La doyenne prend (enfin) sa retraite


Après avoir cotisé 43 années au réseau électrique français, la centrale alsacienne de Fessenheim s'apprête à tirer sa révérence.

Les adieux à Fessenheim

Elle prend (enfin!) sa retraite. À Fessenheim (Haut-Rhin), le premier des deux réacteurs de la plus vieille centrale nucléaire française encore en activité doit être mis à l'arrêt ce samedi. Puis, le 30 juin 2020, ce sera le tour du second, marquant la fin définitive de la production sur le site alsacien. 

La fermeture de Fessenheim intervient après des années de tergiversations : l'ancien président François Hollande l'avait initialement promise pour 2016Un décret, publié mardi 18 février au Journal officiel, « abroge l’autorisation d’exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim dont EDF est titulaire ».

La centrale de Fessenheim © César / Wikipedia

Mise en service en 1977, la centrale aura donc fonctionné pendant 43 ans. Ces dernières années, elle avait connu plusieurs incidents mineurs, rappelle le Monde. La pression pour obtenir sa fermeture s'était accrue, notamment depuis l'Allemagne voisine. Associations écologistes et élus régionaux du Bade-Wurtemberg craignaient cette centrale construite sur une zone sismique et exposée à des risques d'inondation. 

Exploitant de la centrale, EDF devrait recevoir une indemnisation de 400 millions d'euros. Ses quelque 800 salariés participeront au démantèlement ou seront reclassés ailleurs en France, raconte encore le Monde. Les employés d'entreprises sous-traitantes n'auront pas cette chance. L'avenir de la commune est incertain alors qu'aucune compensation financière n'a été prévue. 

 

Le démantèlement, un nouveau feuilleton en perspective

Un nouveau feuilleton s'ouvre pour EDF : celui du démantèlement des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim

Après trois ans d'études et d'échanges avec l'Autorité de sûreté nucléaire, EDF devrait commencer à évacuer le combustible irradié d'ici à 2023. Comme l'explique le Monde (abonnés), les « crayons » qui composent le cœur de chaque réacteur et contiennent des milliers de pastilles d'uranium, doivent être stockés pendant trois ans dans des piscines afin d'en faire baisser la radioactivité. Celles-ci ne sont pas « bunkerisées », faisant peser un risque en cas d'attaque terroriste ou de catastrophe naturelle, selon André Hatz, président de Stop Fessenheim. 

Le démantèlement à proprement parler devrait commencer en 2025. EDF prévoit au moins quinze ans de travaux et estime le coût total à près d'un milliard d'euros. La somme est déjà provisionnée, promet l'énergéticien.

« Les provisions d’EDF sont parmi les plus basses de l’OCDE, sans filet de sécurité en cas d’écart sur les coûts », note, auprès de la Croix, Julien Aubert, député LR qui a présidé une mission d'information sur le démantèlement du parc nucléaire français. Il rappelle que la moyenne européenne tourne autour de 900 millions à 1,3 milliard d’euros par réacteur.

Ces dernières années, EDF a connu de nombreux dérapages financiers, dont le plus marquant est celui du chantier du réacteur EPR de troisième génération de la centrale nucléaire de Flamanville : celui-ci était attendu en 2012 et devait coûter environ 3,5 milliards d’euros. Il devrait en coûter plus du triple et n'être mis en activité qu'en 2023. Le démantèlement de Fessenheim et toutes ses étapes sont à lire dans la Croix.

Des pisseurs involontaires sur les marches du tribunal

Les pesticides, ils en ont jusque-là. En Bretagne, 29 « pisseurs involontaires de glyphosate » ont déposé plainte, mardi, contre des responsables politiques et institutionnels, des fabricants et des laboratoires.

Comme le raconte Actu-Environnement, après des tests réalisés en septembre 2019, les « pisseurs » ont tous et toutes retrouvé des traces de glyphosate, le célèbre herbicide de Monsanto, dans leurs urines. Elles et ils ont porté plainte pour mise en danger de la vie d'autrui, tromperie aggravée et atteintes à l'environnement auprès du tribunal de Quimper (Finistère). 

Comme eux, plus de 6000 autres « pisseurs » ont déjà déposé des plaintes similaires dans le cadre de la Campagne glyphosate, que mène le collectif éponyme depuis avril 2018. À lire dans Actu-Environnement.

Le passage (pas toujours évident) au bio

Pour des raisons de santé, écologiques ou économiques, un nombre croissant d'agriculteurs « conventionnels » se mettent au bio en FranceUne conversion pas toujours évidente, même lorsque l'on vient de l'agriculture raisonnée, comme Ludovic Riedinger. 

Chaque année, ce maraîcher implanté à Hoerdt (Bas-Rhin) convertit l'un de ses 40 hectares au bio : « Sur une petite exploitation sans salariés, vous pouvez serrer les dents deux années et basculer tout en bio. Moi, j’y vais petit à petit ».

Coût, bizarreries réglementaires, inertie financière... Les obstacles qu'il doit franchir sont nombreux. L'agriculteur raconte à 20 Minutes les difficultés qu'il rencontre et les choix qu'il a dû faire dans sa transition. 

Comme la sienne, plus de 41 000 exploitations sont engagées dans le bio en France, un chiffre en hausse de 13% entre 2017 et 2018, selon les données du ministère de l'agriculture. Fin 2018, 2 millions d’hectares étaient cultivés en bio soit 7,5 % de la surface agricole utile française. A lire dans 20 Minutes.

La fin des forages marins en France

Il y a de quoi se réjouir. Jeudi, le gouvernement a annoncé la fin des forages en mer en France, après que l'exécutif a refusé de prolonger le permis de recherches de « Juan de Nova Maritime Profond » : un projet pétrolier au large des Îles Eparses, situées entre le Mozambique et Madagascar. 

Après l'abandon du permis pour un projet similaire en Guyane en 2019, « il n’y aura donc plus, en France, de forage d’hydrocarbures en mer », ont promis les ministres Elisabeth Borne et Bruno Le Maire dans un communiqué. En 2017, une loi avait déjà interdit la délivrance de tout nouveau permis de recherche d'hydrocarbures en France. Mais celle-ci n'est pas rétroactive et ne s'applique pas aux demandes déposées plus tôt. Par ailleurs, 64 gisements pétroliers et gaziers sont toujours en exploitation aujourd'hui en France.

Hélas, dans le même temps, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, se rend au Mozambique ce samedi, où « des opérateurs français dont Total […] développent de larges projets gaziers, soutenus financièrement par la puissance publique à travers des financements export », dénoncent les Amis de la Terre. Chargée de campagne climat pour l'ONG, Cécile Marchand tance « l’écologie double face du gouvernement. Aujourd’hui, ils annoncent le refus de prolonger un permis de recherche […]. Demain, Jean-Yves Le Drian va au Mozambique pour défendre les intérêts de l’industrie fossile française ». A lire dans les Echos (AFP).

Gaz pour gaz, mazout pour mazout

Et si la planète se rebiffait et rendait les coups que les humains lui portent ? Les humoristes de Garlic Jackson comedy ont tenté d'imaginer à quoi ressemblerait la vengeance de la « Terre mère ». Et ce n'est pas joli à voir.