Pendant que les humains sont assignés à résidence, des locustes dopés à la crise climatique ignorent les frontières et multiplient les saccages.

Les criquets climatiques mettent en péril la corne de l'Afrique
Eux, ne répondent à aucune forme de confinement. Après celle qui a frappé en janvier et février, une deuxième vague de criquets pèlerins, bien plus importante, menace la corne de l'Afrique.
Depuis deux mois, les cultures du Kenya, de Somalie et d'Ethiopie sont ravagées par des essaims colossaux de plusieurs milliards de criquets pèlerins. D'une ampleur inédite depuis au moins 70 ans, cette crise est la conséquence d'une succession d'événements météorologiques inhabituels depuis un an et demi, comme Vert l'avait raconté. Des phénomènes accentués par le dérèglement climatique.

Mais une nouvelle vague d'une autre ampleur est attendue dans les semaines à venir. Dans un communiqué publié mardi 14 avril, la FAO (l'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) juge la situation « extrêmement alarmante » alors que de nouveaux essaims se forment en plusieurs endroits des trois pays. L'institution décrit une menace « sans précédent sur la sécurité alimentaire et la subsistance » des populations, en ce qu'elle « coïncide avec le début des longues pluies et la saison des semis ».
Un contexte d'autant plus difficile à gérer en temps de confinement. Les autorités kenyanes ont annoncé que la lutte contre les criquets était rendue plus difficile à cause de l'interdiction de traverser les frontières et de l'interruption des livraisons de pesticides.
La FAO estime que les populations actuelles pourraient être multipliées par 20 durant la saison des pluies si rien n'est fait. Depuis un an déjà, les invasions acridiennes sont la première cause d'insécurité alimentaire dans la région. Tout l'historique de la crise est à lire sur le site de Libération.

Déméter au tribunal
Pas la déesse grecque, ni la marque de produits bios, l'autre Déméter. Mardi 14 avril, les associations Pollinis et Générations futures ont annoncé avoir déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris pour démanteler la cellule Déméter, censée lutter contre l'« agribashing ».
Fruit d'une convention signée en décembre 2019 entre le ministère de l'Intérieur, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs - deux syndicats qui promeuvent une agriculture productiviste, le dispositif a été mis sur pied pour lutter contre les « atteintes au monde agricole ».
Comme d'autres, les deux associations écologistes, adversaires historiques de ces syndicats, jugent que Déméter « permet en réalité la mise en place d’un dispositif de surveillance dont les contours sont dangereusement flous », comme elles l'ont écrit dans un communiqué. Des craintes justifiées en raison des importants moyens accordés à la cellule, détaillés par Reporterre en février.
Robert Poujade, premier ministre français de l'environnement, est mort
Pas l'antiparlementariste et défenseur des petits patrons, l'autre Poujade. Gaulliste de la dernière heure et premier ministre français de l'environnement, Robert Poujade est mort le 8 avril, comme vient de l'annoncer le Bien public.
Avant d'entamer ses trente années de mandat de maire de Dijon, Robert Poujade devient, en 1971, le premier « ministre de la protection de la nature et de l'environnement » sous Georges Pompidou. Il s'emploie alors à lutter contre la pollution sonore et pour l'amélioration de la qualité de l'air.

Dans un essai baptisé « Le ministère de l'impossible », publié en 1975, Robert Poujade raconte le peu de moyens et de considération accordés à sa fonction. Après son départ du ministère en 1974, il présidera successivement le Conservatoire du littoral et la Commission nationale des Secteurs sauvegardés. Sa nécrologie est à lire sur le site du Bien public.

Le plastique fait un usage unique de la crise
Alors que le plastique à usage unique est de moins en moins en vogue dans les pays occidentaux, les plasturgistes profitent de la crise pour vanter les prétendues vertus hygiéniques de leurs produits. Et tentent de retrouver les faveurs perdues des décideurs politiques.
Avec la crise sanitaire, les articles à usage unique font leur retour sur le devant de la scène. Comme le raconte le Monde, les lobbies du plastique s'emploient à faire passer leurs produits pour des modèles d'hygiène et comme des solutions à la pandémie. Et tant pis si le plastique est le matériau sur lequel le virus tient le plus longtemps.
C'est ainsi qu'EuPC, qui représente les intérêts de plus de 50 000 entreprises de la plasturgie à Bruxelles, a demandé à la Commission européenne « de reporter d’au moins un an la mise en œuvre au niveau national de la directive SUP [sur les plastiques à usage unique] et de lever toutes les interdictions » déjà en vigueur. Cette directive prévoit la fin de la vente des produits plastiques à usage unique les plus utilisés (touillettes, cotons-tiges, etc.) en juillet 2021 dans toute l'Union européenne.
En Italie, explique encore le Monde, des fabricants tentent d’obtenir la suppression d’une taxe sur le plastique. Plusieurs Etats américains ont déjà assoupli leur réglementation sur les sacs plastiques à usage unique, préférés à leurs homologues en tissu. Les lobbies étasuniens ont déjà entamé leur entreprise de séduction pour obtenir un changement de cap au niveau fédéral. A lire dans le Monde (abonnés).

Le vélo comme transport du déconfinement
Dans une période où la distanciation physique sera de mise, le vélo sera-t-il le moyen de transport du déconfinement ? Lundi 13 avril, le gouvernement français a lancé une mission pour favoriser les déplacements à bicyclette après la levée du confinement, le 11 mai.
« Après l'épidémie il y aura un rejet collectif des transports en commun. Si on ne veut pas prendre le métro, le bus ou le car pour se rendre au travail par crainte de la contagion, il faudra bien qu'on puisse se déplacer », a expliqué au Parisien Pierre Serne. Ancien vice-président (EELV) de la région Île-de-France chargé des transports, c'est lui qui a été choisi par le ministère de l'environnement pour plancher sur le sujet.
Parmi les possibilités envisagées, la conversion de certains axes urbains en vastes pistes cyclables. Comme à Bogota (Colombie), où 117 kilomètres de chaussée ont été aménagés pour les cyclistes.

Calgary, Mexico, Séville, Philadelphie, Berlin... De nombreuses municipalités à travers la planète ont fait le choix de développer rapidement de nouvelles infrastructures temporaires pour favoriser les déplacements à vélo. En France, la ville de Montpellier a annoncé son souhait d'instaurer des pistes provisoires, raconte Actu-environnement. Même son de cloche à Paris, où des boulevards pourraient se transformer en pistes cyclables, rapporte 20 Minutes.

Des podcasts pour comprendre le vivant
« Face à l’effondrement environnemental croissant, les scientifiques du Muséum prennent la parole pour alerter ». Le ton est donné. Le Muséum d'histoire naturelle lance une série de podcasts pour permettre à chacun•e de mieux comprendre le vivant et préserver la nature.
« Être(s) vivant(s) depuis 3 milliards et demi d'années » ; « Le Printemps silencieux aura-t-il lieu ? » ; « Sommes-nous trop nombreux sur terre ? » ; Dans chaque épisode, un nouveau sujet décortiqué par des écologues, parasitologues, ou sociologues.
Les six premiers épisodes seront publiés chaque mardi, du 14 avril au 20 mai, sur le site du Muséum. Puis, une deuxième salve sortira à l'automne.
