La quotidienne

Jaber le nord

Chères toutes et chers tous,

Pour ne rien rater de cette COP28 sur le climat hors-normes, abonnez-vous au compte Instagram de notre rédacteur en chef et envoyé spécial à Dubaï, Loup Espargilière juste ici. Au programme: vidéos des coulisses, décryptages et (bonnes) blagues.


Garder les fossiles pour ne pas revenir aux cavernes : cessez donc ces balivernes !


 

Israël-Hamas : quand la guerre s’invite avec fracas à la COP28

Alors que les bombardements ont repris à Gaza, la guerre est venue percuter l’entame de la COP28 à Dubaï, devenue le lieu de tractations entre États et de protestations de la société civile internationale. 

La société civile réclame un cessez-le-feu immédiat

«Essam Hani Essam Saqallah, 7 ans». Dimanche matin, massé·es derrière le message «Cessez-le-feu» peint aux couleurs de la Palestine (et des Émirats) sur une banderole, une poignée d’activistes scande les noms d’enfants et personnes âgées tuées à Gaza, devant la foule qui pénètre peu à peu le site de la COP28.

Au centre, Tariq Luthun, activiste écologiste américano-palestinien et porte-parole de la Coalition COP28, bannière sous laquelle sont rassemblées de nombreuses associations pendant le sommet. «On ne peut pas parler de justice climatique sans parler de droit humanitaire, de droits humains et du droit des gens à vivre pleinement, en sécurité et dans l’autodétermination», explique-t-il à Vert. Il ajoute : «Chaque jour, j'espère que nous parviendrons à un cessez-le-feu et que nous mettrons fin à ce siège».

Dimanche matin, en compagnie d’autres activistes de la Coalition COP28, Tariq Luthun scande les noms d’enfants et personnes âgées tuées à Gaza pour réclamer un cessez-le-feu. © Loup Espargilière / Vert

Depuis le lancement de la COP, la société civile donne de la voix pour appeler sans relâche à la paix. «Il est de notre devoir, en tant que protecteurs de la Terre mère et des humains, de prendre la parole pour demander un cessez-le-feu et la fin de l'occupation», pressait, dès la veille de l’ouverture, Rania Harrara, membre de l’association Taskforce féministe des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (Mena feminist taskforce) lors d’une conférence de presse de la Coalition COP28. Car à Gaza, «les gens n'ont pas accès aux droits humains de bases, à une eau propre, un air pur et de la nourriture». L’ONU a récemment alerté sur le fait que 96% de l’eau de la seule nappe de Gaza était «impropre à la consommation humaine».

«La guerre en Palestine doit cesser maintenant. L’occupation doit cesser. Il ne peut y avoir de paix sans justice. Il ne peut y avoir de justice climatique sans droits humains», a aussi exhorté Tassneem Essop, directrice générale du vaste Réseau action climat international (CAN), qui représente des centaines d’ONG du monde entier.

La suite de l'article où il est question des secousses diplomatiques est à lire sur vert.eco

· Vendredi, le Conseil d’État a confirmé l’utilité publique du projet d’enfouissement des déchets radioactifs Cigéo à Bure (Meuse), déclarée en 2022 et contestée par une trentaine d’associations. La création du centre de stockage dépend encore d’une demande d’autorisation déposée en janvier 2023 auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire et dont la réponse n’est pas attendue avant 2027. - Le Monde (AFP)

· Vendredi encore, des essais techniques réalisés sur le site des épreuves de surf des JO 2024 à Teahupoo, en Polynésie, ont entraîné la destruction de coraux, relançant la polémique autour de la tenue de la compétition à cet endroit (notre article). Une vidéo partagée par des associations montre que la barge prévue pour l’installation de la tour d’arbitrage se bloque sur des récifs coralliens et les brise sur son passage. Le président polynésien, Moetai Brotherson, a annulé sa visite sur le site et suspendu les travaux, qui devaient commencer ce lundi. - Polynésie la 1ère

· Dimanche, entre 20 000 et 25 000 personnes ont participé à une marche pour le climat à Bruxelles (Belgique) en parallèle de la 28ème conférence mondiale (COP28) sur le climat qui a lieu en ce moment aux Émirats arabes unis. La manifestation, organisée par la Coalition climat qui fédère près de 100 associations et syndicats belges, réclamait en particulier «l’isolation de nos maisons, le renforcement des transports publics, la réduction de la pollution, l’amélioration de la qualité de l’air, la protection de la nature et la durabilité de notre industrie». - RTBF

 


– Sultan Al-Jaber, président de la COP28

Oh Jaja, y’a pas moyen Jaja. Lors d’une réunion en ligne le 21 novembre captée en vidéo, le président de la COP28 sur le climat, Sultan Al-Jaber, a déclaré qu’il n’existait «aucune science» montrant qu'une élimination progressive des combustibles fossiles était nécessaire pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, a révélé le journal britannique The Guardian. Pour lui, la sortie des fossiles risquerait de nous ramener «au temps des cavernes». Des propos qui «frisent le déni climatique», a réagi Bill Hare, directeur de l’ONG Climate Analytics. Les scientifiques du Giec sont formels : la fin des fossiles urge. La captation de carbone, brandie à tout-va par les États et les compagnies pétrolières comme ExxonMobil, est une solution marginale et ne pourra concerner que les émissions qui ne peuvent être supprimées. Un message qu’a encore rappelé le chef de l’ONU, Antonio Guterres, vendredi, à Dubaï : «Nous ne pouvons pas sauver une planète en feu avec une lance à incendie de combustibles fossiles».

Du blé pour le climat. Ce weekend, les annonces ont fusé tous azimuts à la tribune. Parmi ce florilège, 134 dirigeants se sont engagés à intégrer l'alimentation et l'agriculture dans leurs plans nationaux de lutte contre le changement climatique, un texte proposé par la présidence de la COP28 mais qui ne mentionne pas le rôle des fossiles. Les États-Unis ont annoncé une contribution de 3 milliards de dollars au fonds vert pour le climat qui finance l’atténuation et l’adaptation dans les pays du Sud. Les Émirats arabes unis et diverses fondations ont mis sur la table 777 millions de dollars (715 millions d’euros) pour lutter contre les maladies tropicales, accentuées par le dérèglement climatique. Les Émirats arabes unis, encore, ont lancé un fonds privé géant pour le climat de 30 milliards de dollars (28 milliards d’euros) qui sera présidé par Sultan Al-Jaber.

Atomes crochus. Samedi encore, vingt-deux pays, dont la France, les Émirats arabes unis et les États-Unis, ont appelé à tripler la capacité de production d’énergie nucléaire à l’échelle mondiale entre 2020 et 2050. Le même jour, 118 États se sont engagés à collaborer, de manière non contraignante, pour tripler la capacité des renouvelables dans le monde d’ici à 2030. Ces engagements visent à réduire la dépendance aux énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), qui sont au cœur des débats à la COP28.

Bogotadam. La Colombie, qui figure parmi les plus importants producteurs de pétrole au monde, est devenue, samedi, le premier État continental à rejoindre la coalition pour un traité de non-prolifération des énergies fossiles initiée par de petits pays insulaires. Inspiré du texte du même nom sur les armes nucléaires, ce traité est notamment soutenu par le Parlement européen, l'Organisation mondiale de la Santé et de grandes métropoles.

Chaque remise de prix est accompagnée d’une cérémonie particulièrement loufoque. © Loup Espargilière / Vert

Le fossile te plaît ? Dimanche, le Réseau action climat international (CAN) - qui représente 2 000 organisations à travers la planète - a décerné ses premiers trophées de «fossiles du jour». Chaque jour, un ou plusieurs pays seront ironiquement récompensé·es pour leurs déclarations ou leurs actions les plus sales envers le climat. Les premiers lauréats sont les États-Unis, qui n’ont promis qu’une poignée de millions de dollars pour réparer les pertes et dommages des pays vulnérables ; le Japon, qui se présente comme un champion de la transition écologique tout en voulant continuer à développer le charbon et la Nouvelle-Zélande, dont le nouveau gouvernement revient sur la promesse de respecter ses peuples autochtones et rouvre les eaux à l’exploitation du gaz et du pétrole.

Les bonnes nouvelles de Gaëtan

Armé d’une pelle, d’une balayette et d’un sens du rythme inégalé, Gaëtan Gabriele nous apporte de bonnes nouvelles pour bien commencer la semaine. Direction Dubaï, le Panama, la Colombie et l’Australie ! 

© Vert

+ Gaëtan Gabriele, Jennifer Gallé, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro