Les citoyens se rebiffent


Un numéro où l'on verra que, lassés de payer pour les erreurs des autres, les citoyens font valoir leur droit à la justice, à l'éducation,  à la santé, à la démocratie.

Collectivités et associations attaquent Total en justice pour « inaction climatique »

Voilà qui ne devrait pas sécher les larmes de crocodile de Patrick Pouyanné, le patron de Total, qui s'était ému de ce que le débat sur la crise climatique était « trop manichéen ». Lundi 27 janvier, de nombreuses collectivités locales et associations ont annoncé qu'elles assigneraient, mardi, la multinationale en justice pour son « inaction » climatique

Parmi la vingtaine de requérants : les villes de Grenoble (Isère), Nanterre (Hauts-de-Seine) ou Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), la région Centre-Val de Loire, les associations Notre Affaire à Tous, Sherpa, les Eco Maires ou France Nature Environnement.

Le siège de Total à la Défense © dany13 - Flickr

Les participants à l'action en justice veulent se servir de la loi sur le devoir de vigilance votée en 2017 pour contraindre Total à prendre des mesures conformes aux objectifs contenus dans l'Accord de Paris (2015). Cette loi stipule qu'une société de plus de 5000 salariés doit « identifier les risques et prévenir les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l'environnement ». Le manquement à cette obligation engage la responsabilité de l'entreprise. 

Non seulement Total, quatrième plus grosse entreprise privée d'hydrocarbures du monde, n'a pas réduit son bilan carbone depuis 2015, mais celui-ci est en hausse. En 2018, ses émissions ont atteint les 42 millions de tonnes de CO2, soit l'équivalent d'un peu moins de 10% des émissions annuelles de la France, comme l'ont rapporté les Echos. A lire dans 20 Minutes (AFP).

Accident de Lubrizol : les citoyens paieront

Peu après l'accident survenu dans l'usine Lubrizol de Rouen (Seine-Maritime) le 26 septembre 2019, Elizabeth Borne, ministre de la transition écologique, l'avait promis : c'est le « principe pollueur-payeur » qui s'appliquerait « totalement ». Autrement dit, l'Etat n'a pas à mettre la main au portefeuille pour indemniser les victimes d'une entreprise privée. 

Or, comme le révèle le Poulpe, média normand d'investigation, les agriculteurs des environs de l'usine dont les champs ont été souillés par les panaches de fumées de l'incendie, ont reçu un avis de dégrèvement sur la taxe foncière. Une baisse d'impôts « pour une perte de récolte » relative « au sinistre du 26 septembre 2019 ».

Ce dégrèvement de taxe foncière, selon un membre de section locale de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles cité par le Poulpe, se situe entre 20 et 25 euros par hectare touché. Soit plusieurs centaines de milliers d'euros de manque à gagner pour l'Etat (nous, donc), qui s'apprête bel et bien à payer une partie de la facture laissée par les propriétaires de l'usine. A lire dans le Poulpe et sur Mediapart
 

En France, le passage (en force) à la 5G

La 5G, nouvelle génération de l'internet mobile, doit démultiplier le pouvoir des objets connectés. Mais qu'en est-il de ses effets sur la santé et l'environnement ? On n'en sait rien, mais ça n'empêchera pas son déploiement, prévu pour la fin de l'année 2020 en France.

Dans un rapport préliminaire publié lundi 27 janvier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a conclu à un « manque important voire à une absence de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés dans les bandes de fréquences considérées ». Soit 3,5GHz pour la téléphonie en 5G et 26Ghz, pour l'ultra haut-débit dans certaines zones limitées. 

Comme le rappelle le Monde, en 2011, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé les fréquences comprises entre 30 kHz et 300 GHz comme « cancérogènes possibles » pour l'Homme. 

L'impact des ondes électromagnétiques sur les humains et les animaux est largement sous-documenté, comme l'ont maintes fois souligné les associations Agir pour l’environnement et Priartem-Electrosensibles. Toutes deux vont déposer un recours devant le Conseil d'Etat pour tenter de faire annuler la procédure d'attribution des nouvelles fréquences aux opérateurs de téléphonie. A lire dans le Monde.

La compensation carbone, du greenwashing à peu de frais

La compensation carbone, nouvel outil à la mode pour les entreprises polluantes qui veulent s'offrir un coup de peinture verte à peu de frais.

L'idée, c'est de « compenser » les tonnes de CO2 émises en finançant des projets qui visent à réduire la quantité de carbone dans l'atmosphère. Et le meilleur moyen de capter les gaz à effet de serre, c'est de planter des arbres. 

Les multinationales aux activités les plus nocives pour le climat se ruent sur ce marché en plein boom. Compagnies aériennes, pétrolières (dont Total, tiens), et autres constructeurs automobiles promettent de semer des dizaines de millions d'euros pour faire pousser des hectares de forêts à n'en plus finir, comme le raconte le Monde

Personne ne les y oblige, sinon leur image, qui souffre ces dernières années de la prise de conscience collective de la crise climatique. La bonne nouvelle, pour elles, c'est que le marché de la compensation carbone est encore un véritable far west. On peut y acheter des tonnes de « crédits carbone » pour trois fois rien et les projets ne sont pas toujours certifiés.

Cet essor de la compensation carbone pose plusieurs problèmes, énumérés par le Monde. La frénésie actuelle dépasse le nombre réel de projets à financer. Le prix moyen de la tonne de CO2 compensée – 3 dollars – est si bas qu'il n'incite pas les entreprises à chercher comment réduire leurs émissions. Enfin, les arbres plantés aujourd'hui mettront des dizaines d'années avant de capter tout le CO2 relâché actuellement dans l'atmosphère. Le bilan carbone d'une tonne compensée est donc loin d'être neutre. A lire dans le Monde.

Le loup reprend ses quartiers en France

Vert en avait fait le personnage principal du numéro d'hier sans se douter de cette nouvelle parue plus tard dans la journée : l'Office français de la biodiversité (OFB) a annoncé, lundi 27 janvier, que le loup avait encore étendu son territoire en France.

Un loup des Appennins dans le Massif Central  ©Clame Reporter - Wikipedia

Selon les résultats de son comptage estival, l'OFB a identifié 5 nouvelles « zones de présence permanente » (ZPP) de canis lupus dans l'hexagone : la vallée du Vénéon (Isère), les Aravis (Haute-Savoie), la Dracénie (Var), ainsi que La Raye et Roubion-Saou (Drôme). Ce qui porte le nombre de ZPP françaises à 97. 

Le loup poursuit son expansion en France : 80 meutes y sont désormais recensées, dix de plus qu'en 2018. L'OFB a également dénombré 28 cas de reproduction durant la période estivale (août-octobre 2019). A lire sur le site de France 3.

Comment le loup a fait son retour en France © Le Monde

Améliorer l’enseignement du réchauffement climatique, de la maternelle au collège

Publiée début décembre, cette note du Conseil supérieur des programmes (CSP), institution chargée de faire des recommandations au sujet du contenu des enseignements dispensés dans les écoles françaises, est passée relativement inaperçue. 

Saisi par le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, le CSP a listé plusieurs propositions pour améliorer les connaissances en matière d'environnement des élèves, de la maternelle au collège« Au terme de la scolarité obligatoire, un élève doit posséder les connaissances indispensables pour comprendre le réchauffement climatique, la destruction accélérée des écosystèmes naturels, et prendre la mesure des risques qui en découlent pour les sociétés humaines », peut-on lire dans la note, repérée par 20 Minutes

Pour ce faire, le CSP recommande notamment de mettre de l'environnement dans toutes les matières : jusque dans les cours de français et de sport, et non plus uniquement en sciences de la vie et de la terre.

Un équilibre complexe devra être trouvé alors que les syndicats de professeurs se plaignent de programmes déjà chargés. Avant d'être éventuellement reprises dans les programmes scolaires, les recommandations du CSP doivent encore recevoir l'aval du Conseil supérieur de l’éducation, puis du ministre lui-même. A lire dans 20 Minutes.

La convention citoyenne pourra-t-elle sauver le climat ?

C'est une curiosité institutionnelle qui fait des envieux, alors que le Royaume-Uni lui-même s'y est mis : la Convention citoyenne pour le climat doit permettre à la France de se réduire de 40% ses émissions de CO2 d'ici 2030.

A l'issue de de sept weekends de travail, des citoyen•ne•s tiré•e•s au sort doivent faire des propositions en ce sens. Hélas ! Celles-ci, a déjà prévenu l'exécutif, seront peut-être ou pas reprises sous forme de loi. Changer le monde sans changer le système, c'est l'équation impossible demandée aux membres de la convention, que racontent Usul et Rémi Liechti dans le dernier épisode d'Ouvrez les guillemets, leur chronique diffusée sur Mediapart.

Ouvez les guillemets © Mediapart