La quotidienne

L’aphone et la flore

Chères toutes et chers tous,

 
📆 Ceci est la dernière édition quotidienne de Vert de 2022. La rédaction espère que vous avez pris autant de plaisir à nous suivre que nous en avons pris à vous concocter ces éditions tout au long de cette année particulière, de l'élection présidentielle et des législatives aux COP sur le climat et sur le vivant, sans oublier la sortie du dernier rapport du Giec. Rendez-vous début janvier pour la reprise de la quotidienne !
 
🎄 La semaine prochaine, vous aurez droit à une édition spéciale sur le bilan de la COP15 biodiversité ; vous recevrez bientôt un numéro consacré aux bonnes nouvelles de 2022. Et enfin, le bêtisier de l'année, avec des vrais morceaux de ministres dedans. 


Les peuples autochtones peinent à faire entendre leurs voix alors qu’ils connaissent leurs terres sur le bout des doigts.


Meilleurs protecteurs du vivant, les peuples autochtones restent en marge des négociations de la COP15

Alors que le mode de vie et les pratiques ancestrales des peuples autochtones en font les meilleurs garants de la biodiversité mondiale, leur voix pèse encore très peu dans les négociations internationales.

« Les autochtones sont les meilleurs gestionnaires de la biodiversité », s’époumone auprès de Vert Ben Sherman, membre de la nation Oglagla Lakota installée dans le Dakota du Sud (États-Unis). À la COP15, les représentant·es des peuples autochtones ont été accrédité·es en nombre, et le projet d’accord pour instaurer un cadre mondial sur la biodiversité post-2020 reconnaît leur rôle dans la préservation du vivant. Ils possèdent, habitent ou utilisent environ 20% des terres mondiales ; ces dernières abritent 80% de la biodiversité restante du globe. Un héritage direct de leurs méthodes de conservation.

« Dans ma communauté, nous voyons la forêt comme un être vivant, de la même manière que la montagne, la rivière, les arbres ; chaque élément a un esprit », développe Helena Gualinga, qui vient du territoire amazonien de Sarayaku (Equateur). Donner à cette « valeur » spécifique de la nature plus de poids dans les décisions économiques et politiques permettrait de lutter efficacement contre l’effondrement du vivant, a récemment démontré l’IPBES - l’équivalent du Giec pour la biodiversité (Vert).

Ta’kaiya Blaney (à gauche) et sa cousine de la nation Tla A'min de Colombie-Britannique (Canada) lors d’une conférence de presse à la COP15 © UN biodiversity

Malheureusement, si ce rôle de premier plan dans la conservation de la biodiversité est reconnu à la COP15, il ne donne pas droit à une voix prépondérante dans les négociations : les peuples autochtones « doivent parler de leur vie, de leur rapport au monde dans le cadre de visions occidentales, continue Nadia Belaïdi. Par exemple, on parle de “gardiens de la nature” comme s’ils étaient en surplomb, ce qui n’est pas du tout leur vision. En somme, on leur dit : “pour vous reconnaître, il faut que vous rentriez dans nos cases”. Ça manque beaucoup d’altérité ».

Le reportage complet est à lire sur sur vert.eco

· La fin de l’impression systématique des tickets de caisse, qui était prévue pour le 1er janvier, est finalement repoussée au 1er avril, d’après un décret publié au Journal officiel jeudi. Une décision liée au fait que de nombreux·ses consommateur·rices s’appuient encore sur les tickets de caisse pour vérifier les prix des produits dans un contexte d'inflation, justifie le gouvernement. Cette mesure, issue de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) de 2020, prévoit que les client·es puissent réclamer leur ticket de caisse, au lieu que celui-ci ne soit obligatoirement imprimé. - Le Monde (AFP)
 

· Jeudi, le « bonus réparation », lui aussi tiré de la loi AGEC, est entré en vigueur. Ce dispositif permet aux consommateur·rices d’obtenir une remise (de 10 à 45 euros) sur le dépannage d’appareils électriques et électroniques auprès de réparateur·rices labéllisé·es « QualiRépar ». L’association Zero waste craint que le faible nombre de détenteur·rices du label ne limite la portée de ce bonus. - Ouest-France

« Redemander un délai alors qu'il y a déjà des délais qui ont été donnés, avec des effets néfastes sur la santé qui ont été documentés et que tout le monde connaît, ça me semble être un très mauvais signal ».

Interrogé par Vert ce jeudi en marge de la COP15, le ministre de l’écologie, Christophe Béchu, s’est opposé au renouvellement de la dérogation accordée aux producteur·rices de betteraves à sucre, qui leur permettrait de continuer à utiliser des pesticides néonicotinoïdes en 2023.

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Le poids des maux. Les humains ont tellement fabriqué d’objets, bâti d’immeubles ou de routes, que leurs constructions pèsent plus lourd que le poids total du vivant. Ce dépassement se serait produit en 2020, avait révélé une étude parue cette année-là dans Nature. La trajectoire est spectaculaire, puisque ce poids double tous les 20 ans. En moyenne, pour chaque personne sur le globe, une « masse anthropique » équivalente à son poids est produite chaque semaine.

Les meilleurs livres écolos à mettre sous le sapin en 2022

Des livres et nous. Romans, essais, bédés, manuels et autres beaux albums ; 2022 nous a offert son lot de bons bouquins en tout genre sur l’écologie, comme en témoigne la trentaine de chroniques publiées cette année sur vert.eco. Voici un florilège d’ouvrages tout juste parus à (vous) offrir.
 

Le beau livre des arbres

Un grand format sur les arbres pour explorer la biologie, la symbolique et les récits sur ces merveilleux compagnons qui peuplent nos villes, nos campagnes et nos mythologies. Entre le livre d’art et le manuel naturaliste, cet ouvrage finement illustré trouvera une place de choix au pied du sapin. Pour cultiver son émerveillement du vivant.

Le beau livre des arbres, Michael Scott, Ross Bayton, Andrew Mikilajski, Keith Rushforth, Éditions Leduc, septembre 2022, 320p., 36,90 €

La mécanique des vides

Tout nu, sous terre, un homme se réveille dans un monde déroutant sans plus pouvoir piper mot. Sa quête pour retrouver sa langue se croise avec celle d’esprits de la forêt en lutte contre les machines qui détruisent leur univers. Au long de ses 200 pages, la mécanique des vides est un périple hallucinatoire à travers le langage en même temps qu’une fable sur le vivant. Ses illustrations, surprenantes et parfois spectaculaires, mêlent une large palette de techniques à une foule d’influences (bio)diverses et variées.

La mécanique des vides, Zéphir, Futuropolis, sept. 2022, 208p., 25€

Retrouvez toutes nos autres suggestions sur vert.eco

Dans Avatar 2, le vivant décroche le premier rôle

Avatar que jamais. Si vous n’arrivez pas à vous figurer ce qui est en jeu dans les négociations de la COP15 sur la biodiversité, le second volet d’Avatar - en salle depuis mercredi - propose une séance de rattrapage. « Le film contribue à conscientiser la population sur les dégâts écologiques […] avec un renversement par rapport à la science-fiction classique, où l’humanité ne se fait pas envahir par des extra-terrestres, mais devient l’agresseur », explique à Vert Yannick Rumpala, directeur de l’Équipe de recherche sur les mutations de l’Europe et de ses sociétés (ERMES). En abordant le thème de l’exil et de l’extraction des ressources dans ce second opus, le réalisateur canadien James Cameron nous plonge cette fois-ci à la découverte des richesses du monde marin. Des énormes baleines aux petites méduse-anémones, l’ensemble du vivant y habite en cohésion avec les peuples autochtones de la planète Pandora… jusqu’à ce que les humains - quelle surprise ! - ne viennent briser cette harmonie.

Avatar 2 : la voie de l’eau, James Cameron, 2022, en salles depuis mercredi.

 © 20th Century Studios

+ Loup Espargilière, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.