Reconnaissance par le ministère de la Culture, nouveau design chamarré... il semblerait que Vert soit bel et bien lancé ! Vous pouvez désormais vous connecter aux pages créées sur Facebook et Twitter pour ne rien rater des futures éditions et, si le cœur vous en dit, faire circuler cette jeune pousse de la presse française autour de vous !
Même s'ils se griment de vert et promettent monts et merveilles, les fossiles de l'énergie ne trompent plus grand monde.

À Davos le maquillage vert des grands de ce monde
Les jets privés des leaders mondiaux finissent d'atterrir à Davos (Suisse) alors que s'ouvre, ce mardi 21 février, le 50ème Forum économique mondial (FEM). Placé cette année sous le signe de l'urgence climatique, ce raout qui verra se côtoyer chefs d'entreprise, dirigeants politiques, universitaires ainsi que membres d'ONG a été entièrement repeint en vert. Comme s'en était amusé France Inter, le site internet du Forum « ressemblerait presque à celui d'une association de défense de l'environnement ». Certains, comme le New York Times, veulent croire que les dirigeants des plus grandes multinationales auront compris le message et se félicitent de ce que le climat sera au cœur des débats à Davos. Les leaders économiques auront également entendu le PDG de BlackRock. A la tête du premier fond d'investissement mondial, Larry Fink prédisait, le 14 janvier, que se produirait à l'échelle mondiale « une réallocation significative des capitaux » vers des activités durables, comme Vert l'avait raconté.

Hélas, les discussions vont bon train mais les faits sont têtus. Selon une étude menée par le FEM lui-même, et publiée en décembre 2019, seules un quart des 7000 entreprises interrogées s'étaient fixé des objectifs de réduction de leurs émissions de CO2. Et seule une sur huit avait réellement commencé à les faire baisser.
Désinvestir les énergies fossiles
Pires que les entreprises qui ne font rien, il y a celles qui font du mal. Selon un rapport de l'ONG Greenpeace publié ce mardi 21 janvier, dix des banques les plus souvent présentes à Davos auraient financé le secteur des énergies fossiles à hauteur de plus de 1 000 milliards d'euros entre 2015 et 2018. Il s'agit de JP Morgan Chase, Citi, Bank of America, RBC Royal Bank, Barclays, Mitsubishi UFG, TD Bank, Scotiabank, Mizuho et Morgan Stanley.
Comme l'a noté l'AFP, trois des fonds d'investissement qui étaient présents à Davos l'an dernier détiennent 26 milliards de dollars dans des compagnies pétrolières, toujours selon Greenpeace.
Greta Thunberg, qui doit participer ce mardi à une table ronde sobrement intitulée « éviter l’apocalypse climatique », plaide pour que la finance désinvestisse le secteur des énergies fossiles. Dans une tribune co-signée avec d'autres parue le 10 janvier dans le Guardian, la militante a exigé que les participants au forum de cette année, issus « de toutes les entreprises, banques, institutions et gouvernement cessent immédiatement tous leurs investissements dans l'exploration et l'extraction d'énergies fossiles », qu'ils cessent de les subventionner et, qu'en somme, ils « désinvestissent complètement les énergies fossiles ».
Greta Thunberg prolonge le combat mené depuis plusieurs années par l'ONG 350.org. Un combat qui commence à porter ses fruits, selon le Huffington Post. Fin 2019, 1150 institutions publiques ou privées, gérant plus de 12 000 milliards de dollars d’actifs (10 800 milliards d'euros), se seraient engagées en faveur du désinvestissement. Alors qu'en 2014, ce montant atteignait péniblement les 50 milliards de dollars (45 milliards d'euros). A lire dans le Huffington Post.

La fin du charbon français repoussée
Houille houille houille. En 2017, le candidat Macron avait promis de fermer, d'ici 2022, les quatre dernières centrales à charbon encore en activité en France. La promesse ne sera pas tenue. Ces derniers jours, les calendriers de fermeture de deux des quatre centrales ont été dévoilés par Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat à la transition écologique : celle du Havre (Seine-Maritime) devrait cesser son activité en avril 2021, puis celle de Saint-Avold (Moselle) en 2022, comme l'a relaté le Monde. Des solutions pour reclasser les centaines d'employés qui y officient toujours doivent encore être trouvées.
A Cordemais (Loire-Atlantique), la plus grande centrale à charbon de France continuera son activité au-delà de 2022. Sa fermeture doit intervenir en même temps que la mise en service du réacteur nucléaire de Flamanville (Manche), qui accumule les retards depuis des années. Emmanuelle Wargon a annoncé que la centrale de Cordemais ne fonctionnera qu'à 10% de ses capacités au-delà de 2022, pendant encore deux à quatre ans, comme l'a encore rapporté le Monde.
Enfin, rien n'est fixé au sujet de la centrale de Gardanne (Bouches-du-Rhône), secouée par des grèves et actions menée contre le démantèlement. A lire dans le Monde (abonnés).

Un barrage contre l’Atlantique (à 119 milliards de dollars)
New York cherche une solution pour se protéger des inondations provoquées par les plus violentes tempêtes. En 2012, l'océan était monté de plusieurs mètres lorsque l'ouragan Sandy avait frappé la ville, entraînant la mort de 72 personnes et générant 62 milliards de dollars (56 milliards d'euros) de dégâts. Ces événements extrêmes sont voués à se multiplier sous l'effet du dérèglement climatique.
Aux grands maux les grands remèdes : le Corps des ingénieurs de l'armée américaine propose la création d'un barrage de près de 10 kilomètres de long doté de portes rétractables. Coût estimé : 119 milliards de dollars (107 milliards d'euros), comme le raconte le New York Times.
Une solution que ses détracteurs jugent beaucoup trop simpliste et qui ne protègerait ni des inondations causées par les grandes marées, ni des écoulements d'eau liés aux tempêtes. Ils jugent également que ce projet sera bientôt obsolète à cause de la montée du niveau de la mer, peu prise en compte par les ingénieurs. A lire dans le New York Times (en anglais).

Des étudiants de grandes écoles se rebiffent contre les géants du pétrole
L'angoisse Total. Le projet d'implantation du pétrolier sur le campus de Polytechnique à Saclay ne passe pas auprès de nombreux élèves.
Total doit installer sa direction Recherche et innovation dans un bâtiment de 10 000 m2. Bâti à deux pas du restaurant universitaire de la prestigieuse école d'ingénieurs, l'édifice devrait accueillir 400 salariés. Total doit également financer une chaire baptisée « Défis Technologiques pour une Énergie Responsable », selon Mediapart.
Très peu pour « X ». Selon un vote organisé par le bureau des élèves de l'école d'ingénieurs, plus de 63% des étudiant•e•s seraient opposé•e•s à l'installation du pétrolier.
Les polytechnicien•ne•s accusent Total d'entreprendre une lourde opération de séductionpour débaucher les futurs hauts-fonctionnaires de demain. « Total est à ce jour la seule entreprise dont l’installation sur le campus est prévue. Cette exclusivité pose question. Cela n’est qu’un exemple de la stratégie de lobbying exercée par l’entreprise sur l’ensemble du plateau de Saclay », peut-on lire sur le site internet baptisé « Polytechnique n'est pas à vendre », qui recense les actualités sur le sujet. Peut-être également que le pétrolier, quatrième plus grosse entreprise privée d'hydrocarbures du monde qui génère plus de 40 millions de tonnes de CO2 par an (soit l'équivalent de 10% des émissions totales de la France), ne fait plus tant rêver au pays des ingénieurs. A lire sur le site de France Info.
Harvard contre les avocats du pétrole
A Harvard, c'est contre le pétrolier Exxon que la fronde des étudiant•e•s s'organise. Ou plutôt, contre le cabinet d'avocats qui a l'a défendu lors du retentissant procès qui s'est achevé le 11 décembre dernier. ExxonMobil était acccusé d'avoir menti à ses investisseurs quant à la réalité du réchauffement climatique. Assistée par le cabinet Paul, Weiss, Rifkind, Wharton & Garrison LLP, la firme l'avait emporté contre l'Etat de New York.
La semaine dernière, ses avocats victorieux sont venus deviserdevant une centaine d'étudiants en première année de Droit à la célèbre université de la côte Est étasunienne. Comme l'a raconté le site Grist, une trentaine d'élèves sont venus perturber le raout, qui se tenait dans un restaurant de Cambridge (Massachusetts), entonnant des chansons protestataires.
« Quel est le meilleur outil utilisé par [les entreprises polluantes] pour échapper aux conséquences de leurs crimes climatiques ? Il est juste ici ! », ont scandé les manifestants à l'endroit des avocats d'Exxon.
Pour Aaron Regunberg, leader du mouvement : « notre génération de futurs avocats comprend que le « business as usual » [continuer comme si de rien n'était - NDLR] est la recette pour un futur invivable ».
L'activisme climatique monte dans les grandes facultés américaines de la Ivy League. En novembre, des centaines de militants ont envahi le terrain du match de football (américain) opposant Harvard à Yale pour demander que leurs écoles cessent d'investir dans les énergies fossile. A lire dans Grist (en anglais).

Quand la crise climatique s'invite à table
A court de métaphore pour expliquer la catastrophe climatique à celles et ceux qui ne font rien ? Alors délectez-vous de ce délicieux court-métrage en dessin animé réalisé par des étudiants de l'école des Gobelins.
