Les kings du greenwashing


A quoi bon faire des efforts pour le climat lorsqu'il suffit de tout repeindre en vert ?  

L’Ecole polytechnique valide l’implantation de Total

Jeudi 25 juin, le conseil d'administration de l'Ecole polytechnique a validé un projet légèrement remanié d'implantation de Total à côté des bâtiments scolaires du campus de Saclay (Essonne). 

Le nouveau centre de recherche et développement du pétrolier devait initialement être installé entre la cantine et les salles de cours de la prestigieuse école d'ingénieur•e•s. L'édifice de 10 000 m2, qui accueillera quelque 250 salarié•e•s du pétrolier, sera finalement installé 200 mètres plus à l'est. Un terrain qui, techniquement, n'appartient plus à Polytechnique mais à l’établissement public d’aménagement (EPA) Paris-Saclay. 

Le bâtiment de Total devait initialement être installé à l'emplacement marqué par un O rouge. Il devrait être décalé de seulement 200 mètres vers l'est, à l'endroit indiqué par le numéro 1 © Polytechnique n'est pas à vendre

« Ce nouvel emplacement se trouve bien sur le campus de Polytechnique, a expliqué au Monde Matthieu Lesquene, porte-parole d'étudiant•e•s et d'ancien•ne•s de « X » qui s'opposent à ce projet depuis de longs moisIls ont choisi la parcelle la plus proche possible de l’ancienne, leur permettant de ne pas être dans l’illégalité la plus totale. » Comme Vert l'avait rapporté, les protestataires ont récemment pointé du doigt plusieurs obstacles juridiques à cette implantation. 

« C’est comme si Pernot Ricard s’installait au beau milieu de l’école de médecine »

Matthieu Lesquene – porte-parole des opposant•e•s au projet, à Konbini

Ce déplacement de quelques dizaines de mètres est loin d'affaiblir la relation qui unit le pétrolier à cette école qui forme certain•e•s des plus éminent•e•s ingénieur•e•s du pays. Total a déjà a investi 3,8 millions d'euros pour financer la nouvelle chaire « Défis Technologiques pour une Énergie Responsable », la plus importante des 34 que compte Polytechnique. « On est en train d'explorer l'idée de laboratoires communs et de chaires additionnelles »a confié aux Echos Eric Labaye, président de l'école. 

« Total va pouvoir biberonner en toute liberté les futurs cadres de la nation à ses éléments de langage, ses argumentaires scientifiques biaisés et son greenwashing afin d’assurer la continuité de son activité, destructrice pour le climat »a tancé Edina Ifticène, chargée de campagne Pétrole chez Greenpeace France, dont l'organisation s'est associée à l'opposition des étudiant•e•s. Plus d'informations dans le Monde

Paris, championne d’Europe du retour de la pollution

Il y a des rebonds dont on se passerait bien. Paris est la capitale européenne où la pollution de l'air a redécollé le plus fortement après la fin du confinement.

Les niveaux de dioxyde d'azote (NO2), gaz toxique principalement produit par le trafic routier, ont plus que doublé (+118%) par rapport aux relevés effectués au plus fort du confinement dans la capitale. C'est ce que révèle un rapport publié mercredi par le Center for research on energy and clean air (Crea), organisme de recherche spécialisé sur la qualité de l'air. 

Quoique moins forte qu'à Paris, la retour de la pollution est général. Plus loin au classement du Crea, figurent Bruxelles (+88%), Milan (+73%), ou Bucarest (+70%). Il convient toutefois de nuancer le piètre résultat parisien. Avec la capitale roumaine, Paris est la ville qui a connu la plus forte chute de ses émissions de NO2 pendant le confinement : -60% par rapport à la même période lors des années précédentes. Ce qui révèle à quel point de nouvelles mesures visant à réduire le trafic routier pourraient contribuer à améliorer la qualité de l'air dans la capitale, note encore le rapport. Plus d'informations dans 20 Minutes

Le sud de la Chine est sous l'eau

Eau secours. Depuis plusieurs semaines, le Sud de la Chine est frappé par des crues hors-norme

Dans les provinces du Hunan, Jiangxi, Guangxi et la mégapole de Chongqing, il pleut à torrents depuis le mois de mai. Comme le rapporte le Monde, les chiffres officiels font état de plus de 60 personnes mortes ou disparues, 500 000 personnes auraient été évacuées, et les dégâts causés par les crues et inondations pourraient atteindre près de trois milliards d'euros. 

Selon le South China morning post (SCMP), le quotidien de Hong Kong, 8,5 millions de personnes auraient été touchées par la montée des eaux. Dans le seul Qijiang, district de Chongqing, 100 000 personnes ont dû être évacuées.

Les images impressionnantes des crues © South China morning post

Des doutes commencent à peser sur la solidité du titanesque barrage des Trois-Gorges. Achevé en 2009, sa construction a entraîné l'inondation de 600km2 de terres agricoles et nécessité le déplacement de 1,8 millions de personnes. 

CCTV, la télévision nationale chinoise, a annoncé, samedi dernier, que l'eau y avait dépassé le niveau de contrôle de deux mètres. En outre, rapporte encore le SCMP, le débit d’eau est passé de 20 500 mètres cubes par seconde vendredi, à 26 500 mètres cubes par seconde le lendemain.

Barrages qui défont le lit des fleuves ; sols artificialisés qui ne retiennent plus l'eau de pluie... La situation chaotique du sud de la Chine ressemble à un mauvais film d'anticipation alors que les épisode extrêmes tels que ces pluies diluviennes sont voués à se renforcer sous l'effet du bouleversement climatique. A lire dans le Monde

La « Climate pledge arena » d'Amazon à Seattle

Arrêtez tout, le concours de la plus belle opération de greenwashing vient de se trouver un vainqueur par K.O. Propriété d'Amazon, la nouvelle enceinte omnisports de Seattle (Etats-Unis) sera baptisée « Climate pledge arena », ou « Stade de l'engagement climatique ». 

L'image diffusée par Jeff Bezos sur Instagram

C'est son PDG, Jeff Bezos, qui l'a lui-même annoncé jeudi 25 juin sur son compte Instagram. Ce stade, qui accueillera notamment la nouvelle équipe de hockey sur glace de la ville, sera « le premier stade zéro-émission nette du monde, [il] ne produira aucun déchet […] et utilisera de l'eau de pluie pour créer la glace la plus verte (sic) » du championnat américain, a déclaré le patron du géant de la livraison.

« Climate pledge », c'est aussi le nom de la vaste campagne de greenwashing que mène Amazon depuis plusieurs mois. Celle-ci prévoit notamment d'investir massivement dans la reforestation et de commander 100 000 véhicules électrique de livraison. De quoi s'acheter une bonne conscience écolo pour l'entreprise qui figure parmi les principaux contributeurs au réchauffement climatique. 

Dans un rapport publié à l'automne dernier, les Amis de la Terre, Attac et Solidaires avaient déterminé que les activités d'Amazon généraient autant de gaz à effet de serre qu'un pays comme le Portugal (55,8 millions de tonnes de CO2 en 2018). En outre, Amazon développe massivement le transport aérien pour pouvoir livrer ses produits à travers le globe en 24 heures. Dans des avions repeints en vert ? Plus d'informations dans The Verge (en anglais). 

Cuba, le bio par défaut

À la chute de l’URSS, au début des années 1990, Cuba s’est retrouvée sans son fournisseur soviétique de pétrole, utilisé dans les engrais et pesticides. Visés par un blocus économique des Etats-Unis, les Cubains n'ont eu d’autre choix que de revenir à des méthodes naturelles de culture. Faisant de leur île un laboratoire sans pareil du bio, de l'agriculture urbaine et de l'agroécologieC'est ce que raconte Arte dans ce beau reportage intitulé Cuba, le secret de l'île bio

 © Arte