La quotidienne

Houille houille houille

Dans le pays des cataclysmes, on continue de charbonner contre le climat.


Le déluge après les incendies : la nouvelle norme en Australie

Les sept plaies climatiques. Un an après avoir été ravagé par des incendies hors-norme, le sud-est de l'Australie est sous l'eau comme jamais depuis des décennies

En fin de semaine dernière, deux tempêtes massives ont convergé au-dessus de la côte est du pays. Faisant tomber des pluies torrentielles qui ont entraîné l'évacuation de plus de 18 000 personnes (CNN). Au sud-est du pays, de larges parts de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud (qui borde la ville de Sydney) sont toujours sous l'eau. Dans la ville de Windsor, le tout nouveau pont anti-crue bâti quelques mois plus tôt a été entièrement submergé, raconte le New York Times. Troncs d'arbres, voitures et maisons dérivent au gré du courant. « Dans les endroits de l'Etat qui ont été touchés le plus durement, les crues sont à un niveau atteint une fois par siècle », a déclaré Gladys Berejiklian, première ministre de l'Etat. 

Les images spectaculaires des inondations en Nouvelle-Galles du sud © CNN

Le sud-est du pays se remet toujours péniblement de ses brûlures, après avoir été ravagé pendant huit mois (entre 2019 et 2020) par des incendies-monstres, qui pourraient avoir tué plus d'un milliard d'animaux (Libération). La nouvelle norme dans un climat qui se dérègle : voilà ce qu'est peut-être en train de découvrir l'île-continent. 

L'aggravation des interminables sécheresses qui rendent la végétation abrasive et des pluies diluviennes sont deux conséquences du même phénomène. Considéré comme l'un des points chauds (hotspots) du bouleversement du climat, l'Australie est un lieu d'observation avancé. 

Elle figure également parmi les principaux contributeurs au changement climatique. A sa tête, le climato-sceptique Scott Morrison est un ardent défenseur de l'exploitation du charbon, dont le pays est le premier exportateur mondial. « Il s'agit d'une nouvelle épreuve pour notre pays », a commenté le premier ministre conservateur lors d'une interview à la radio locale de Sydney 2GB. Se refusant toutefois à établir un lien entre les désastres à répétition et la crise climatique. 

• Mardi, l'association Respire a annoncé avoir porté plainte contre la RATP pour « tromperie aggravée et blessures involontaires ». La régie des transports parisiens est accusée de ne pas lutter efficacement contre la pollution de l'air dans les couloirs du métro. « A titre d’exemple, dans la station Châtelet, les valeurs mesurées par la RATP elle-même dépassent presque tous les jours 50 µg/m3 pour les PM10, soit la valeur d'un pic de pollution en extérieur », indique l'association dans un communiqué

• Le préfet du Rhône vient de placer les nappes d’eaux souterraines de la métropole de Lyon et du département en « vigilance sécheresse »« La recharge hivernale n’a pas été suffisante pour rétablir une situation normale après cinq années (2015 à 2020) caractérisées par un déficit pluviométrique continu », indique la préfecture. - 20 Minutes

Les mines de charbon sont aussi des puits de méthane

Charbon hyperactif. C'est un fait méconnu : l'extraction de charbon peut avoir un impact climatique aussi néfaste que sa combustion

Lorsqu'il est brûlé, le charbon produit d'immenses quantités de dioxyde de carbone (CO2), davantage encore que le gaz et le pétrole. Mais ce n'est pas tout. Comme le rappelle un récent rapport de l'ONG spécialisée Global energy monitor (GEM), le minage de ce combustible libère massivement du méthane (CH4), un puissant gaz à effet de serre. En 20 ans, celui-ci réchauffe 86 fois plus l'atmosphère que le CO2. A l'échelle du globe, cette activité génère 9% des émissions totales de méthane.

Des conduits d'aération des mines aux aires de stockage, 40 millions de tonnes de méthane gagnent chaque année l'atmosphère (AIE). Les émissions de méthane des mines les plus polluantes auraient autant d'impact sur l'effet de serre que la combustion du minerai qui en est extrait, indique encore le GEM. 

Une mine de charbon dans la vallée de Hunter, en Nouvelle-Galles du Sud (Australie) © Jeremy Buckingham

Le méthane ainsi dégagé alourdit le bilan carbone de la filière charbon de 20 % supplémentaire en moyenne sur 20 ans d'exploitation. Même abandonnée, une mine de charbon continue à émettre du CH4 pendant des dizaines d'années.

Le pire reste à venir. 432 sites miniers en construction ou en projet devraient émettre quelque 13 millions de tonnes de méthane supplémentaires chaque année, a calculé le GEM. Soit 30 % de plus qu'aujourd'hui. En moyenne, au cours des 100 prochaines années, ces nouvelles mines seraient responsables de 378 millions de tonnes d'équivalent CO2 par an (indice qui calcule les équivalences entre gaz à effet de serre). Soit davantage que les émissions annuelles d'un pays comme l'Espagne. 

En tête de classement, les mines chinoises, déjà émettrices de 18 millions de tonnes de CH4 en 2020. Auxquelles il faudra ajouter chaque année 6,8 millions de tonnes supplémentaires si les 140 mines en cours de développement voient le jour.

Des kits de graines pour fleurir les rues

C'est jonquille. La métropole de Nantes met 7 500 sachets de graines à disposition de ses habitant•e•s pour leur permettre de fleurir leur rue

Au pied des arbres, dans les plate-bandes, ou dans les fissures des rues : il n'y a jamais trop de fleurs en ville. En plus de donner des couleurs au béton, celles-ci attirent les insectes pollinisateurs et bénéficient à l'ensemble du vivant.

Depuis lundi et jusqu'au 23 avril, de nombreuses mairies de l'agglomération nantaise mettent des « kits » de graines à disposition de leurs administré•e•s. Chaque foyer peut se voir remettre un sachet constitué d'un panachage de semences locales peu gourmandes en eau, telles que des coquelicots, centaurées, bleuets, campanules, giroflées, et d'autres. Ils contiennent également un guide pour réussir ses plantations avec un peu de terreau et d'huile de coude, comme le résume cette vidéo

Baptisée « Ma rue en fleurs », l'opération a été initiée en 2013. Une nouvelle distribution aura lieu en septembre prochain. 

Une araignée au siphon

Dans le pays des animaux extrêmes, les récentes crues qui ont englouti le sud-est de l'Australie ont eu certaines conséquences peu ragoûtantes. A la recherche d'un abri contre la montée des eaux, des nuées d'araignées ont gagné les maisons encore émergées, comme le montre cette compilation du Guardian.

© The Guardian

+ Tristan Saramon a contribué à ce numéro.