La quotidienne

Label époque

Chères toutes et chers tous,

🎂 Mazette ! Voici déjà la 750ème édition de la quotidienne de Vert ! Un chiffre qui ne nous rajeunit pas, mais qui nous fait prendre conscience du chemin parcouru depuis le numéro 0, envoyé un midi de novembre 2019, à une poignée de courageux. Qui aurait pu... ?


🕺💃  On vous rappelle que le premier apéro du club se tiendra mercredi 27 septembre à la Recyclerie (Paris 18) à partir de 19h ! Au menu : présentation de la nouvelle équipe, questions-réponses sur tous les sujets qui vous brûlent les lèvres, quiz des bonnes nouvelles avec Gaetan Gabriele et déhanchage généralisé sur un DJ set par Pierre Rouvière (aka Ecolo mon cul!).

Pour assister à la soirée, il est encore temps de rejoindre le club; vous recevrez ensuite un mail permettant de vous inscrire. Viendez nombreux !


Pendant qu'Amazon et son monde sonnent la fin, Emmaüs et les siens construisent demain.


Planification écologique : vers une séquence difficile pour le gouvernement

Après avoir plusieurs fois repoussé l’échéance, l’exécutif présente enfin cette semaine les nouveaux objectifs climatiques du pays, qui doit accélérer très fortement sa transition. L’opération séduction des chef·fes de partis a débuté pour tenter de trouver des allié·es au Parlement.

Fini l’abaya ; le gouvernement entame cette semaine une séquence politique autrement cruciale, dédiée cette fois-ci à la nouvelle stratégie climatique de la France à 2030. Dans le sillage de l’Union européenne, le pays doit se mettre en ordre de marche pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de -55 % par rapport à 1990 (contre -40 % précédemment).

Si la confirmation des objectifs et la présentation détaillée des nouvelles mesures par Emmanuel Macron n’est prévue que lundi 25 septembre, le gouvernement est à pied d’œuvre toute cette semaine pour sonner la mobilisation générale - et déminer le terrain au passage. Ce lundi, la Première ministre a présenté les grandes lignes du plan aux principaux chef·fes des partis politiques (à l’exception de la France Insoumise, qui a boudé la réunion). Elle reproduit l’exercice ce mardi avec les membres du Conseil national de la refondation.

Très en retard sur le chantier de la rénovation thermique des logement, le gouvernement parie sur une très forte accélération dans les prochaines années. © SGPE

La plupart des éléments communiqués cette semaine sont publics depuis juillet, mais ils sont passés sous les radars médiatiques. La comm’ du gouvernement a été plusieurs fois contrariée, d’abord par les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, puis par le remaniement estival.

Parmi les objectifs marquants déjà dévoilés : le gouvernement prévoit de tripler la production d’électricité solaire et de doubler la production éolienne d’ici à 2030. Les voitures électriques devront alors représenter 66 % des ventes de véhicules neufs contre 15 % aujourd’hui. Côté agriculture, l’exécutif compte atteindre 21% de surfaces cultivées en bio, contre 6% aujourd'hui.

Pour y parvenir, le gouvernement promis d’engager 7 milliards d’euros supplémentaires dans le budget 2024 (les dépenses «vertes» s’élevaient à 33,9 milliards d’euros en 2023) mais l’absence de majorité à l’Assemblée pourrait lui compliquer la tâche, d’autant que les chef·fes de partis sont ressorti·es sceptiques de leur rencontre avec Élisabeth Borne.

· Lundi, des activistes de Greenpeace ont tenté, en vain, d’empêcher l’installation d’un nouveau terminal méthanier flottant, qui accueillera des navires transportant du gaz naturel liquéfié (GNL), au Havre (Seine-Maritime). Porté par TotalEnergies, ce projet controversé vise à sécuriser l’approvisionnement français en GNL, plus carboné que le gaz acheminé par gazoducs, pour au moins cinq ans. Ayant échoué à monter à bord pour ralentir l’arrivée du navire, les militant·es ont peint «Gas kills» («le gaz tue») en lettres blanches sur la coque du méthanier. - Libération (AFP)

Les activistes de Greenpeace peignent la coque du méthanier Cape Ann au large du Havre, lundi 18 septembre 2023. © Lou Benoist / AFP

· Lundi encore, des centaines de militant·es écologistes ont bloqué la banque de la Réserve fédérale de New York afin de réclamer l’arrêt des financements des énergies fossiles. La mobilisation a eu lieu à la veille de l’ouverture de la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, qui débute ce mardi. Dimanche, une vaste marche pour le climat avait réuni des dizaines de milliers de personnes dans les rues de New York. - The Guardian (en anglais)

· Les humains provoquent la perte de branches entières de «l’arbre de la vie», alertent des scientifiques dans une étude publiée lundi dans la revue PNAS. Les chercheur·ses ont recensé l’extinction de 73 «genres» d’êtres vivants au cours des 500 dernières années. Ces genres sont situés entre les espèces et les familles d’êtres vivants : par exemple, le chat est une espèce du genre Felis, lui-même appartenant à la famille des félins. D’après l’étude, la disparition de ces 73 genres aurait dû prendre 18 000 ans. - France info (AFP)

«Le nouveau plan loup du gouvernement franchit trop de lignes rouges. Il ne voit ce prédateur que comme une menace, ce que dément la réalité du terrain. Les loups sont plus nombreux, mais le nombre de victimes de leurs attaques reste stable.»

  - Jean-David Abel (France Nature Environnement), à Vert  

Entourloupes. Lundi, les six associations de protection de la nature, dont France Nature Environnement, engagées dans les consultations du prochain «plan Loup» ont claqué la porte lors de la présentation du texte (notre article). Au printemps dernier, elles avaient soumis une quarantaine de propositions pour tenter d’élaborer un plan qui ménage la chèvre et le loup. Aucune n'a finalement été retenue. Première ligne rouge franchie : la volonté du gouvernement de réexaminer le statut d'espèce «strictement protégée». Second point de tension, l'assouplissement des tirs de défense en cas d'attaque du canidé (on estime à quelque 12 000 le nombre de brebis croquées chaque année) : plusieurs tireurs pourraient ainsi viser l'animal, et n’auraient plus l’obligation d'effaroucher le loup avec des lumières la nuit avant de tirer. De nouvelles discussions sont prévues en novembre, auxquelles les associations doutent de participer.

Label Emmaüs, l’alternative solidaire à Amazon

Label affaire. Des livres à gogo, de l’électronique reconditionné, des vêtements et même des meubles... la plateforme Label Emmaüs regorge de fournitures en tout genre et se bat depuis sept ans pour défendre un modèle écolo et solidaire.

«Même si Emmaüs est très connu, beaucoup de personnes ne savent pas que nous vendons en ligne», constate la directrice de Label Emmaüs, Maud Sarda. Face aux mastodontes du secteur, tels qu’Amazon, Leboncoin ou Vinted, difficile de se faire une place. L’«e-shop militant» du mouvement Emmaüs a pourtant tout pour convaincre : il travaille avec 172 boutiques solidaires qui proposent un grand spectre d’objets, des livres aux vêtements en passant par la déco et les meubles.

«Les produits de Vinted font le tour du monde. Chez nous, tout se passe en France», note Maud Sarda. Selon son rapport d’impact, 1 770 tonnes de CO2 auraient ainsi été évitées en 2021, l’équivalent des émissions annuelles de 180 Français·es.

Une opératrice référence les livres reçus qui pourront ensuite être commandés sur le site de Label Emmaüs © Juliette Quef/Vert

Situé dans une ancienne usine de fabrication d’ampoules de train à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), Label Emmaüs offre une seconde vie à des livres promis au pilon et à des vêtements invendus. Les ouvrages sont collectés dans les communautés d’Ile-de-France, dans des recycleries et quelques bibliothèques. Chaque volume est inspecté, référencé et placé dans des rayonnages imposants. Au total, 300 000 livres attendent d’être commandés. 

Comme les autres vendeurs de l’économie sociale et solidaire présents sur le site internet, l’entrepôt de Label Emmaüs emploie des salarié·es en insertion professionnelle. Formé·es comme opérateur·ice polyvalent·e, elles et ils enregistrent, préparent, envoient les commandes et gèrent le service après-vente. Label Emmaüs revendique ainsi la création de 500 emplois depuis son lancement en 2016.

«Aujourd’hui, on se heurte aux limites planétaires et aux limites sociales de notre modèle de surconsommation, souligne Maud Sarda. Ça vaut le coup de redécouvrir des associations historiques qui ont un message d’une modernité incroyable. Emmaüs, c’est l’économie circulaire avant l’heure.»

L’ambroisie, grosse reloue ou lanceuse d’alerte ?

Ça pose pollen. Cette semaine, dans la série «ces plantes dont tout le monde se fout», Ophélie, alias Ta mère nature, nous fait découvrir l’ambroisie : une espèce invasive importée des Amériques qui fait éternuer et gratter les yeux. Une plante un peu reloue, mais qui sert aussi de lanceuse d’alerte.

© Ta mère nature

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Anne-Claire Poirier et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.