riches en semences d'arbres, comme l'a confirmé une étude publiée en 2019. Sa réintroduction permettrait d'accélérer à peu de frais les efforts entrepris pour reboiser la forêt. A lire dans le Guardian (en anglais).

Les dauphins se gondolent en Italie 

Poissons qui frétillent dans les eaux de Venise redevenues cristallines, cochons sauvages dans le sud du pays... L'Italie voit reparaître dans ses villes toute une faune oubliée. Il est un come-back particulièrement festif, celui de dauphins dans le port de Cagliari.

© The Guardian