Le bœuf dans la pièce


Ils pourront repeindre en vert les barquettes de viande et les avions, mais les gens qu'on somme voient désormais la réalité en face.

Le mois de janvier le plus chaud jamais mesuré 

Ce n'était pas qu'une impression. Il a fait très chaud en ce mois de janvier 2020. A tel point que celui-ci vient de battre le record du mois de janvier le plus chaud jamais mesuré, selon les données que vient de publier Copernicus, le programme européen d'observation de la Terre.

Les écarts de température constatés en janvier 2020 par rapport à la moyenne des mois de janvier de la période 1981-2010. © Copernicus

Les chiffres ont de quoi faire perler quelques gouttes de sueur : ce mois de janvier a battu de 0,03°C celui de 2016, précédent détenteur du record. En Europe, il a fait 3,1°C de plus que la moyenne de la période de référence 1980-2010. Jusqu'à +6°C dans de larges zones situées entre la Norvège et la Russie. 

Le thermomètre a également affiché des températures « bien au-dessus » de la moyenne en Amérique du Nord, au Japon, en Asie du sud-est, en certains points de l'Antarctique et, bien sûr, dans le sud-est australien, ravagé pendant des semaines par les incendies.

Les cinq dernières années (2015-2019) furent les plus chaudes, comme Copernicus l'avait déjà noté. Les cinq prochaines devraient les battre, selon le Met Office, le Météo France britannique. Au cours de la période 2020-2024, la température devrait se situer, chaque année, entre 1,06 °C et 1,62 °C au-dessus de la moyenne de l'ère préindustrielle. Les chercheurs évaluent à 10% la probabilité de dépasser, d'ici à 2024, les 1,5°C de réchauffement, objectif contenu dans l'accord de Paris signé en 2015. À lire dans 20 Minutes.

La Cour des comptes juge insuffisante la réduction des pesticides en France

Objectifs non atteints, utilisation opaque de l'argent... Dans un référé daté de novembre, mais qui vient d'être publié, la Cour des comptes dresse un bilan sévère de l'action des gouvernements successifs en matière de réduction des pesticides.

Après le Grenelle de l'environnement de 2007, la France avait mis sur pied son plan Ecophyto, censé permettre une diminution de 50% de l'usage des pesticides à l'horizon 2018. Or, cette même année, la vente de produits phytosanitaires avait encore augmenté de 21%. Face à cet échec, les plans Ecophyto 2, puis 2+, ont repoussé l'objectif de 50% de réduction à 2025. 

Chargée d'évaluer la façon dont l'argent public est dépensé, la Cour estime que la France se situe « très en deçà des objectifs » contenus dans ses plans successifs de réduction des pesticides, « en dépit d'une décennie d'actions mobilisant des fonds publics importants ». 400 millions d'euros ont ainsi été dépensés en 2018. 

Pour améliorer ce bilan, la Cour des comptes recommande par exemple de « publier et rendre accessibles au public, chaque année, les données et les analyses rendant compte de la politique menée, des substances actives émises et de leurs effets sur la santé humaine et sur l'environnement, notamment sous forme de cartographies ». Elle réclame également davantage de transparence quant à l'utilisation faite de ces deniers publics. À lire sur le site de France Info

 

L'OCDE suggère de doubler la taxe carbone des entreprises 

Il est une version de la taxe carbone qui pourrait mettre tout le monde d'accord. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui rassemble les pays les plus riches, a fait ses calculs : taxer les tonnes de CO2 des entreprises ferait baisser leurs émissions sans nuire à l'emploi

Dans une étude publiée mardi 4 février, un économiste de l'OCDE s'est penché sur le cas de 8000 entreprises françaises du secteur manufacturier entre 2001 et 2016. Le rapport note qu'une augmentation de 10 % du prix de l’énergie avait permis la diminution de la consommation de 6 %, ainsi qu'une réduction des émissions de CO2 de 9%. Le tout, sans effet sur la création d'emploi au niveau du secteur d'activité. Toutefois, des « redéploiements de productions et de salariés des entreprises intensives en énergie vers d’autres plus économes » se sont produits. 

Créée en 2014, la contribution climat-énergie, sorte de taxe carbone sur les entreprises françaises, a permis de réduire les émissions de CO2 de 5 % en quatre ans, soit 3,6 millions de tonnes de CO2 évitées.

Selon l'étude, « une augmentation supplémentaire de son taux de 45 € à 86 € par tonne de CO2 générerait une réduction des émissions de carbone de 8,7 % », soit 6,2 millions de tonnes de CO2, avec « un redéploiement pour 0,24 % des salariés du secteur manufacturier ». À lire sur le site de France Inter.

Vinted, le fast food de la fripe

Sur le papier, ça avait tout de la bonne idée. Remède aux dizaines de kilos de vêtements achetés chaque année par les Français•e•s, le marché de la fripe se développe à la vitesse grand V. V comme Vinted, appli numéro 1 de la seconde main

Or, comme l'explique Reporterre, la firme lituanienne s'est muée en un fast food de la fripe où, fort•e•s d'un plus grand pouvoir d'achat, certain•e•s vinties multiplient les achats et ventes à un rythme effréné. Les mécanismes de l'application poussent au geste compulsif et avec eux, des millions de colis sont expédiés chaque année ; il n'est d'ailleurs plus possible d'afficher les vendeu•rs•ses près de chez soi, auprès de qui l'on pouvait auparavant retirer ses achats en main propre. À lire dans Reporterre.

Une campagne de pub de Ryanair interdite pour greenwashing

Les compagnies aériennes ne savent plus quoi faire pour déculpabiliser leurs passagers et les soulager de la honte de voler. Ryanair, la pire d'entre elles, vient de se faire épingler pour un greenwashing grossier

En 2019, la firme irlandaise a fait son entrée dans le top 10 des plus gros émetteurs de CO2 de l'Union européenne, derrière 9 centrales au charbon. Voilà qui ne l'a pourtant pas empêchée, la même année, de se proclamer « compagnie aérienne la moins chère et aux émissions les plus basses d'Europe », dans une campagne de publicité au Royaume-Uni, comme le raconte le Guardian.

Extrait de la campagne de publicité de Ryanair.

Seulement, le document présenté par Ryanair pour prouver ses dires auprès de l'autorité britannique de la publicité datait de 2011. Des chiffres vieux de 8 ans jugés « de peu de valeur » par l'Advertising Standards Authority (ASA), qui a également noté que certaines compagnies majeures n'avaient pas été prises en compte. 

La campagne a été interdite par l'ASA qui a demandé à Ryanair de revoir la copie justifiant ses dires. Comme le rappelle le Guardian, le patron de la compagnie et climato-sceptique notoire, Michael O'Leary, avait suggéré, par le passé, de « tirer sur les écologistes ». À lire sur le site du Guardian (en anglais) ou sur celui du Figaro (AFP).

Après la taxe carbone, une taxe bidoche ?

Le bilan carbone d'une protéine de bœuf est sans commune mesure avec celui, mettons, d'une protéine de lentilles. Or, les systèmes actuels de taxation ne sont pas du tout faits pour limiter l'impact de la première au bénéfice de la seconde.

Dans le prolongement du Green deal porté par la Commission européenne, la coalition TAPP (pour « Vrai prix d'une protéine animale » en français) propose d'introduire une nouvelle taxe sur la viande à l'échelle européenne.

Dans un rapport, publié lundi 3 février, ce groupe constitué d'ONG écologistes et de défense des animaux suggère de mettre en place des taxes de 47 centimes d'euros pour 100 grammes de bœuf, 36 pour 100g de porc ou encore, 17 centimes sur 100g de poulet. Selon leurs calculs, cette nouvelle taxation pourrait faire baisser la consommation respective de ces trois viandes de 67%, 57% et 30% d'ici à 2030. Ainsi que de réduire les émissions des États-membres de l'UE de 120 millions de tonnes de CO2 par an. 

Les 32 milliards d'euros ainsi collectés serviraient à subventionner les agriculteurs pour leur permettre de se convertir à des productions sans viande, à faire baisser les prix des fruits et légumes, ainsi qu'à soutenir les pays les plus touchés par la crise climatique.

Selon une étude publiée dans Science en 2019, réduire sa consommation de viande serait le meilleur geste individuel à faire pour la planète. À lire dans le Guardian (en anglais).

Le bœuf au milieu de la pièce

Parfois, on ne voit pas bien ce qu'on pourrait faire pour réduire notre bilan carbone, alors qu'il y a un éléphant dans la pièceUn bœuf, plus exactement. Sa viande, surtout, dont la production figure parmi les principaux responsables des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Dans cette vidéo, Osons Causer se penche sur la bidoche, fléau climatique et environnemental.

© Osons causer