La quotidienne

Les champs du cygne

A toujours trop arroser nos cultures de «phytos», nous ne reverrons pas les oiseaux et les abeilles de sitôt.


Malgré la pandémie, le niveau de CO2 dans l'atmosphère atteint un nouveau record

C'est (de plus en plus) chaud. Avec 419 parties par million (PPM) en moyenne au mois de mai 2021, les êtres humains n'ont jamais connu un tel niveau de CO2 dans l'atmosphère.

Même la diminution des émissions de gaz à effet de serre de l'ordre de 6% en 2020, provoquée par la baisse de l'activité économique liée au Covid-19, n'aura pas permis d'enrayer le phénomène. Après un précédent pic à 417 ppm en mai 2020, deux institutions viennent de mesurer ce nouveau record mensuel, à l'observatoire Mauna Loa d'Hawaï (Etats-Unis), comme elles l'ont annoncé lundi.

La baisse temporaire des émissions en 2020 a été gommée par la variabilité naturelle et saisonnière de la concentration en CO2 dans l'atmosphère. Dans le même temps, note la Scripps institution of oceanography, des quantités comparables de carbone étaient relâchées lors d'importants feux de forêts.

La courbe de Keeling illustre l'évolution de la concentration de CO2 dans l'atmosphère, mois par mois, depuis 1958. Les données sont exprimées en parties par million (PPM) © Scripps institution of oceanography

La teneur en CO2 dans l'atmosphère est désormais supérieure de 50% à celle de l'ère préindustrielle (milieu du 19è siècle). Elle atteint des niveaux jamais vus depuis 4,1 à 4,5 millions d'années. A l'époque, indique encore Scripps, la température était plus élevée de 7°C et les océans plus hauts de 23 mètres. La principale cause de cette récente envolée : la combustion d'énergies fossiles dans les activités humaines.

Le mois de mai est celui de l'année où l'on observe les plus fortes concentrations en CO2 atmosphérique, avant que la pousse des arbres lors du printemps et de l'été de l'hémisphère nord n'en absorbe une partie. La déforestation, qui va croissante à travers le monde, diminue également la capacité des arbres à stocker une partie du CO2 émis.

L'interdiction d'équiper les logements avec des nouvelles chaudières au fioul sera reportée à la mi-2022, a annoncé lundi la ministre de l'environnement Barbara Pompili. Initialement, l'installation de telles chaudières dans les logements neufs devait être bannie dès le 1er juillet 2021, avant d'être étendue à tous les logements au 1er janvier 2022. « Il y a une volonté, dans la période, d'y aller tranquillement », a indiqué la ministre, qui a répondu à la requête des entreprises de la filière. En France, plus de 3 millions de logements sont toujours chauffés au fioul, une énergie très émettrice de CO2. - Les Echos (abonnés)

Mardi, Renault a annoncé avoir été mis en examen pour « tromperie » dans le cadre du scandale du « dieselgate ». Dans une note révélée par Libération en 2017, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) reprochait au constructeur français d'avoir « utilisé une stratégie ayant pour objectif de fausser les résultats des tests antipollution ». Renault conteste avoir commis « la moindre infraction ». Le dieselgate avait éclaté en 2015 : cette année-là, Volkswagen avait reconnu avoir truqué les moteurs de 11 millions de ses véhicules diesel à travers le monde pour que ceux-ci réussissent les tests antipollution malgré des émissions supérieures en utilisation normale. Le fabricant allemand a déboursé des milliards d'euros pour indemniser ses clients à travers la planète. - Libération

L'Union européenne autorise toujours des pesticides dangereux sur son sol

Quels phytos planque-t-on ? En quinze ans, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a autorisé l'usage de 12 pesticides suspectés d'être cancérogènes, alerte le Pesticide action network.

En 2009, l'Union européenne a adopté une approche précautionneuse pour décider de l'autorisation, ou non, de pesticides sur son sol. Ainsi, les produits contenant des substances soupçonnées d'être cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR), connues pour être des perturbateurs endocriniens, ou persistantes, devaient être systématiquement bannis.

Or, révèle une étude de l'ONG Pesticide action network (PAN) Europe, douze pesticides ont été autorisés par l'EFSA depuis 2006, malgré de graves soupçons sur leur toxicité.

L'hydrazine maléique est un herbicide utilisé dans les cultures d'oignons, de patates ou de carottes. Lors de son utilisation, il libère de l'hydrazine, substance suspectée d'être cancérogène. L'hydrazine maléique a été réautorisée en 2017 par l'EFSA. Par ailleurs, on trouve toujours de l'aniline - classée mutagène et cancérogène par l'UE - dans le Buprofezin, un insecticide pulvérisé sur les cultures de fleurs.

Dans son étude, le PAN accuse l'EFSA d'avoir systématiquement omis d'évaluer la toxicité des sous-produits des pesticides autorisés, comme l'hydrazine pour l'hydrazine maléique. L'agence aurait également autorisé certains produits au motif que ceux-ci ne comportaient des substances toxiques qu'en faibles quantités. Ce qui contrevient au principe « zéro exposition » contenu dans la directive de 2009, qui vise à empêcher tout contact avec ces substances dangereuses, juge le PAN. L'ONG dévoile également les nombreux liens de certains experts de l'EFSA avec l'industrie chimique et la surreprésentation de cette dernière dans les groupes de travail sur la toxicité des substances.

L'Anses a trouvé 22 alternatives aux néonicotinoïdes « tueurs d'abeilles »

Une nouvelle qui fera le bzzz ? L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé avoir trouvé 22 alternatives aux néonicotinoïdes, ces pesticides « tueurs d'abeilles ».

En décembre 2020, alors que les cultures de betteraves à sucre étaient menacées par la jaunisse, dont le virus est véhiculé par les pucerons, le gouvernement avait réautorisé l'usage de semences enrobées de néonicotinoïdes jusqu'en 2023. Cette famille de pesticides avait été interdite en 2018 en raison de sa dangerosité pour l'ensemble du vivant, dont les abeilles et les oiseaux.

Chargée il y un an de trouver des alternatives moins néfastes, l'Anses vient de publier un rapport listant 22 produits ou méthodes de substitution aux néonicotinoïdes. Parmi celles-ci, on trouve l'emploi d'autres pesticides de synthèse, moins dangereux. S'il s'agit de la méthode la plus efficace et rapide, elle se révélera peu durable en raison de la capacité d'adaptation des pucerons.

Les producteurs de betterave sucrière plantent des semences enrobées de néonicotinoïdes, pour tuer le puceron vecteur du virus de la jaunisse. Polluant ainsi les sols pendant des années. © René Schaubhut

A court terme, l'Anses propose de changer de méthodes de culture, pour adopter des pratiques « fondées sur la modification du mode de fertilisation ou la protection des sols : le paillage, d'une part, et la fertilisation organique à l'aide de compost, d'autre part ».

Autres solutions : l'usage de produits phytosanitaires naturels, de macro-organismes (insectes et autres invertébrés) ou de variétés résistantes aux virus. Ces méthodes nécessiteront « de plus amples recherches ou des ajustements techniques pour leur application », note l'Anses. Parmi les nombreuses autres solutions à moyen terme, on trouve l'emploi de micro-organismes ou de stimulateurs de défense des plantes.

Voilà qui devrait apporter de l'eau au moulin des opposant·e·s aux néonicotinoïdes : en février, six ONG avaient déposé des recours contre l'arrêté gouvernemental réintroduisant ces pesticides (Vert).

Stéphane Bern, l'extrême droite et les éoliennes

L'extrême droite aime brasser du vent. La semaine dernière, le royaliste Stéphane Bern s'est joint au Rassemblement national pour taper sur les éoliennes avec un argument-massue : en plus d'être laides, celles-ci ne fonctionnent qu'un quart du temps. Un savant mensonge décrypté par la pastille Désintox d'Arte.

© Arte