La terre atterre


Un numéro où l'on verra qu'en agriculture, si t'es pas propriétaire, t'es rien. 

Décarboner les nouveaux logements

Clim' et bâtiments. Mardi, le gouvernement a présenté de nouvelles normes censées réduire les émissions des logements neufs

Le bâtiment génère 28% des émissions de dioxyde de carbone (CO2) françaises, dont une large part provient du chauffage (Haut-conseil pour le climat). Hier, Barbara Pompili (ministre de la transition écologique) et Emmanuelle Wargon (ministre du logement) ont présenté de futures normes, censées réduire l'empreinte carbone du secteur. Elles s'appliqueront progressivement à partir de l'été prochain. 

La nouvelle « réglementation environnementale 2020 » (RE2020) prévoit à terme de baisser de 30% les besoins énergétiques des nouveaux logements. Et la consommation restante devra être assurée par des énergies peu émettrices de CO2. 

Dès l'été 2021, le seuil d'émissions d'une maison individuelle neuve ne devra pas dépasser 4 kg de CO2 par mètre carré et par an. Ce qui exclurait les chauffages exclusivement au gaz. Le gouvernement entend sortir les énergies fossiles des logements neufs d'ici 2024, au profit de la biomasse (le bois) et de l'électricité. Produite par un mélange de nucléaire et de renouvelables, cette dernière est largement décarbonée en France. 

Les logements collectifs, comme les immeubles, auront un délai supplémentaire pour s'affranchir du chauffage au gaz. © Martin Vorel

Dans les logements collectifs, les nouvelles normes seront plus progressives : le seuil sera d’abord fixé à 14 kgCO2/an/m2. Puis, en 2024, le seuil sera abaissé à 6 kgCO2/m2/an.

Pour alléger drastiquement le bilan carbone du secteur et atteindre les objectifs climatiques que la France s'est fixés, le gouvernement devra faire preuve d'une bien plus grande ambition. Mardi, le Haut-Conseil pour le climat a présenté une liste de propositions pour accélérer la rénovation thermique des logements existants, dont Vert s'est fait l'écho. Plus d'informations dans 20 Minutes

• Mardi, Total a confirmé l’« arrêt conjoncturel » pendant plusieurs mois de la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), la deuxième plus importante de France. Conséquence de la crise née du Covid-19, le site fonctionne à perte. Il pourrait rouvrir en cas de reprise économique, mais des syndicalistes craignent un vaste plan de départ volontaire. - Le Monde (AFP)

Les terres agricoles sont de plus en plus concentrées

Le chiffre atterre : dans le monde, 70% des terres agricoles sont exploitées par 1% des fermes

C'est la conclusion effarante d'un rapport publié mardi, écrit par l'ONG International land coalition avec Oxfam et le World inequality lab. Pour s'en convaincre les auteur•rice•s ont épluché 17 études récentes. Après une tendance à la diminution, elles et ils notent que la concentration des terres s'est accrue à partir des années 1980. 

Parmi les principales causes : la finance. C'est en Europe et aux Etats-Unis que le phénomène est le plus marqué, là où les rares petit•e•s paysan•ne•s travaillent souvent pour l'industrie agroalimentaire ou des fonds d'investissement, note le rapport. Puisque les aides sont attribuées en fonction de la taille de l'exploitation, la Politique agricole commune européenne a largement contribué à ce mouvement.

Des champs irrigués en Arizona (Etats-Unis) © Planet labs

C'est en Chine et au Vietnam que les petit•e•s exploitant•e•s ont le plus accès à la propriété. A contrario, c'est en Amérique Latine que la répartition des terres est la plus inégalitaire. L'Afrique rassemble le plus grand nombre de petit•e•s propriétaires terrien•ne•s.

Cette tendance à la concentration menace les quelque 2,5 milliards de petit•e•s paysan•ne•s. Elles et eux qui pratiquent souvent une agriculture de subsistance, où les machines et intrants chimiques sont moins utilisés, et dont l'impact environnemental est plus faible.

Ce phénomène aggrave donc la crise climatique, contribue à l'usure des sols, réduit les revenus des paysan•ne•s et menace directement la subsistance de 1,4 milliard de personnes, alertent les ONG. Elles recommandent de réguler davantage le système très opaque de la propriété foncière agricole ; une taxation plus favorable aux petit•e•s propriétaires, et un approfondissement des structures démocratiques. 

Compter les arbres contre le racisme environnemental

Des arbres contre le désastre. Aux Etats-Unis, une association compte les arbres pour lutter contre le racisme environnemental.

Le phénomène est désormais documenté : les quartiers pauvres sont beaucoup moins peuplés en arbres que les quartiers plus aisés. A tel point qu'à Los Angeles, l'ombre est en train de devenir un « marqueur de privilège », racontait le New York Times

Ce qui s'explique notamment par la politique de lutte contre les stupéfiants : la police a longtemps vu les végétaux comme des planques de drogues ou d'armes potentielles dans les quartiers paupérisés à majorité afro-américaine. Alors que le climat se réchauffe et que le besoin en ombre et en air pur s'accroît, American forest veut reboiser les communautés les plus défavorisées. 

En se basant sur des données satellites, cette ONG recense le nombre d'arbres de trois sites pilotes : le comté de Maricopa (Arizona), la baie de San Francisco (Californie), et l'Etat du Rhode Island. Pour chaque parcelle de terre, elle mesure l'écart entre le nombre idéal d'arbres et celui qui existe. Ainsi que les emplacements où il conviendrait d'en planter. 

Le comté de Maricopa (Arizona). Les surfaces en orange indiquent un manque d'arbres. Cliquez sur l'image pour l'agrandir © American forests

Les chiffres sont ensuite croisés avec des données démographiques (âge, sexe, éthnicité, niveau de revenus, etc.) pour alerter les élu•e•s sur les quartiers à arborer en priorité. L'ONG veut analyser les terres habitées par 70% de la population américaine d'ici 2022. Et d'ici-là, contribuer à faire exploser le nombre de projets de foresterie urbaine. Plus d'informations dans Grist (en anglais).

Six femmes sur la planète des grands singes

Trois femmes - Jane Goodall, Dian Fossey et Birutė Galdikas - sont à l'origine d'une somme incalculable de connaissances sur nos cousins les grands singesLes « trimates » nous laissent un autre héritage : celui d'une jeune garde de chercheuses et aventurières qui marchent dans les pas de leurs illustres aînées. C'est l'histoire de Six femmes sur la planète des grands singes (2019), un riche et réjouissant documentaire en deux parties diffusé sur Arte

© Arte